Le bug de l’an 2000 Béthune

Monsieur le Président ouvre la réunion en remerciant Monsieur Jacques VILLEDARY, Président de la Communauté de Communes du Béthunois, d’avoir bien voulu accueillir la Commission Technique Risques dans l’Hôtel Communautaire. Il rappelle qu’une première réunion de la Commission Technique Risques a déjà eu lieu le 21/04/99 sous forme d’un groupe de travail chargé d’élaborer des propositions d’objectifs et d’actions à mettre en ’uvre par la Commission Technique Risques.

Aujourd’hui, dans un premier temps, il sera traité un sujet d’actualité : le bogue informatique de l’an 2000.

Pour ce faire, ont bien voulu apporter leur concours et je les remercie :

Monsieur Thierry TROUVE, Ingénieur en Chef des Mines de la DRIRE Nord Pas-de-Calais,
Monsieur Patrick BERGERON, Responsable An 2000, de la société BP CHEMICALS à Wingles,
Monsieur Christian CHWEDURA, Responsable Systèmes Informatiques, d’ENERGIE France NORD,
Monsieur Michel DAUCHY, Responsable An 2000 de la branche clients, et Monsieur Guy DELABY, Directeur de l’Unité d’Exploitation du Réseau, de France TELECOM. 

Bug de l’an 2000 : Examen des problèmes liés au passage à l’An 2000 et de leurs répercussions sur la sécurité des entreprises

Monsieur Thierry TROUVE Ingénieur en Chef des Mines de la DRIRE Nord Pas-de-Calais

Monsieur Thierry TROUVE commence par quelques rappels techniques sur ce qu’est le bogue de l’an 2000 et ses conséquences puis quelques mots sur les actions de l’Etat et en particulier sur celles de la DRIRE. Tout le monde connaît la cause du bogue de l’an 2000. Il s’agit de codages sur deux caractères de l’année par les informaticiens à l’époque où la mémoire coûtait cher.
Pourquoi ont-ils continué à avoir cette démarche là ? Parce que l’on empile des couches de logiciels et on a tendance à réutiliser les choses qui ont été faites sans les refaire complètement. Pour économiser, on utilise encore dans les systèmes actuels des logiques qui ont été développées il y a vingt ans. Les conséquences sont multiples car les systèmes qui gèrent les dates sont partout, il y a de l’informatique et de l’électronique partout. Finalement, ça se traduit par des disfonctionnements sur les dispositifs les plus divers et les plus variés. Souvent on pense que le problème ne se pose qu’à la fin de l’année, c’est une erreur. Le bogue s’est déjà manifesté sur les dates d’expiration de cartes bleues : les machines de certains commerçants refusaient de lire les cartes dont la date d’expiration était de 2000. La machine estimait que la carte bleue était périmée depuis un siècle et donc ils ont du mettre à jour leur système. Il faut savoir aussi que la société KODAK a, il y a quelque temps, mis au rebus des lots entiers de pellicules neuves dont la date d’expiration était 1900.

Quelques dates posent problèmes :
 le 9 septembre 1999, car 9999 est un repère pour certains informaticiens utilisé comme symbole de fin de fichier, de fin de programme.
 Le 31 décembre 1999 et le 1er janvier 2000 posent problème.
 Le 29 février 2000 pose problème dans la mesure où l’année 2000 est une année bissextile alors que l’année 1900 n’était pas bissextile et donc les ordinateurs passant en 1900 passerait directement au 1er mars à ce moment là.

