Monsieur Yves EMERY, Directeur Adjoint (e.r.) de la Société La Française de Mécanique, souhaite la bienvenue à tous les participants.
Validation des comptes-rendus précédents
M. Jean PEPIN Directeur de la Société Ingredia
M. Jean PEPIN, Directeur de la Société Ingredia, aborde la validation du précédent compte-rendu sur l’eau, en proposant un complément de réunion sur les DEM de cette période, à savoir les incidences sur la pluviométrie s’il y avait eu des inondations, puis également une présentation de la Lys et ce qui peut être attendu en terme de gestion des eaux souterraines ou de surface. Il souhaite organiser avec M. François VANDENBON un complément de réunion avec une visite des captages. Il engage alors les participants à se manifester pour toute remarque suite au compte-rendu qui vient d’être évoqué.
Mme Blanche CASTELAIN signale que la commission avait été très longue, qu’elle était très fastidieuse si bien que la dernière partie prévue n’avait pas été exposée.
M. Yves EMERY le reconnaît et signale que cela permettra sûrement une amélioration par la suite. Il indique ensuite l’ordre du jour. Présentation des actions en perspective dans la région de Bapaume, dans le domaine des déchets, notamment les déchets verts. Présentation de la plate-forme de compostage de la Société SEDE. Une visite de cette plate-forme aura lieu. Il cède la parole à M. FICHEUX, Vice-Président du Sivom de Bapaume et Maire d’Achiet le Grand pour expliquer les actions qui seront entreprises par le SIVOM de la région de Bapaume.
Présentation des actions en prévision par le SIVOM de la région de Bapaume
M. Michel FICHEUX Sivom de Bapaume
M. Michel FICHEUX signale qu’il est agriculteur à la retraite et fondateur du SIVOM de Bapaume en 1973 qui comprenait à l’origine 17 communes. Il en comprend aujourd’hui 80. Il a présidé le SIVOM pendant douze ans ; il continue désormais en s’occupant des ordures ménagères.
M. Sébastien LETOMBE participera également à l ’exposé. Des espaces propreté ont été installés dans chacune des communes, quatre déchetteries dans quatre communes différentes pour limiter le trajet vers une déchetterie à 6 km maximum. Au niveau des déchets verts, il signale que le SIVOM est un des premiers à faire du compostage en France et a débuté par les déchets ménagers. Il affirme que des études ont d’abord été effectuées. Paul Antoine SEBBE de la Société SEDE souhaite préciser immédiatement que les déchets de compostage ne concernent pas les déchets mais les biodéchets fermentescibles. Il traite donc les déchets végétaux et organiques. La production de compost s’élève entre 2 500 et 3 000 tonnes par an, ensuite vendue par l’intermédiaire de la coopérative. Environ douze agriculteurs utiliseront par la suite ces 2 500 tonnes de compost. C’est un compost qui est normalisé, il n’est pas soumis à un plan d’épandage pour l’utilisation car il répond à la norme en vigueur. M. Michel FICHEUX précise que la politique du SIVOM intègre la création d’un syndicat mixte de la ville d’Arras qui sera chargé de s’occuper de l’outil de transformation du SIVOM de Bapaume. Il précise que l’objectif actuel est la stabilisation avec l’arrivée de la zone Artois qui comprend 26 communes, à partir du 1er janvier 2004, qui seront totalement intégrées puisque le SIVOM de Bapaume deviendra lui aussi un syndicat mixte.
A l’heure actuelle, un groupe de 20 membres forme la commission et travaille sous quatre groupes de travail pour faire bénéficier la population des meilleurs services possibles. Le premier service consiste à ramasser les déchets, ensuite ramassage :
– des déchets vers une fois par semaine dans des poubelles vertes
– des bouteilles en plastique dans les espaces propreté avec les boîtes de conserve.
Aujourd’hui, les problèmes les plus importants sont posés par le ramassage chaque semaine des déchetteries, notamment les déchets de bois, les déchets de tonte et les arbres. Il annonce alors l’intervention de M. LETOMBE sur les points techniques de la commission.
