Retour d’expérience de l’exercice PPI de NOROXO à Harnes Béthune

Exercice PPI - NOROXO

Cette réunion concerne un exercice PPI1 réalisé à HARNES sur le site des établissements NOROXO. Les actions de prévention et les exercices, ainsi que les analyses et restitutions de sinistres, font partie des activités du S3PI.

Présentation de la préparation de l’exercice et des objectifs fixés

Francis MANIER Directeur de la protection civile du Pas-de-Calais

1.1. Causes de l’exercice

L’exercice PPI se réalise à deux niveaux :
 le niveau POI : niveau interne à l’entreprise
 le niveau PPI : niveau concernant les éventuelles conséquences pour la population et l’environnement.
L’article 9 de la loi du 22 Juillet 1987 stipule que le Préfet prépare les mesures de sauvegarde
et coordonne les moyens de secours publics dans le département. L’élaboration et le déclenchement des PPI sont placés sous l’autorité préfectorale.
L’article 10 du décret 88-662 précise que le PPI donne lieu à un exercice d’intervention. C’est donc dans ce cadre qu’il a été décidé d’organiser un exercice. Chaque entreprise classée SEVESO seuil haut en a l’obligation.
Cet exercice a été préparé longuement, durant trois mois :
 deux réunions préparatoires d’ensemble
 trois réunions de communication
 une réunion sur les scénarios
 une réunion de cadrage
 une réunion d’information des établissements recevant du public
 une réunion des observateurs.
Les acteurs de la préparation sont les industriels, le S3PI de l’Artois, les mairies et les services de l’Etat.

1.2. Objectifs de l’exercice

1.2.1. Identifier les écueils

Un exercice sert à identifier ce qui ne marche pas afin d’y apporter des solutions.
1 Plans particuliers d’intervention Commission technique S3PI 4

1.2.2. Valider les procédures

Le but est également de valider un certain nombre de procédures, développées à partir de la démarche intellectuelle : procédures d’urgence, fiches réflexes ? La coordination des secours est un point souvent relevé, dans les opérations réelles ou dans des exercices : tous les acteurs n’ont pas la même connaissance ni le même entraînement ; la coordination doit donc être encouragée.

1.2.3. Tester les réactions

Cela permet aussi de tester un certain nombre de réactions, notamment en étudiant l’impact pédagogique sur la population. La population est un acteur important, souvent écarté à tort mais aujourd’hui de plus en plus pris en compte. D’ailleurs l’exercice le prouvera. Après l’exercice, il était nécessaire d’établir un retour d’expérience et d’analyser le comportement des populations. Lors d’un déclenchement d’alarme, la population est contrainte de rester de s’enfermer chez elle et de fermer les fenêtres. Comment la population réagit-elle ?
L’exercice a permis de renouveler les campagnes d’informations pour rappeler les consignes : informations dans les écoles, dans les établissements recevant du public (grands magasins, cinémas, lieux de culte). En effet, lors d’une intervention, des personnes peuvent se trouver dans ces établissements. Comment les dirigeants de ces établissements diffusent-ils l’information aux personnes présentes ?
Des communiqués de presse sont élaborés pour informer préventivement et éviter les réactions de panique. Les communes se sont beaucoup investies en publiant des articles dans les gazettes, en distribuant des tracts.

Présentation du choix et de l’opportunité du scénario retenu par l’exploitant

Jean-François GOMBAULT Directeur technique du site NOROXO

2.1. Présentation de NOROXO

L’usine NOROXO produit des acides gras et des alcools à partir d’essences appelées oléfines.
L’apport d’un gaz de synthèse riche en hydrogène et en monoxyde de carbone permet d’obtenir les produits finaux. L’établissement est classé SEVESO II et a déposé, au cours de l’année 2000, un PPI validé par la préfecture. Ce PPI est l’un des premiers validés par la préfecture du le Pas-de-Calais.