Ceci n’est pas exhaustif mais il faut savoir que le problème se pause avant et après l’an 2000.
Les systèmes concernés sont l’informatique de gestion (matériels et logiciels) et l’informatique industrielle.
Il faut savoir aussi que ce n’est pas parce que la date n’apparaît pas sur un dispositif qu’il n’y a pas de risques.
Le risque d’effet domino est important, c’est à dire qu’un système peut fonctionner correctement mais si il est interconnecté avec un système qui lui ne fonctionne pas, le disfonctionnement du 2ème système peut occasionner un disfonctionnement dans le 1er système. Comme nous vivons dans un monde qui est de plus en plus interconnecté, il faut prendre garde aux disfonctionnements des autres équipements également. EDF ne craignait pas trop pour le réseau français mais plutôt pour le réseau belge.
La compatibilité an 2000 est relativement complexe. Il n’y a pas de définitions, de normes qui existent pour définir la compatibilité an 2000. Il existe un certain nombre de recommandations d’instituts. En voici les principales :
 Aucune valeur dans les gestions des dates n’occasionne de gène dans les opérations. On doit être sûr que les machines ne s’arrêtent pas.
 Le système interprète correctement les dates, l’année 2000 n’est pas confondue avec l’année 1900.
 Il faut que les définitions de la date soient explicites dans le système. Il y a un certain nombre de systèmes qui sont compatibles an 2000 mais continuent à coder l’an 2000 sur deux caractères, tout simplement, ils changent de date pivot. Au lieu de partir du début du siècle, ils partent de 1980 et raisonnent en +1, +2, +3. Si cette convention n’est pas prise de manière explicite, il peut y avoir des problèmes aux interfaces entre systèmes.
 L’an 2000 est une année bissextile contrairement à l’année 1900, il est nécessaire de vérifier que le 29 février est bien pris en compte.
On peut considérer qu’un système est totalement compatible si il remplit ces quatre conditions.
A l’inverse, on peut avoir des systèmes qui sont partiellement compatibles an 2000 sans pour autant être complètement incompatibles.
Un point important : selon cette règle n ? 3, on peut avoir deux systèmes compatibles an 2000 pris isolément qui, globalement, si ils sont interconnectés, ne seront pas compatibles.

Les remèdes possibles selon les cas :
 Le plus simple c’est le contournement manuel, si il ne fonctionne pas, on met en place un fonctionnement manuel.
 On applique un correctif logiciel notamment sur un logiciel du commerce. Ces correctifs, appelés patchs, sont en général disponibles sur Internet. On ajoute au logiciel ces correctifs pour le rendre compatible an 2000.
 A partir d’un logiciel que vous avez fait faire pour vos propres besoins : dans ce cas là, vous pouvez demander à celui qui vous l’a fait d’y appliquer une correction ponctuelle. C’est en général assez délicat car il faut bien connaître ce logiciel.
 Remplacer complètement le système, quand c’est possible.

Il faut savoir qu’un certain nombre de systèmes, en particulier le matériel informatique, ne sont pas complètement compatibles mais un petit peu quand même dans le sens que si vous l’éteignez au moment du changement de siècle, quand vous le rallumerez la date sera bonne. Si vous le laissez allumé au moment du changement de siècle, il sera en 1900 et non en 2000. Il est donc recommandé pour tous les matériels présentant un doute pouvant être arrêté le 31 au soir de le faire. Cela est valable pour les équipements n’assurant pas de permanence dans les entreprises.

Les conséquences du bogue de l’an 2000 :
Elles sont multiples et variables car elles peuvent toucher à tout un tas de fonctions diverses qui se trouvent dans toutes les organisations.
3 types de conséquences :
 des gènes diverses sur le fonctionnement d’une organisation. Des fonctions particulières vont se mettre à dis fonctionner, on va faire ce qu’il faut pour la contourner et pour mettre en place un traitement manuel.
 Beaucoup d’entreprises rencontrant des problèmes auront une diminution de quelques points de croissance en début d’année.
 Des problèmes en terme de sécurité des biens et des personnes. Systèmes d’alarme en panne peuvent laisser la place aux cambrioleurs. Tous les problèmes d’environnement et de sécurité industrielle peuvent avoir une conséquence sur la sécurité des personnes.