M. Sébastien LETOMBE, Chargé de mission, souhaite expliquer les documents distribués, concernant la présentation du service de collecte des déchets fermentescibles à travers une démarche de qualité. Celle-ci a été développée par la commission des vingt élus pour répondre à deux objectifs principaux : optimiser le coût global de déchets ménagers qui est à 375 francs par an et par habitant, et optimiser le taux de valorisation globale des déchets ménagers, environ 52 % actuellement. Ces 52 % de valorisation des déchets ménagers sont obtenus avec un service de valorisation de différents types de matériaux.
Au total, ce sont 660 kg par an et par habitant de déchets qui sont produits, 353 kg par an et par habitant ne sont pas valorisables, il reste cependant 311 kg/an/habitant valorisables. Aujourd’hui, la valorisation se situe à 52 % car 50 kg de matériaux recyclables ont été valorisés. Il cite alors l’exemple du verre et du plastique qui ont permis de valoriser les déchets ménagers. 51 kg de déchets valorisables sont collectés en déchetterie. Au total, 311/660 kg représentent donc 47 % de valorisation globale. Il précise que pour pouvoir suivre cette démarche de qualité, il faut s’appuyer sur une vision claire et chiffrée du fonctionnement du service, c’est pourquoi des indicateurs de performance ont été élaborés. Ces indicateurs mettent en évidence seulement 2.4 % d’indésirables, une bonne compréhension générale des consignes décrites par les habitants sur un captage de biodéchets, 217 kg par an et par habitant, avec deux fois plus de déchets que de biodéchets alimentaires. Les déchets verts ne sont pas minoritaires, il s’agit des déchets collectés en déchetterie, qui correspondent uniquement aux branchages.
En observant les différentes natures de déchets qui se trouvent dans les poubelles vertes, on remarque que environ 36 % sont des déchets carbone.
Le taux de remplissage des poubelles vertes est de 78 %, le taux de présentation des poubelles chaque semaine est de 55 %, c’est-à-dire que 55 % de la population présente chaque semaine la poubelle verte. 70 % des gens présentent leur poubelle chaque semaine. Il précise que le taux de refus de collecte est de 3 %, c’est-à-dire que les poubelles vertes comprennent des erreurs de contenance.
M. Yves EMERY souhaite savoir, pour les indésirables qui représentent 2.4 %, comment sont mesurés ces chiffres, si un tri est effectué.
M. Sébastien LETOMBE annonce que quatre fois par an, trimestriellement, un échantillon de la collecte est pris dans les communes. Cet échantillon avoisine les 500 kg. Puis une table avec différentes mailles permet de séparer tout ce qui est indésirable, tout ce qui ne va pas être composté. Cela permet également d’avancer les chiffres de 44 % de déchets de cuisine, 36 % de déchets de jardin et 20 % de matières autres.
M. Yves EMERY souhaite savoir si le papier carton pur et ordinaire et du carton souillé sont différenciés.
M. Sébastien LETOMBE répond qu’aucune dissociation n’est faite car, pendant la collecte, au moment où l’objet est déposé dans la poubelle verte, il commence déjà à fermenter et que donc le tri se veut minimum, il est difficile d’aller plus loin dans le tri et l’analyse. Cela permet de voir s’il existe une évolution vis-à-vis des indésirables et de cibler le problème éventuel pour les habitants. Par exemple, pour un problème de compost lié au verre, un courrier relatif serait envoyé aux habitants. Cela permet d’avoir une opinion sur la qualité.
Mme Blanche CASTELAIN désire savoir si n’importe quel carton, quelle que soit sa qualité, peut entrer dans le compostage.
M. Sébastien LETOMBE signale qu’à l’origine, le carton visé était le carton alimentaire de fine épaisseur. De plus en plus une dérive s’opère avec l’apparition de cartons d’électroménagers. Or un carton de triple épaisseur se composte très mal et peut entraîner un refus de compostage. Le problème doit donc remonter à la source par la communication.
M. Yves EMERY se demande si des non recyclables se trouvent dans les déchets, par ignorance.
M. Michel FICHEUX précise que le carton épais est difficile à composter et que la consigne n’était pas précise. Aujourd’hui, un ramassage de cartons indépendant est effectué chez les commerçants et les artisans qui ont beaucoup de cartons à jeter.
M. Sébastien LETOMBE précise que les chiffres permettent de faire un état des lieux puis un bilan de la qualité à travers la collecte et le traitement.