2.2. Scénarios du PPI

Le site de NOROXO était à un stade avancé de la préparation de ce type d’exercice (POI et PPI), lorsque la DRIRE a sollicité le concours de l’entreprise pour la réalisation de l’exercice PPI.
Le PPI prêt à mettre en ’uvre prévoyait un certain nombre de scénarios. Le scénario retenu devait :
 être lié aux objectifs à atteindre dans le cadre de l’exercice
 être crédible, c’est à dire inscrit dans les scénarios de la DRIRE
 être intégré au PPI existant

Le PPI comprend trois scénarios principaux :
 1. Incendie du stockage d’hydrocarbures liquides
La totalité des réservoirs présents dans le parc de stockage représente 58 000 m3 d’hydrocarbures liquides. Lors d’un incendie, des émissions de fumées non toxiques, mais incommodantes pourraient présenter des dangers pour la circulation sur la route nationale 17 passant à proximité.
 2. Explosion du gazomètre
Le deuxième scénario n’est plus valable : il a été éradiqué. L’entreprise préfère supprimer les scénarios catastrophe à la source et a remplacé le gazomètre de 4 000 m3 par un ballon de 250 m3. Le cercle de danger a donc été réduit et le scénario PPI remplacé par un scénario POI.6
 3. Emission accidentelle d’un mélange atmosphère d’essence, de monoxyde de carbone et d’hydrogène dans un réacteur de synthèse OXO
Une telle émission développerait un nuage de gaz explosif au contact d’une source d’ignition.

2.3. Scénario choisi

Le scénario choisi a préféré cibler les hydrocarbures liquides. En effet le parc d’hydrocarbures liquides se trouve en périphérie de l’activité industrielle et à proximité immédiate de la zone commerciale. C’est donc un scénario réaliste qui s’inscrit dans le
déroulement du PPI. Par convention, pour l’exercice, il a été choisi un vent d’Est ? Nord Est (situation réaliste et réelle lors du jour de l’exercice) : le panache de fumée se répand le long de la nationale 17 et sur la zone commerciale de Loisons sous Lens.

Scénario choisi : bac d’hydrocarbures en flammes, à proximité de la zone commerciale

Des informations ont été dispensées aux populations riveraines de Harnes, Loisons et Annay.
En accord avec les organisations préfectorales, l’impact pédagogique de la population a été privilégié. Le scénario de l’incendie et du stockage d’hydrocarbures a été préféré car il est maîtrisable dans le temps, contrairement à l’explosion brutale d’un nuage de gaz. C’est un scénario idéal pour faire de la prévention à très court terme et renforcer l’aspect pédagogique : prendre le temps de déclencher le PPI et d’informer les populations concernées.
Le développement du scénario est maîtrisable : des " informateurs " peuvent observer le comportement des populations dans le temps, chose difficile dans un scénario rapide. Toutes les préconisations de confinement sont aussi renforcées. Les récents incidents majeurs ont prouvé la nécessité de réaffirmer le principe de confinement même en cas d’explosion.
Ce scénario était particulièrement illustratif en cas de fumée incommodante. La cinétique est lente, les moyens de lutte sont démonstratifs et permettent de bien faire comprendre à la population qu’un PPI est déclenché : le niveau d’alerte est évident. Les renseignements peuvent être collectés de façon coordonnée et fiable, contrairement à une cinétique rapide comme dans le cas d’une explosion ou d’un nuage toxique.
Des informations contrôlables sont diffusées à la population exposée et des tests effectués : questions, appels en mairies, appels chez les pompiers ? Un certain nombre des observateurs ont joué des rôles pour identifier les réactions des différents acteurs dans le cadre du PPI (écoles, riverains, ...).
Le dernier intérêt de ce scénario est sa limite dans le temps. La durée de l’exercice est connu : le temps nécessaire pour éteindre un bac d’hydrocarbures de cette taille est de deux heures si tous les moyens mis à disposition sont mobilisés. Il est préférable de ne pas faire l’exercice PPI au moment de la sortie des écoles ou de la sortie des bureaux.