Le côté juridique de l’affaire doit également être considéré.
La première question est : tout cela va coûter cher, qui va payer ces mises à niveaux ? aujourd’hui ce qui est sûr, c’est que personne ne le sait.
Par contre, qui va payer en cas de sinistre, c’est un peu plus clair.
Au niveau des assurances, on est à peu près certain qu’elles ne payeront pas parce qu’elles assurent par définition des événements aléatoires. Un chef d’entreprise qui n’a rien fait pour le passage à l’an 2000, c’est comme si il se jetait du haut d’un pont. Il est sûr de se retrouver en bas. Ne seront éventuellement couverts par les assurances, que les entreprises qui seront en mesure de prouver qu’elles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter le bogue de l’an 2000. C’est extrêmement important et ça rappelle un certain nombre de recommandations à l’égard des acteurs économiques quant aux précautions à prendre.

Des précautions sont donc à prendre :
 Traçabilité des actions entreprises. Il est impératif que tout ce qui est fait dans l’entreprise pour se prémunir du bogue en terme d’inventaire, de recensement, d’interrogation des fournisseurs soit tracé et conservé par écrit précieusement de manière à ce qu’éventuellement en cas de contentieux, on ait les éléments pour se défendre vis à vis des fournisseurs ou des assurances.
 Analyser les contrats existants que ce soit avec les fournisseurs ou les assurances.
 La responsabilité pénale à l’échelle de l’entreprise est en jeu en cas d’accidents du travail, de dommages à l’environnement, des dommages dans le cas d’installations à risques. Si il s’avérait qu’un industriel n’avait pas pris toutes les précautions pour se prévenir de ce problème, sa responsabilité pénale serait effectivement recherchée.

La DRIRE est concernée à double titre : en interne comme toutes les structures représentées ici, et dans le cadre de ses différentes activités :

Activité Environnement :
 Tous les sites soumis à P.O.I. (Plan d’Opération Interne) et P.S.S. (Plan de Secours Spécialisé) ont été interrogés pour demander quelles sont les dispositions prises. Les réponses obtenues sont dans l’ensemble rassurantes : des mesures et plans d’action ont été mis en place.
 Sur un plan plus large, pour les 1800 installations classées de la région soumises à autorisation, la DRIRE a adressé récemment un courrier pour leur rappeler l’importance de ce problème vis à vis de l’environnement et qu’elles avaient à le traiter.
 Concernant les stations de relevage des eaux dans le bassin minier dont un arrêt pourrait être à l’origine d’inondations, CDF (Charbonnages De France) a précisé avoir pris les mesures nécessaires.
 La DRIRE suit également l’action des quatre réseaux de surveillance de la pollution atmosphérique, en particulier celle de l’AREMARTOIS. Il ressort que leur système informatique ne passe pas l’an 2000. Des mesures de correction ont été entreprises.

Pour le nucléaire :
La question est traitée au niveau national avec la Direction de la Sûreté des Installations nucléaires. A la Centrale de GRAVELINES, les mesures nécessaires ont été prises.

Au plan économique et de manière plus large :
 Depuis mi 1998 lors de chaque contact et visite d’entreprise, ce point est systématiquement développé avec les industriels.
 Organisation ou participation à des réunions de sensibilisation de PMI ou de relais (CCI, CGPME, ’) : les résultats sont assez décevant, car on a peu de public et on a l’impression que beaucoup de PME/PMI n’ont pas pris le problème à bras le corps.
 La DRIRE a participé à une action collective, c’est une originalité régionale conduite en liaison avec l’ADEPA (Agence de la Productique) et la CRCI, ainsi que des consultants informatiques, des avocats du barreau de LILLE et des personnes du monde de l’assurance : cette action vise à sensibiliser les entreprises via les consultants qui leur donnent des informations à caractère technique et juridique et également on subventionne l’intervention de cabinets conseils qui vont aider des entreprises à mettre en place la méthodologie de traitement du bogue de l’an 2000. Il s’agit de les aider à mettre en place une méthode de travail.
 La DRIRE a également participé à la caravane an 2000 qui est resté pendant trois jours dans la région et qui a touché le grand public et les entreprises.
 Nous travaillons également avec les préfectures où le passage à l’an 2000 est pris très au sérieux.