Dans les actions correctives qui seront entreprises, la collecte de cartons ondulaires sera évoquée. Le fonctionnement de la collecte est observé au travers des indicateurs de performance sur le traitement. Ces données sont essentielles pour faire des bilans de matière, connaître le potentiel de l’outil de traitement, voir si la proportion de compost sortant est satisfaisante par rapport aux quantités de matières entrantes. S’il existe beaucoup de refus de compostage, ce qui entraîneraient un surcoût. Il précise que les chiffres sont très difficiles à obtenir. Les études ont surtout permis d’optimiser le traitement.
Mme Blanche CASTELAIN souhaite connaître les résultats des analyses toxicologiques du compost maturé.
M. Sébastien LETOMBE lui précise que la société est en lien avec les groupes agro-industriels. Les valeurs sont très inférieures aux limites définies dans les chartes des groupes industriels.
M. Yves EMERY souhaite connaître la composition chimique du compost.
M. Sébastien LETOMBE lui précise que l’on y retrouve du carbone, de l’hydrogène, de l’oxygène, de l’azote, des éléments fertilisants, de la matière organique qui intéresse particulièrement les agriculteurs. L’azote ou le phosphate peut également intéresser l’agriculteur.
M. Michel FICHEUX s’interroge sur la fréquence des analyses sur le produit.
M. Sébastien LETOMBE précise qu’un système de traçabilité fonctionne par lot de production et l’analyse est faite par lot de commercialisation. Par exemple, si dix lots ont été produits dans l’année, chacun de ces 10 lots sera analysé.
M. Michel FICHEUX demande si les analyses du produit sont faites avant la livraison aux agriculteurs.
M. Sébastien LETOMBE confirme que les analyses toxicologiques sont effectuées avant que le compost soit déposé dans les champs. Un travail en coopération avec le service de la répression des fraudes est en cours, pour normaliser le compost et le garantir avant même utilisation. Pour cela un compost mature est nécessaire. Il est difficile de rendre un compost mature car la surface de stockage utilisée est assez réduite, et plus le temps de maturation est long, plus le temps de stockage est long. Un échantillon est gardé, on enlève le compost dès que l’échantillon est mature. L’analyse est ensuite envoyée à l’agriculteur qui pourra utiliser le compost.
Mme Blanche CASTELAIN désire savoir si on dispose données sur le compostage individuel.
M. Sébastien LETOMBE affirme que très peu de communication sur le compostage individuel a été réalisée surtout par rapport aux déchets de jardin qui ne sont pas une priorité. Pour que le compost soit bien homogénéisé, il faut que la quantité soit importante.
M. Yves EMERY déclare que le particulier ne dispose généralement pas de place et l’installation est à l’air libre. L’aspect naturel ne dépasse pas les 25 à 30’C voire encore pire l’hiver.
M. Sébastien LETOMBE ajoute que dès que l’humidité se dépose sur le compost, une croûte se crée et il sera plus long à réutiliser. Le système d’indicateur de performance pour l’outil de traitement a été très efficace pour déterminer les potentiels de l’usine. Au total, à l’année 6 000 tonnes de déchets fermentescibles sont collectés à partir des poubelles vertes, 1 000 tonnes de branchages collectées dans les déchetteries soit 7 000 tonnes par an sont traitées. Ils sont intégralement broyés dans la journée et mis en silo le jour même. C’est un système automatisé qui est décrit dans la plaquette remise. Ce mélange de déchets est associé à un système d’aération forcé. Un système d’arrosage permet en complément d’avoir des conditions idéales d’eau et d’oxygène en supplément d’une bonne homogénéité dans les déchets en fermentation. Cela catalyse la fermentation ce qui a pour effet d’en réduire la durée, environ 28 jours. La capacité avant optimisation était de 140 tonnes hebdomadaires, soit 560 tonnes traitées par mois, affinées dans une maille de 20 mm pour atteindre une production de 2 500 à 3 000 tonnes de compost. Avec ce suivi d’indicateurs de performance, il est apparu que les capacités du système pourraient être bien plus grandes car en période estivale des pointes au niveau du tonnage collecté sont observées. Celles-ci généraient des problèmes de dépôts et de stockage. Aujourd’hui ; l’optimisation permet de traiter 200 tonnes en supplément.