Retour d’expérience et enseignements

3.1. Passage du POI au PPI

Jean-François GOMBAULT, directeur technique du site NOROXO
L’exercice a permis la recherche d’expériences positives et d’enseignements opérationnels.
Des moyens de lutte classiques ont été mis en ’uvre, lentement mais sûrement. L’exercice a nécessité une coordination de moyens multiples : les enseignements ont donc été nombreux.
Le déclenchement d’un PPI a l’intérêt de mettre en oeuvre deux plans : le POI et le PPI. Le POI est déclenché en premier par l’industriel pour faire face le plus rapidement possible au sinistre avec les moyens dont il dispose. Le déroulement du POI reste toujours en filigrane derrière le PPI, car l’industriel va mettre en oeuvre ses moyens internes jusqu’à la fin du sinistre.
Dès que le POI détecte un impact sérieux potentiel sur la population en dehors des limites de l’usine, le devoir de l’industriel est de demander au Préfet de déclencher le PPI.
L’entreprise subit une fort pression évènementielle : dans le POI, une fiche PPI est préparée avec les numéros d’appel, les risques connus, les fiches réflexes consignées en PPI, les consignes immédiates et les actions clés.
Le déclenchement du PPI par le Préfet induit un transfert de responsabilité : la cellule de crise de la préfecture prend la responsabilité de l’ensemble de la couverture du sinistre.
L’entreprise doit matérialiser ce transfert de responsabilité par l’envoi d’un fax. La préfecture doit répondre dans un délai très bref par la même voie.
De même, le transfert de commandement de l’industriel vers le SDIS doit être formalisé au moment de son arrivée sur place : le responsable du POI ou le directeur des opérations internes de l’industriel et le SDIS doivent en plein accord convenir des moyens à mettre en oeuvre pour combattre le sinistre.
Enfin, il est recommandé de documenter toute la chronologie des évènements enregistrée au PC2 du POI pour des éventuelles suites judiciaires : dans un POI, un secrétaire doit être nommé, il sera en retrait de la pression des évènements et enregistrera chronologiquement, de façon séquentielle et très précise, toutes les interventions et tous les évènements (dont les transferts de rôles et de responsabilités). L’évènement pourra être analysé en cas de litige lors du passage du POI au PPI.

Annexe : Déroulement du scénario retenu

3.2. Déploiement des moyens de secours publics dans le cadre du POI puis PPI

Commandant BECOURT, Service prévision, SDIS3 Arras

3.2.1. Organisation opérationnelle des sapeurs pompiers

En cas de sinistre chez NOROXO, l’organisation des sapeurs pompiers repose sur :
 le déclenchement d’un plan d’établissement répertorié (plan ETARE)

o Impact de foudre sur le TKA
o Combustion violente de la phase gazeuse du bac ( fuite supposée au droit du toit interne
flottant)
o Conséquence de l’incident
 ? Ouverture du toit de bacs
 ? Inflammation des hydrocarbures contenus dans le bac
 ? Destruction des facilites d ’injection de mousse sur le bac
o T0 POI
 ? Déclenchement du POI NOROXO Pré-alerte (Appel Codis 03 21 58 18 18)
o T0 + 7 mn
 ? Pompiers de Lens non disponible ( Mobilises sur un autre sinistre)
 ? Canon a mousse non opérationnel a NOROXO ( maintenance )
o T0 + 10 mn
 ? Mise en sécurité des bacs riverains du parc par refroidissements
 ? Fumées importantes sur zone commerciale
o T0 + 20 mn PPI
o Demande de déclenchement du PPI (Standard préfecture 03 21 21 2000)
o Appel du CeEP9000 de Bully les Mines par POI
o T0 + 30 mn Confinement zone commerciale
o Déclenchement PPI par le Préfet d ’Arras
o Alerte de confinement pour population concernée
o T0 + 35 Mise en ’uvre des secours
o Controle RN 17
o Confinement des populations ( ERP, Ecoles, etc...)
o T0 + 45 Arrivée présumée des secours sur le site NOROXO
o T0 + 60 début de lutte efficace contre le sinistre
o T0 + 80 fin du sinistre, levée du confinement
o T0 + 90 Réouverture de la N17 et FIN exercice PPI
10
 la mise en place d’une chaîne de commandement sur le terrain
 la gestion du sinistre au poste de commandement (PC) de l’exploitant.
En cas de sinistre, il est nécessaire que la structure de commandement fonctionne comme une structure militaire : le premier niveau de commandement est l’engin (fourgon, ambulance ou échelle) ; un chef de groupe, un chef de colonne, et un chef de site réalisent le commandement sur site, au sein du PC de l’exploitant. La personne la plus gradée pour effectuer le commandement est un commandant ou un lieutenant colonel.
Lors d’un sinistre, il est nécessaire de constituer sur le terrain et au PC exploitant, des binômes cadres sapeurs-pompiers et usine. En effet, les pompiers interviennent chez un industriel et ne connaissent pas forcément les risques : il est nécessaire que les décisions soient prises en commun. Le fonctionnement en binômes améliore le déroulement de l’intervention.
Le plan d’établissement répertorié (plan ETARE) est un plan réflexe à l’usage des sapeurspompiers.
Il est complémentaire au plan d’opération interne (POI) et vient également s’imbriquer dans le PPI. Ce plan prévoit des moyens adaptés aux risques de l’établissement.
Ces moyens ont fait l’objet d’une étude prévisionnelle.
Une étude des dangers a été élaborée dans le cadre de la procédure d’installation classée, afin d’identifier les risques. L’industriel a été rencontré de manière à pouvoir discuter des risques et à proposer un certain nombre de moyens face à ceux-ci. Quelle que soit la nature du sinistre, l’ensemble des moyens sera déclenché.
Le plan ETARE permet aussi aux intervenants extérieurs d’arriver rapidement sur les lieux.
Généralement, les moyens de secours viennent de plusieurs centres. Pour NOROXO, les secours viennent de plusieurs arrondissements.