En conclusion, on commence à observer aujourd’hui une réaction de tout un tas d’acteurs, qui se rendent compte qu’ils n’ont pas fait ce qu’il faut et ont tendance à dire que ce n’est pas de leur faute mais de celle des fournisseurs.
Sur le plan psychologique, on peut se demander quelles seront les réactions des populations en fin d’année vis à vis des manifestations de ce bogue selon que ces manifestations seront mineures ou qu’elles seront plus importantes.

Monsieur le Président demande si la DRIRE a une idée des risques qui étaient apparus et des investissements qu’il était nécessaire de réaliser pour les entreprises classées SEVESO ou présentant des risques particuliers au niveau industriel.

Monsieur TROUVE répond que le questionnaire ne portait pas sur les aspects économiques. Il n’a pas demandé aux entreprises quelles étaient les dépenses réalisées dans ce domaine là. Il faut souligner que les risques sont relativement limités parce que la plupart des équipements sont en sécurité positive.

Monsieur le Président explique qu’il a visité la Société SCHENECTADY, qui est une entreprise classée SEVESO, et qu’ils ont investi plus d’un million de Francs sur le risque pour le bogue de l’an 2000 et cela concernait la gestion de leurs comptes clients, donc pas sur les processus industriels (à titre d’indication).

Monsieur Thierry TROUVE indique que les enquêtes réalisées au niveau national montrent que 50% des PME n’ont pas fait ce qu’il faut pour le passage à l’an 2000. Il y a donc quelques inquiétudes à avoir, mais pas au niveau de la sécurité industrielle.

Monsieur Jacques NAPIERAJ fait part de ses inquiétudes à propos des logiciels vendus encore récemment et qui ne sont pas compatibles avec l’an 2000 ; en particulier, ceux de Microsoft qui il y a quelques mois encore n’était pas conforme (WINDOWS 95).

Monsieur Thierry TROUVE confirme que les logiciels Microsoft les plus courants comme WINDOWS 95 & 98 ne sont pas, aujourd’hui, complètement compatibles an 2000. Mais Microsoft a annoncé qu’il sortait des ? patchs ’, des ? rustines an 2000 ? pour compléter ces logiciels. Par exemple celui du pack office 97 est gratuitement téléchargeable sur Internet. Par contre celui de WINDOWS 95 n’est toujours pas sorti bien qu’annoncé.

Monsieur le Président interroge les Sapeurs Pompiers sur le passage à l’an 2000, sont-ils prêts ’

Monsieur Jean-Paul BACQ répond que les transmissions des alertes devraient se faire mais que les équipements informatiques individuels ne sont pas sûrs à 100%. Au niveau de la Direction Départementale, le service transmission informatique y travaille.

Monsieur Michel THOMAS précise que la réactivité des industriels face au problème du passage à l’an 2000 est d’autant plus grande que l’informatisation de leurs procédés est plus grande. Chaque fois que cette informatisation a cru, on a examiné comment on pourrait passer l’an 2000. Beaucoup d’entreprises et leurs sièges sociaux ont mis en place des journées de répétition : c’est à dire qu’ils ont déjà testé le passage à l’an 2000 en ayant fait une séance an 2000. Durant la nuit du 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000, il y aura des équipes de secours et un certain nombre de personnes supplémentaires qui seront prêts à intervenir.