M. Yves EMERY désire connaître les gaz émis à la fermentation et savoir si une odeur est perceptible.
M. Sébastien LETOMBE rappelle que le compostage est réalisé sans aération forcée. La fermentation est très rapide si bien que la matière organique, lorsqu’elle se dégrade, au lieu de donner du méthane en majorité et de l’ammoniac va plutôt donner du CO2, du N2 et de l’eau. L’apport d’ammoniac et de méthane existe mais d’une manière infime. Cela ne génère pas de nuisances olfactives perceptibles. Il invite alors tous les participants à assister à l’une des nombreuses visites organisées sur le site.
Mme Blanche CASTELAIN demande la distance des premières habitations.
M. Sébastien LETOMBE indique que la distance est de 300 m et souligne que les riverains ne se sont jamais plaints. L’enceinte est totalement fermée, l’usine est couverte en intégralité et le compost est stocké à l’intérieur. La fermentation se fait également à l’intérieur, donc tout est cloisonné. Les indicateurs de performance ont montré, que la capacité de traitement mensuelle pouvait être améliorée de 560 tonnes par mois, soit au total 850 tonnes, par mois. Ceci permet de gérer dans un premier temps les surplus de collecte en période estivale par exemple, puis d’imaginer dans le cadre de l’instauration du syndicat mixte le traitement des biodéchets de la communauté d’Arras. Il rappelle que les produits collectés comprennent 2 % d’indésirables. Les indésirables ont pour destination en majorité les décharges, ce qui coûte 5.90 F par an et par habitant. Dans les indésirables, il remarque la présence de tissus qui ne dégradent pas. Ces tissus nuisent aux machines et à leur fonctionnement. Ils induisent un surcoût de maintenance et des coûts de réparation de pannes à hauteur de 10.40 F par habitant. Dans une campagne prochaine envers les habitants, il sera stipulé que le tissu est réellement un problème néfaste. Il rappelle que la volonté politique est d’optimiser le coût global du traitement des déchets, ce qui signifie optimiser le coût de 91 F par an et par habitant pour la collecte des biodéchets et diminuer le coût de traitement par compostage de 125 F par habitant. Les papiers cartons, qui arrivent au niveau de l’usine, comprennent de plus en plus de cartons ondulés mis en décharge pour un coût de revient de 7.50 F par habitant. Il est conseillé de le limiter à la source.
Il estime que la démarche de qualité, instaurée par l’entreprise, veille à la conformité du compost vis-à-vis de la norme en vigueur mais également pour les chartes des groupes industriels. Le critère environnemental consiste toujours à optimiser le taux de valorisation organique répondant aux critères de Madame VOYNET. Ils consistent à optimiser 50 % des déchets. Avec la valeur actuelle de 52 %, il est important de ne pas se relâcher et d’optimiser cette valeur ; notamment en valorisant les 79 kg de biodéchets par habitant qui sont encore contenus dans la poubelle ordinaire.
M. Yves EMERY désire savoir si les ratios présentés sont retrouvés dans d’autres SIVOM, dans d’autres régions ou s’ils sont éloignés de ce qui se trouve ailleurs. Il prend l’exemple du coût de la collecte par habitant de 91 F ou de coût du compostage pour connaître si ceux-ci sont dans la moyenne nationale.
M. Sébastien LETOMBE précise que les 125 F par an et par habitant correspondent à 400-500 F la tonne, la moyenne nationale est légèrement supérieure à 500 F. Au niveau de la collecte, 91 F/habitant/an correspondent à 360 F la tonne et la moyenne nationale est autour de 400 F. En somme, le SIVOM de Bapaume est toujours inférieur à la moyenne nationale. La démarche qualité s’inscrit dans un programme lancé par l’ ADEME. L’ADEME a aidé à mettre en place les différentes méthodes par des subventions et des moyens techniques. Il existe huit autres sites en France, choisis pour développer cette démarche de qualité, Béziers et Laon notamment. Le site de Bapaume est le précurseur des autres sites. Lorsque tous les écarts ont été mesurés, des actions correctives peuvent être mises en place. La commission des élus qui gère les déchets ménagers a voulu développer une technologie d’entreprise en utilisant les terminologies adéquates. La volonté de remonter les informations de la direction implique des bilans réguliers en commission. Les bilans et actions à entreprendre sont alors déterminées. Le personnel est également formé à la qualité et sensibiliser aux conséquences technico-économiques par exemple pour les erreurs de tris collectés. Un comité de décision local regroupe différents partenaires : l’ ADEME et ses professionnels pour finaliser les actions, les 90 délégués communaux des 84 communes du groupe. Il existe un contact de proximité avec les habitants ce qui génère une forte implication des habitants au niveau de ce service des déchets ménagers.