3.2.2. Moyens de secours

Le plan localise également les bâtiments à risques à l’intérieur de l’établissement. Le plan recense également en quelques pages, les moyens de secours propres à l’établissement et indique les consignes opérationnelles aux intervenants (notamment les consignes de sécurité pour les premiers intervenants). En pratique, le plan est utile les trente premières minutes de l’intervention.
En cas d’intervention sur le site de NOROXO, les moyens suivants sont prévus : cinq fourgons pompe-tonne, une échelle aérienne, des lances-canon, deux VSAB (ambulances), deux véhicules légers de commandement (capables d’amener des moyens radio), deux camions dévidoirs avec des tuyaux.
Ils proviendraient (sauf indisponibilité au moment de l’alerte) des casernes de Lens, Harnes, Oignies, Arras, Liévin, Hénin, Vermelles, Avion, Bully, Hénin-Beaumont et Béthune. Les véhicules pourraient à terme être équipés d’un système GPS4.
L’unité risques technologiques est aussi déclenchée systématiquement (risques chimique et radiologique notamment). L’ensemble de ces moyens est déclenché simultanément, quelle que soit l’appel. Mais tous ne viennent pas sur le site en même temps. Le chef de détachement du premier engin arrivé sur place effectue une reconnaissance et juge s’il faut arrêter les moyens en route.
La fiche de départ prévoit un deuxième échelon, un échelon de renfort qui peut être déclenché à la demande.

Fiche de départ - Moyens de secours prévus sur le site de NOROXO

Chaque engin dispose d’un plan d’accès papier. Des plans d’itinéraires, en cas de nuage toxique, sont étudiés en fonction du vent. A l’appel, il est donc important d’avoir le bon sens du vent.
Un autre plan indique le rayon PPI de l’entreprise, qui est de 1100 mètres. Le plan prévoit aussi l’organisation du commandement sur site.