 ? Exposé de Monsieur Patrick BERGERON, Responsable An 2000, de l’usine BP CHEMICALS de WINGLES.Monsieur BERGERON rappelle que l’usine de WINGLES est un site chimique appartenant au groupe BP-AMOCO où l’on fabrique du polystyrène.
Pour combattre le bogue de l’an 2000 à WINGLES, l’usine BP a commencé en 1997. Un projet s’est mis en place suivi de la direction du site à la direction du groupe. Ce projet a pour de faire passer le cap de l’an 2000 au groupe BP, dans un souci de santé, sécurité, environnement. Le Président du groupe a demandé à chaque site de rapporter l’état du projet chaque mois. De plus, les sites font régulièrement des audits pour motiver à nouveau si besoin est.
1999 a été l’année de fusion des projets an 2000 entre les groupes BP & AMOCO.
Pour le déroulement du projet, il ressort trois points essentiels :
1 Lister les équipements concernés, faire l’inventaire (investissement en temps considérable).
2 Vérifier si chaque point est compatible an 2000.
3 Corriger les non conformités relevées.

Inventaire :
L’inventaire du site comprend deux chapitres :
 les équipements, principalement le matériel puis, on contrôle nos procédés, nos automates également, les instruments, les équipements électriques, les laboratoires de qualité & de recherche, le matériel informatique, les applications informatiques, tous les outils de communication (téléphone, radios, ’) et les ascenseurs, ’
 Les services d’entreprises extérieures comprenant nos fournisseurs de matières premières, les transporteurs et d’autres services.

Une fois cet inventaire terminé, on attaque la deuxième étape qui nécessite également beaucoup d’investissement en temps. Il s’agit de vérifier la conformité de tous ces points.

La conformité à l’an 2000 :
Elle est d’abord vérifiée en interne par BP AMOCO. Cela correspond à certains logiciels qui pourraient poser problème.
Ensuite il y a les vérifications auprès des fournisseurs. On leur demande de certifier qu’ils sont conformes. Ils n’étaient pas très pressé de répondre au début.
La troisième manière de vérifier la conformité est de tester les équipements, c’est à dire passer à l’an 2000 en effectuant une simulation. C’est peu utilisé car ce n’est pas facile.

Les corrections :
Le groupe BP AMOCO avait fixé des objectifs : fin mars 1999, tous les points critiques devaient être corrigés et fin septembre 99 d’avoir tout corrigé de façon à ce que l’on puisse aborder l’automne sereinement.
A WINGLES, les gros points qui ne fonctionnaient pas étaient les contrôles de procédés où on a pu changer les versions de logiciels. C’est surprenant de la part de logiciels vendus récemment que le bogue n’ait pas été intégré.

Les plans de secours :
Comme on est jamais sûr à 100% de l’inventaire et des corrections, on développe des plans de secours qui permettront de limiter la casse au cas où un problème arriverait.
On va plus loin en développant des plans de transition pour la nuit du 31/12 au 01/01 et qui définissent ce que l’on va faire juste au moment du passage à l’an 2000.
Quelle est la méthode ?
 Lister les risques, passer en revue tout ce qui peut arriver dans l’usine.
 Evaluer la probabilité pour que ces équipements présentent un danger.
 Evaluer l’impact sur la santé, la sécurité.
Ensuite, suivant la probabilité et l’impact, on élabore ou non un plan de secours.

Les plans de transition :
Il faut lister ce que l’on doit arrêter, surveiller et tester pour prévenir les défaillances.
Quelles seront les ressources nécessaires en cas de problème ?
A WINGLES, on a donc prévu d’arrêter ou diminuer le débit de l’atelier de la production de polystyrène pour garder une marge en cas de problème.
Il y aura évidemment des personnes qui seront d’astreinte, probablement d’astreinte à domicile. Nous avons déjà, dans le cadre du fonctionnement normal, des équipes d’urgence qui seront donc renforcées par des spécialistes dans chaque domaine.

Pour conclure, BP prend en compte ce problème car il est important et n’est pas à négliger. Il faut s’y préparer à l’avance, bien faire son inventaire, faire sérieusement ses modifications mais à l’opposé il ne faut pas non plus faire de fixation sur ce problème. Et puis il ne faut pas s’affoler et céder à la panique.