Aujourd’hui, tout le monde est impliqué et toutes les communes font partie du SIVOM ; en conséquence, les informations doivent être remontées. Il ajoute qu’un ambassadeur de tri a été embauché et permet de mesurer les taux de remplissage, les taux de présentation et les taux de participation évoqués auparavant. Cela permet de cibler les communications à faire, il travaille en coopération avec le délégué communal et l’intérêt est de faire du porte à porte.
Mme Blanche CASTELAIN demande s’il participe à la formation de l’habitant.
M. Sébastien LETOMBE lui confirme qu’il participe directement à sa formation, l’ambassadeur de tri est subventionné à 80 % par l’état et à 20 % par ECO EMBALLAGES. C’est un emploi jeune. Il invite de nouveau à venir observer à l’intérieur de l’usine quels sont les problèmes et les outils de dialogue qui sont mis en commun.
Il met en évidence l’aspect scolaire, grâce au rapprochement de l’inspection de l’académie. Toutes les classes du CE2 au CM2 vont visiter l’installation, cela représente 700 élèves qui seront sensibilisés sur la valorisation organique mais surtout sur le recyclage en leur exposant le devenir d’une bouteille plastique par exemple.
Présentation de la plateforme de compostage de la société SEDE
M. Paul Antoine SEBBE SEDE
M. Paul Antoine SEBBE indique que le siège de la Société SEDE se situe à ARRAS. Elle a été fondée il y a une vingtaine d’années et s’est développée sur tout le territoire. Elle comprend aujourd’hui six représentations régionales sur le territoire français ; une en Belgique et une en Irlande. Le centre Nord Picardie de SEDE dont M. SEBBE est le responsable concentre une activité de bureau d’études, (études de filières, études de faisabilité), la création d’outils de travail, la mise en ’uvre de l’épandage des sous produits, les boues urbaines, boues industrielles, le compostage. L’encadrement agronomique comprend le suivi réglementaire et technique des filières d’épandage. La particularité dans la région est l’installation. Il s’agit d’une activité qui peut être observée à Artois Compost. Cette activité consiste à concevoir, à poser et à gérer des filières liquides avec des réseaux enterrés, utilisés pour des sucreries ou des conserveries. Il prend alors l’exemple de l’usine BEGHIN SAY qui possède 50 km de réseaux enterrés, une grosse station de pompage et qui épand environ 500 000 mètres cubes d’eau l’été sous forme d’irrigation. Le siège de la direction est implanté à Bapaume et pour la région 55 personnes sont employées et le chiffre d’affaires atteint 80 millions, répartis essentiellement chez les industriels agroalimentaires ou les industriels du papier. Au niveau agroalimentaire, il s’agit d’à peu près tous les sucriers, les gens de la pomme de terre, des légumes (Nestlé, Danone). Dans l’industrie, les sociétés concernées sont les papeteries, la chimie, le textile. La papeterie est une énorme source de sous produits recyclés dans la région ; les collectivités sont celles de Bapaume, Arras, Lens, Boulogne, Saint Quentin, Cambrai, Douai, etc ? M. Paul Antoine SEBBE aborde alors les compétences de la société, à savoir les services annexes : le service communication est indispensable puisque l’ensemble des dossiers seront soumis à enquête publique. La compétence en maîtrise d’ ?uvre pour créer et réfléchir sur des sites de compostage concerne que huit en France et deux en Belgique.
La SEDE est à son sens une référence dans la région. Elle est certifiée par la norme ISO 9001, ce qui exige des efforts importants des employés au quotidien et elle connaît un succès auprès des agriculteurs ou des clients. Il rappelle les deux types de clients existants ; ceux qui paient sont les producteurs de déchets et ceux qui utilisent le produit, les agriculteurs. Il est important de satisfaire les deux types de clients. Il signale qu’un logiciel a été développé : ? SUIVRA ’. Cette base de données cartographiques tient compte de l’ensemble des parcelles concernées par les produits de la société et un historique de chaque parcelle. La SEDE appartient à un grand groupe : VIVENDI qui est un atout pour le développement et les investissements.