3.2.3. Répartition des rôles

En cas de déclenchement du PPI, la direction des secours revient au Préfet. Les sapeurs pompiers sont présents au PC fixe à la préfecture et sur les autres PC organisés à l’extérieur
de l’usine.
 Au sein du PC exploitant
Pompiers et responsables usine travaillent ensemble. Les pompiers sont au nombre de cinq : ,un chef PC et quatre officiers sapeurs-pompiers, affecté chacun à une fonction (actions, nanticipation, renseignements et moyens).
Le chef PC coordonne les actions du PC et propose les man’uvres au Commandant des Opérations de Secours. Il remplace le Commandant des Opérations de Secours en son absence.
L’officier sapeur-pompier qui assure la fonction action, traduit concrètement les man’uvres données par le COS en actions à effectuer sur le terrain. C’est lui qui concrétise les idées de man’uvres en ordres formels sur le terrain. Il a également pour rôle de faire un recensement des moyens de secours nécessaires.
L’officier renseignements renseigne le PC sur l’opération et informe le CODIS5. Le CODIS informe ensuite les autorités (préfet, sous-préfets et maires).
L’officier anticipation réfléchit et étudie les conséquences de l’évènement de manière à prévoir des moyens supplémentaires et à anticiper l’évolution du sinistre.
Ces quatre fonctions, coordonnées par le chef PC conditionnent les actions. Dans le cas d’un POI, les décisions sont validées par le directeur des opérations internes ; dans le cas d’un PPI, c’est le commandant des opérations de secours qui prendra la décision finale pour les actions concrètes à mettre en oeuvre sur le terrain.
 Sur le terrain
Un COSA (Commandant des Opérations de Secours Adjoint) coordonne la mise en ’uvre des moyens de lutte contre le sinistre et met en oeuvre l’ensemble des moyens d’extinction préconisés par le PC et l’ensemble des autres man’uvres.
Le COS (Commandant des Opérations de Secours) travaille en binôme avec le responsable usine. Il est également là pour conseiller et proposer des idées de man’uvres au responsable usine, sachant qu’en phase PPI, les décisions lui reviennent. En dehors du problème de responsabilité, les actions sont le résultat de décisions concertées. Le Commandant des Opérations de Secours coordonne l’activité des secours à l’avant. La montée en puissance du commandement dans le cadre d’un POI et d’un PPI s’échelonne dans le temps : l’ensemble des officiers nécessaires n’est pas disponible immédiatement. La phase finale n’arrive qu’une heure après le début des opérations. En cas de sinistre dans une usine comme NOROXO, il y aura peu d’officiers sapeurs-pompiers sur site, alors que les premières minutes sont les plus ,cruciales.
Rapidement, un premier détachement de sapeurs-pompiers arrivera de la caserne la plus proche. La direction des secours appartient dans un premier temps au responsable usine, qui prendra les premières décisions.

L’ensemble des propositions sur site sont validées par la direction des opérations internes et par le Commandant des Opérations de Secours.

3.3. Gestion de l’exercice

Francis MANIER, Directeur de la Protection civile du Pas-de-Calais

3.3.1. Rôle et composition du PC de la préfecture

Le périmètre concerné a déjà été détaillé. Dans l’organisation des secours, la police, la gendarmerie, l’équipement constituent un noyau dur incontournable. D’autres acteurs peuvent intervenir selon les problèmes.
La chaîne de commandement a déjà été bien illustrée pour les sapeurs pompiers. Elle est identique au sein de la police, des gendarmeries, de la DDE, des services de santé. Toutes ces organisations convergent vers une seule cellule de crise : le PC fixe en préfecture.
Ce dernier absorbe et synthétise la masse d’informations qui remontent du terrain. Il renseigne les autorités préfectorales, mais aussi toutes les autorités zonales et nationales. Il décide des stratégies.
Si l’évènement est de courte durée, seules quelques personnes seront réunies autour d’une table. Si l’évènement se prolonge, une montée en puissance aura lieu. L’exercice mené à NOROXO a été suffisamment court pour ne pas avoir à gérer le phénomène de durée et suffisamment long pour tester les problèmes de remontée et de diffusion d’information.