Monsieur le Président demande s’il existe encore des zones d’ombre quant à ce passage à l’an 2000 ? Est-ce qu’il subsiste des incertitudes ?

Monsieur Patrick BERGERON répond qu’en tant qu’industriel, les gros problèmes sont le contrôle de procédés et les automates. Ces équipements ont été vérifiés.
Tout cela à coûté en temps, 50 % du temps de travail de Mr BERGERON depuis un an plus d’autres personnes. En argent, entre 1 et 2 millions de Francs. Cet argent est uniquement consacré à vérifier.

Madame Claire MESUREUR s’inquiète des conséquences potentielles, non en matière de production ou économique, mais sous l’aspect risques industriels en cas de mauvais fonctionnement au 31 décembre.

Monsieur Patrick BERGERON précise qu’en quelque sorte les risques du bogue chez BP peuvent arriver tous les jours (exemple : une coupure d’électricité), donc il n’y a pas eu d’identification de nouveaux problèmes. La différence avec le passage à l’an 2000, c’est que tout peut arriver en même temps (plus d’électricité, plus de téléphone). L’identification des risques industriels est faite couramment dans le cadre des études de dangers.

Madame Claudine CAUDRON souhaiterait connaître les risques pour la population environnante

Monsieur Patrick BERGERON explique qu’au vu des procédés chimiques, les plus gros risques sont des risques d’incendie mais ils sont couverts par les procédures de sécurité utilisées tous les jours. Des équipes d’urgences 24h/24 toute l’année sont prêtes à intervenir en cas de problème.

Monsieur Jean-Yves BURET, en tant que directeur de la grande Paroisse, explique que les éléments essentiels qu’ils ont pu changer étaient liés au fonctionnement de l’informatique de logistique et de l’informatique de gestion. Ils ont profité de cet événement pour moderniser leur outil très en amont et pour modifier les systèmes de gestion. Les systèmes de commande et de prévention des risques industriels sont des systèmes qui sont éprouvés, qui sont contrôlés, qui sont analysés avec la DRIRE.

Monsieur le Vice-Président propose de continuer la réunion avec l’exposé d’ENERGIE France NORD.

 ? Exposé de Monsieur Christian CHWEDURA, Responsable Systèmes Informatiques, chez EDF ENERGIE France NORD.

Monsieur CHWEDURA précise qu’ENERGIE France NORD est une unité d’EDF. Il y a 14 unités ENERGIE en France. ENERGIE France NORD couvre les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme et de l’Aisne. Elle exploite et maintient deux centrales de production thermique, à BOUCHAIN et à DUNKERQUE. Elle exploite et maintient également le réseau haute tension et très haute tension des départements précédemment cités.
Monsieur CHWEDURA est auditeur interne et responsable du système d’information et du passage à l’an 2000 de l’unité ENERGIE France NORD.
Les enjeux
 Le premier risque pris en compte dans nos études était la sécurité des personnes, que ce soit des tiers, des clients, des entreprises sous-traitantes ou le personnel travaillant à EDF.
 Le deuxième enjeu, c’est la continuité du service, la sûreté du système électrique et la continuité de l’alimentation de la clientèle.
 Le troisième enjeu, c’est la pérennité de l’entreprise que ce soit en terme financier ou en terme d’image de marque d’EDF.

Les impacts :- Tous les process industriels, toute l’informatique industrielle qui travaille en temps réel (contre commande, protection, automatisme).
 Les télécommunications (la phonie, messagerie).
 L’informatique de gestion dont l’enjeu est quelque peu moins important (cela ne touche pas la sûreté de l’alimentation électrique).
 L’informatique embarquée, c’est la logistique avec les ascenseurs, les systèmes d’incendie, d’alarme, toute l’informatique qui permet de gérer les bâtiments.