Les principes de précaution, c’est-à-dire les chartes antiboues ou les contrats d’industrie agroalimentaire, ont une vocation marketing plutôt que technique. Les efforts de communication sont un peu en concurrence déloyale. Il pense que la présence médiatique par exemple peut être un désavantage car les journalistes peuvent très bien critiquer le site alors que les autres sites non médiatisés sont plus laissés de côté.
Le site Artois Compost se situe à Graincourt les Havrincourt. SEDE a commencé les démarches de compostage en 1995 sous l’impact de la DRIRE. C’est un dossier pour une installation classée pour la protection de l’environnement déposé en 1997. Il a fallu trouver un site accessible, politiquement correct. L’enquête publique a eu lieu sur les communes en 1998 car un plan d ’épandage de plus de 10 000 hectares est associé au site. L’arrêté a été signé par les deux préfets du Nord et du Pas-de-Calais le 6 juillet 1999. Les travaux ont débuté fin 1999 pour recevoir les premiers tonnages en juin 2000. Cinq ans d’efforts ont donc été nécessaires pour aboutir au résultat actuel. La capacité de l’arrêté prévoit 20 000 tonnes de sous produits de la laine. Le suint, par exemple, est la fine pellicule de graisse qui enrobe le fil de laine. Les peigneurs de laine reçoivent des toisons d’Australie, d’Afrique du Sud et de Russie, ils les lavent, récupèrent la graisse, qui est riche en potasse. Quand elle est chaude, elle est liquide donc elle est mélangée avec des écorces et autres produits pour être consistante, riche en potasse et en matières organiques, ce que recherchent les producteurs de pommes de terre. L’autre partie du site accueille 35 000 tonnes de déchets, boues urbaines ou industrielles puis une autorisation de 55 000 tonnes de co-produits (écorces, déchets verts). Les investissements se situent à hauteur de 25 MF en 2000, 5 MF en 2001 et le dernier conseil d’administration a voté pour 15 MF en 2002. Les subventions dans la tranche 1, correspondent à 30 % en équivalence, subvention par l’agence de l’eau ; l’ADEME avait prévu de subventionner mais le plafond est fixé à 30 %. Par contre, sur la tranche 2, l’ADEME a financé 15 %. En 2001, 10 000 tonnes de sous-produits industriels auront été réceptionnés, 20 000 tonnes de sous-produits urbains, 40 000 tonnes de déchets verts.
Le démarrage en flèche justifie l’intérêt du site et les besoins des industriels et des collectivités. Le contrat principal du site est conclu avec la communauté de Lens-Liévin qui amène 20 000 tonnes de boues et 25 000 tonnes de déchets verts. M. Paul Antoine SEBBE indique que le procédé de fonctionnement est un procédé de compostage par aération forcée sans couverture. Suite à la réception et l’échantillonnage de chaque camion, tous les échantillons sont conservés. La traçabilité est un facteur essentiel pour la pérennité du site ; les mesures de protection qui sont prises sont importantes.
Ensuite, en fonction des sous-produits reçus, sont mélangés plus ou moins de déchets verts, plus ou moins d’écorces, plus ou moins de plaquettes de bois pour obtenir un produit riche en matières organiques. La mélangeuse homogénéise le produit qui est par la suite placé en andain dont la capacité est d’environ 150 tonnes. Le pourcentage indiquant les noms des produits et la date d’arrivée des camions correspondants, sont également répertoriés. L’aération forcée dure trois semaines, elle est réalisée par aspiration de l’air à travers les andains puis pendant trois autres semaines. La phase suivante est la maturation qui dure quelques semaines à quelques mois puisque, le site n’étant pas couvert, elle dépend des aléas climatiques ; l’hiver, la maturation est lente et l’été elle est beaucoup plus rapide. Après la maturation, le criblage consiste en la séparation entre les parties fines et les parties grossières puis le produit fini est stocké.
Les produits reçus sont très pâteux et ressortent sous forme de terreau.