3.3.2. Enseignements

Le retour d’expérience évoqué précédemment mesure bien le chemin qui reste à parcourir :délais trop longs de déclenchement, mauvaise alerte des élus, pas de confirmation écrite du déclenchement ?
Cet exercice doit servir d’exemple pour des exercices futurs dans d’autres établissements. La loi oblige à réaliser un exercice tous les trois ans et il y a 18 sites SEVESO dans le Pasde- Calais.
La préfecture est en gestion de crise depuis le 27 octobre, jour où se sont déclenchées des coupures électriques liées aux tempêtes salines. La situation de crise s’est poursuivie avec la gestion des clandestins sur le Calaisis. Puis, une intervention pour inondation, un problème lié au verglas, un problème de pollution maritime et enfin, un accident de transport de matières dangereuses ont maintenu la préfecture " en crise ".
La pression est importante. Même si la préfecture arrive plutôt bien à gérer ces situations, beaucoup de travail reste à faire de la part de tous les acteurs, aussi bien ceux de l’Etat (pompiers, industriels, police, enseignants) que les populations elles-mêmes. Des efforts de formation et de sensibilisation des populations sont donc à mettre en ’uvre.

Joël FILY : est-ce le rôle de la Préfecture ou de l’entreprise de prévenir la mairie ? Francis MANIER, SIDPC : Cette question n’a pas encore été définie clairement. Le phénomène d’alerte reste un problème important qui ne concerne d’ailleurs pas uniquement les PPI. Il est en cours de traitement. La diffusion de l’information opérationnelle aux maires sera donc traitée par le système d’information directe de la préfecture. Mais cela demande encore du temps, car il est nécessaire d’entrer des noms et des numéros de téléphone dans des bases de données. Cela sera opérationnel courant 2003.

3.4. Le comportement des populations

Andrée DELRUE, responsable du S3PI de l’Artois

Le S3PI a accordé une grande importance à la communication, la gestion des situations de crise et des consignes. L’exercice PPI a confirmé que la campagne d’information effectuée était nécessaire mais insuffisante. Des actions annuelles doivent permettre de répéter les consignes.
Les mairies ont publié les consignes dans des tracts, des communiqués sont parus, des réunions de proximité avec les établissements recevant du public et les scolaires ont eu lieu.

3.4.1. Récapitulatif des comportements observés

En conclusion, la sirène est inaudible de la plupart des quartiers : la solution n’est pas forcément d’utiliser une sirène plus forte, elle prendrait le pas sur d’autres sirènes et affolerait les personnes " captives " (comme les enfants d’une école). Il vaut donc mieux, dans ces cas, maîtriser l’information des personnes qui encadrent. L’alerte pourrait donc se faire autrement que par une sirène : par téléphone, par exemple.
Le deuxième problème est celui de la pédagogie : il faudrait développer, dans la population, des réflexes liés aux informations les plus importantes. Comment instaurer des réflexes chez les personnes censées identifier une alerte ? Pédagogiquement, il est conseillé de travailler davantage sur la conscience du problème, la clairvoyance de ce qu’est l’activité industrielle.
Le troisième point est que les simulations doivent être limités et qu’il faut se confronter aux conditions du moment (par exemple, si le vent est dans un certain sens, il faut faire le test avec ces conditions).
De plus, dans l’école Curie, les élèves et le personnel se trouvant dans les bâtiments annexes n’ont rien entendu et n’ont pas pu rejoindre la zone de mise à l’abri, car il n’y avait pas de lien téléphonique entre les différents bâtiments. Les directeurs ont effectué le contre appel afin de vérifier la validité de l’information.
Il est regrettable que le plan ait été déclenché par la sirène incendie : en cas d’incendie, les consignes ne sont pas du tout les mêmes que pour un exercice PPI.
La radio a du être écoutée sur le secteur car l’école ne disposait pas de piles, ce qui peut poser des problèmes en cas de coupures de courants. Il faut aussi signaler que les enseignants et les élèves connaissaient bien les zones de mise à l’abri.
La communication a été correcte dans les établissements (sauf pour l’école Pasteur où il n’y avait pas de communication entre le bureau du directeur et les deux zones de mise à l’abri).
Les recommandations et les consignes rappelées lors des réunions spécifiques organisées par les maires, le S3PI et l’Education Nationale, ont bien été respectées : les enseignants avaient organisé des activités pour occuper les élèves. L’école Pasteur a continué les cours.
Les directeurs se sont éloignés des téléphones et auraient donc pu être, dans certains cas, difficiles à joindre. Le contrôle des absents et des présents a été effectué selon les modalités du plan. La durée de mise à l’abri a été jugée trop longue, en particulier par les enseignants.
Les écoles ne disposaient pas des matériels qui avaient été demandés (serpillières, rallonges téléphoniques, ...).
Il est demandé au S3PI de :
 simplifier la communication (la BD créée est efficace)
 améliorer la diffusion du signal d’alerte
 redéfinir la communication envers la population (en effectuant des actions pérennes, de proximité)
 faire un point entre les enseignants des écoles et les mairies concernées.
 améliorer les dispositifs techniques (lignes téléphoniques, zones d’étanchéité, ...)
L’Education Nationale demande également de prévenir l’Inspection Académique dès la connaissance de l’incident, avant même le déclenchement du PPI, afin d’éviter un délai tro long entre le déclenchement et l’information des écoles. Il faut aussi informer très rapidement
les personnes présentes au Poste de Commandement Fixe, pour une bonne gestion de la crise.
Enfin, une cellule de crise au rectorat doit être déclenchée selon l’importance de la zone concernée.