Le budget :
Pour l’ensemble d’EDF, le budget est d’environ 600 millions de Francs. A titre comparatif, le budget informatique d’EDF est de 5 milliards de Francs. Les correctifs pour l’an 2000 vont coûter aux alentours de 600 millions de Francs, en dehors de la préparation de crise pour le passage à l’an 2000 que nous sommes en train de mettre en place.
Pour ENERGIE France Nord, le budget est d’environ 2,5 millions de Francs.

Une démarche en deux phases :
4 La phase corrective est celle qui s’attache à la technique, au matériel (inventaires des systèmes, études d’impacts et les correctifs éventuels).
5 La phase maîtrise des risques est en phase de montage. Malgré toutes les précautions prises, on imagine le pire (disfonctionnements, incidents), on imagine que l’on perde le réseau d’électricité français. EDF est en train de se préparer à cela. On cherche à mettre en place des procédures et des organisations des hommes pour minimiser à tout prix les risques liés aux enjeux de la sécurité des personnes et la sûreté des systèmes électriques et bien entendu la sûreté nucléaire. C’est ce qu’on appelle la préparation du jour J, c’est à dire le dispositif de crise.

Risques liés au passage de l’an 2000 :
Les risques internes sont normalement réglés dans la phase corrective.
Les risques externes concernent ceux des fournisseurs avec qui EDF travaille.

Risques ordinaires :
Les risques ordinaires peuvent être amplifiés par le passage à l’an 2000. Le 1er janvier 2000 devrait se passer normalement chez EDF. Mais tout problème occasionné par le passage sera amplifié par la population et les médias.
Fin juin, la phase corrective est théoriquement achevée chez EDF. On se donne en butée le 31 août.

Dispositif de crise :
Le 31 décembre aux alentours de minuit :
Trois niveaux de crise :
1 Avant le 30 décembre et après le 10 janvier, l’astreinte est normale.
2 Entre le 30 décembre et le 10 janvier, l’astreinte est renforcée. Le personnel susceptible d’intervenir sur les installations est beaucoup plus nombreux en effectif.
3 Le 31 décembre de 22H30 à 1H30, pendant 3 heures, il y a quelques milliers personnes chez EDF mobilisées dans les sites sur place (dans les centrales, les postes, les sièges des centres).
Dans les centrales nucléaires, le niveau 3 (le plus élevé) est déclenché dès 16 heures pour tenir compte d’une veille que nous faisons à l’étranger vis à vis des pays qui vont passer l’an 2000 avant nous (Chine, Japon, Pologne).

Actions préventives :
 Dans le domaine du transport : une plus grande disponibilité des véhicules d’intervention et création de laisser passer.
 Utilisation du RTS (Réseau Téléphonique de Sécurité) sur le plan technique.
 Disponibilité accrue des groupes électrogènes en terme de carburant avec des essais préalables.
 Accès des postes.
 Mobilisation des ressources humaines, les effectifs d’EDF en respectant la législation du travail.

Sur le plan commercial, aucune dérogation ne sera admise pour le passage à l’an 2000, c’est à dire que ce sont des relations contractuelles habituelles qui relient EDF et ses clients.

Monsieur le Président demande si le 31 décembre sera un jour de pointe.

Monsieur Christian CHWEDURA répond que cela fait 14 ans que le 31 décembre et le 1er janvier n’ont jamais été un effacement jour de pointe. Statistiquement parlant, ce n’est pas un jour de pointe et ce n’est absolument pas lié à l’an 2000.

Monsieur Patrick BERGERON s’interroge sur l’existence de n ? de téléphone d’urgence mis en place au passage de l’an 2000.

Monsieur Christian CHWEDURA assure que les gros clients d’EDF gardent les mêmes conditions de contacts des services d’EDF.
Un numéro vert sera prévu et en tout dernier recours pour les gros clients industriels, il y aura également le n ? de la cellule de crise de la préfecture qu’ils pourront appeler.
Le 31 décembre à minuit, tout nos ouvrages ne seront pas sollicités.

Monsieur le Président s’interroge sur les conséquences d’un très grand froid lors du passage à l’an 2000.