3.4.2. Echanges avec la salle

Yvan DRUON, maire de Harnes : les gens de l’entreprise et les pompiers ont fait montre d’un vrai savoir-faire professionnel. Les autres acteurs n’ont pas, eux, cette culture de la gestion du risque et des dangers. Il faudrait recenser les personnes à prévenir. Il faut aussi établir une fiche de réaction pour chacun des acteurs concernés, à la fois pour les établissements recevant du public, pour les autres entreprises, la mairie, la police ...

Francis MANIER : la tâche du maire dans une telle situation est très difficile. Les maires des petites communes se perdent dans les vicissitudes du droit, de la responsabilité et de l’action sur le terrain. Le maire connaît pourtant sa commune mieux que personne. Le plan d’action communale mériterait d’être encore affiné. Il servira de support pour que chaque commune confrontée à des risques puisse ,s’organiser. Informer les maires est aussi nécessaire et demande des moyens. Beaucoup de chemin reste à parcourir. La préfecture reste ouverte à toutes suggestions, notamment de la part des élus.

Yvan DRUON : premièrement, des serpillières ont été réclamées par les enseignants.
Il serait nécessaire d’inventorier le matériel spécifique. Deuxièmement, la sirène incendie a été utilisée par défaut. Or la mise en place d’une deuxième demande des moyens et les communes sont de moins en moins riches.

Pierre EVRARD : rédiger le bilan de l’exercice permettrait d’en tirer les enseignements.

3.5. Actions correctives et perspectives pour le prochain exercice

Francis MANIER, directeur de la protection civile du Pas-de-Calais

Les problèmes recensés sont :
 des difficultés de remontée d’information
 des problèmes de comportement
 des alertes qui se sont mal passées
 une mauvaise gestion de l’information
L’exercice a permis de mettre beaucoup de choses en évidence. La fréquence d’un exercice PPI par an est difficile à envisager. Le principal enseignement à tirer de l’exercice est le travail à faire sur l’information aux maires et à la population.

3.6. Echanges avec la salle

Pierre EVRARD : peut-on revenir sur le point de l’étude d’audibilité des sirènes faite par le S3PI ?

Andrée DELRUE : une étude d’audibilité a été menée sur 12 sites SEVESO de l’Artois. Le bureau d’études a dépouillé les résultats et a réalisé une cartographie des périmètres PPI. Les résultats seront disponibles fin février.
Pourquoi ne pas présenter, lors d’une prochaine commission technique risque, les résultats de ces études site par site ainsi que les points demandés à la SOFRES sur l’impact de la campagne d’information sur la population ?
Avant cela, les industriels des 12 sites et certaines collectivités locales concernées par
la problématique de l’alerte seront réunis.
Bien que les sirènes soient peu audibles, elles restent le moyen le plus rapide et le plus efficace pour toucher un grand nombre de personnes. Il faudra donc travailler sur l’amélioration de l’utilisation des sirènes (sirène relais), mais aussi sur d’autres moyens de communication (radio, téléphone, ...).
Un grand chantier s’ouvre donc et il pourra être proposé, d’ici fin mars, un certain nombre de pistes d’actions.
 ?
Jean-François GOMBAULT : l’exercice a eu lieu le 10 décembre et la température était de ’5’C. La population était donc calfeutrée chez elle et les conditions étaient donc difficiles pour l’audibilité des sirènes. De plus, l’exercice s’est déroulé dans les conditions météorologiques réelles : les vents dominants partaient sur la zone commerciale, où la sirène a été entendue. L’effet du vent est déterminant dans l’audibilité des sirènes. Les populations qui n’ont pas entendu les sirènes auraient donc été protégées, car déjà confinées, et n’auraient pas été pas exposées car les vents dominants n’emportaient pas les fumées vers elles. Dans le contexte réel de l’exercice, les facteurs climatiques ont atténué les sirènes.

Yvette THELLIER : les serpillières sont un moyen nécessaire peu coûteux. Des élèves ont été mis à l’abri dans des salles qui donnent sur l’extérieur, avec une ouverture en bas des portes (indispensable pour la circulation de l’air). Des réflexes sont dont à acquérir : la serpillière humide est un des points importants qu’il faut connaître. Pour ce qui est de fiches réflexes, la mise en place des plans SESAM, les écoles ont déjà des fiches réflexes.

Yvan DRUON : les serpillières sont utilisées tous les jours par les personnels d’entretien. Il faut de plus préciser les réflexes pour tous les acteurs. Par exemple, un calendrier est fourni à chaque habitant de la commune. Il est possible d’imaginer que pour les gens qui sont dans le périmètre, une page soit ajoutée, pour fournir les réflexes à avoir. Toutes ces questions doivent donc être examinées.

Yvette THELLIER : il est important que le matériel nécessaire pour la gestion de cette situation soit disponible. Les serpillières d’entretien ne sont pas forcément accessibles à tous. En crise, si les enseignants commencent par chercher les ,serpillières, ils auront ensuite des difficultés pour gérer les enfants.

Yvan DRUON : tout concorde vers la nécessité pour chacun de connaître son rôle. Une organisation est bien à mettre en place, avec les moyens nécessaires.

Yvette THELLIER : les serpillières sont un moyen nécessaire et peu coûteux pour sécuriser les ouvertures en bas des portes. Des élèves ont été mis à l’abri dans des salles donnant sur l’extérieur, avec une ouverture en bas des portes. En revanche, les fiches réflexes, elles existent déjà dans les écoles grâce à la mise en place des plans SESAM. 

Yvan DRUON : d’une part des serpillières sont utilisées tous les jours par les ,personnels d’entretien. D’autre part, les réflexes doivent être précisés pour tous les acteurs. Par exemple, un calendrier est fourni à chaque habitant de la commune. Il est ,possible d’imaginer que pour les gens qui sont dans le périmètre, une page soit ajoutée, qui détaille les réflexes à avoir. Toutes ces questions doivent donc être examinées.

Yvette THELLIER : il est important que le matériel nécessaire pour la gestion de cette situation soit disponible. Les serpillières d’entretien ne sont pas forcément ,accessibles à tous. Dans la situation de crise, si les enseignants doivent d’abord chercher des serpillières, ils auront ensuite des difficultés pour gérer les enfants.

Yvan DRUON : il est nécessaire que chacun connaisse son rôle. Une organisation est bien à mettre en place et il faut trouver les moyens nécessaires à cette organisation.

Pierre EVRARD : comment faire en sorte d’agir sur le terrain et sur la problématique révélée ? Le cadre du S3PI est offre la possibilité constituer des groupes de travail sur la problématique de l’audibilité des sirènes et sur la problématique de la diffusion de l’alerte. Il serait souhaitable que les industriels soient aussi actifs dans ces groupes.

André DELRUE : le groupe de travail existe déjà et a permis la réalisation de l’étude. Les industriels seront sollicités, de même que les collectivités locales concernées. Fin mars, une restitution des études de la campagne d’information S3PI aura lieu (notamment l’étude relative aux dispositifs d’alerte). Ces études proposent des ,actions visant en particulier les industriels.

Comptes-rendus