Monsieur Christian CHWEDURA affirme qu’un très grand froid serait traité de la manière habituelle indépendamment de l’an 2000 ; la crainte autour du 31 décembre 1999 c’est plutôt une baisse de consommation qu’un grand froid, car à chaque St Sylvestre on constate une baisse de consommation surtout industrielle et on est même obligé d’arrêter certaines centrales.
Ce qui est envisagé, c’est de fonctionner un peu comme un jour de grève. Un maximum de centrales seront en service en base de manière à pouvoir disposer de tous les moyens possibles sauf certaines tranches de nucléaires qui vont tourner à vide prête à se raccorder sur le réseau si le réseau français s’effondre, c’est ce qu’on appelle l’ilotage.
Le 31 décembre 1999, la consommation risque d’être encore plus faible que les années précédentes et cela risque de poser des problèmes techniques à EDF.

Monsieur Robert TROUVILLIEZ s’interroge sur les raisons de cette baisse de consommation plus forte au passage de l’an 2000.

Monsieur Christian CHWEDURA explique qu’EDF est en train de mener une enquête auprès de la clientèle et beaucoup d’entre eux ont déjà dit qu’ils allaient soit baisser leur consommation soit arrêter complètement leur production. EDF est d’ailleurs très avide de connaissance en matière de prévision de consommation et invite ses clients à lui dire leur stratégie.

Monsieur le Vice-Président demande quel est l’impact des pays européens qui consomment de l’énergie.

Monsieur Christian CHWEDURA répond que la consommation risque d’être faible en France, donc la France peut compter sur elle même. Il est envisagé de réduire au minimum les échanges avec l’étranger pour éviter l’effet domino. Donc même un effondrement du réseau de l’Est devrait avoir assez peu d’impact en France.

 ? Exposé de Monsieur Michel DAUCHY, Responsable An 2000 de la branche clients de France Télécom.
Monsieur Michel DAUCHY, de la Direction Régionale de France Télécom de Lens, fait partie du comité de pilotage an 2000 au sein de cette direction. Ce comité de pilotage est présidé par Monsieur Guy DELABY.
Le projet an 2000 mis en place chez France Télécom a pour objectif de rendre combatif la société, de certifier l’ensemble des équipements et de communiquer envers le client.
L’organisation du projet est une organisation qui colle à la structure du groupe.
La responsabilité du projet est répartie sur les différentes directions de l’entreprise avec un coordinateur an 2000 au sein de chaque unité du groupe.
Au niveau de la direction régionale de France Télécom, il y a eu la création de ce comité de pilotage.
A travers le calendrier, on peut voir que le projet an 2000 a été pris au sérieux par France Télécom qui a débuté avec les systèmes d’information dès l’année 1996. Ensuite, ils sont passés aux projets sur les réseaux et les équipements terminaux en 1997. L’inventaire des réseaux s’est terminé en juin 1998 ainsi que l’inventaire des produits et services. Les démarrages des mises à niveaux du parc client a débuté en octobre 1998. La fin des adaptations était prévue pour juin/juillet 1999.
Les critères qui ont été retenus sont celles du B.S.I. (British Standard Institute).
Les produits et services : en l’état actuel de tous les tests qui ont été réalisés, tous les commutateurs passeront l’an 2000.
Tous les réseaux sont compatibles. Ils font partie du même projet (transpac, GSM, numéris).
Les services spéciaux (17, 18 et 15) ont le même acheminement qu’aux niveau des autres commutateurs.

Monsieur Jean-Paul BACQ interroge France Télécom sur la garantie d’acheminement des numéros d’urgence et sur les moyens mis en ’uvre en cas de problème.

Monsieur Guy DELABY distingue d’une part le réseau France Télécom et d’autre part le matériel des services de secours. N’étant pas fourni par France Télécom, ils doivent d’abord être compatibles an 2000. Il y a ensuite la partie acheminement des appels d’urgence.

Comptes-rendus