M. Paul Antoine SEBBE poursuit en indiquant que pour la traçabilité, les déchets ne sont pas mélangés entre eux. Ainsi chaque déchet entrant dispose d’un andain spécifique et chaque andain est lui-même pancarté selon les camions réceptionnés. Le mélange initial contient des boues, des déchets verts broyés et des structurants puisque le principe même du compost est l’apport d’air et de micro-organismes. Les andains chauffent à 80’C et, un système de sondes pilote les ventilateurs pour apporter plus ou moins d’oxygène. La notion de structurants est directement liée à l’intérêt de la rapidité du process de brossage, de montée en température, la notion de déchets verts est liée à la richesse des composts, produits sur le site, en éléments fertilisants (azote, phosphore, potasse) et surtout en matières organiques humifiables. Il ne s’agit pas de sécher des boues à l’air libre mais bien d’établir un compost qui contient un minimum de matières organiques humifiables qui pourra enrichir le sol. Le compost tiendra le rôle d’un fumier pour le sol d’un point de vue agronomique. Les analyses effectuées tout au long du process garantissent aux agriculteurs un produit de qualité aux origines certaines. Le budget d’analyses du site se situe aux alentours d’un million de francs. Contrairement au produit, issu du SIVOM de Bapaume, les composts de la Société ne sont pas normalisés, le SIVOM de Bapaume est normalisé 44051 mais dans la mesure où le compost de la SEDE contient encore des boues, il est considéré comme un déchet donc ils sont épandus sur des plans d’épandage. Les plans d’épandage ont été soumis aux enquêtes publiques, la société ne peut donc pas commercialiser les produits dans la mesure où les plans d’épandage sont un passage obligatoire. Toutes les données sont encodées dans le logiciel SUIVRA où les analyses des produits sont régulières. Les sols sont également analysés et tous les résultats sont introduits dans une base de données et couplés à un système d’information géographique.
Il précise que néanmoins une logique ? Produit ? apparaît et serait reconnue par les Administrations françaises. La volonté est de faire un produit commercialisable à partir d’un déchet. Des projets de normes existent pour la transformation des déchets pâteux en compost intéressant, il y aurait une norme. Des contacts ont d’ailleurs déjà été pris avec les différentes coopératives qui sont intéressées par la notion de déchet. Les projets futurs pour le site, notamment le canal du nord qui se situe à côté du site. Des tests de transports par péniche ont été effectués et l’arrêté doit être modifié pour créer un quai de déchargement et ainsi, profiter des trois pontons qui existent à côté du site. Le transport par voie fluviale intéresse notamment la communauté d’agglomérations de Lens-Liévin qui pourra ainsi apporter ses déchets verts et réduire de façon considérable le nombre de camions en circulation sur les routes. La couverture d’une partie du site est prévue en 2002. Sur ce site de six hectares, les jours de pluie sont difficiles. Il est donc prévu une amélioration du traitement des eaux. Dans le souci de progrès, la qualité va être certifiée ISO 14 000 par un projet qui débutera en 2002. La Société SEDE travaille également à l’augmentation de la capacité de traitement du site. Dans ce bassin où l’endive est très présente, les racines d’endives pourraient par exemple venir s’ajouter à la liste des produits acceptés.
M. Paul Antoine SEBBE conclut alors son exposé en signalant que le compostage est un mot très en vogue mais ceux qui ont une véritable expérience sur le sujet sont rares. Le site Artois Compost a reçu 70 000 tonnes en 2001 et il est un site fort de cette expérience. Il reste néanmoins des points à améliorer. M. Paul Antoine SEBBE propose aux participants de passer aux questions.
M. Bertrand VERFAILLIE, Presse Environnement, souhaite connaître le chiffre d’affaires et l’étendue du futur agrandissement de la capacité.
M. Paul Antoine SEBBE annonce que pour le compostage, la quantité récupérée est de 1.2 tonne, il existe une perte de vapeur d’eau, de CO2.
Le chiffre d’affaires se situe environ à 12 millions de francs. Quant à la capacité à terme du site, la question est encore trop prématurée pour pouvoir y répondre précisément. La voie d’eau pourrait permettre de doubler les capacités. L’intérêt est de développer un site de grande capacité plutôt que d’en construire de multiples car la traçabilité ou l’échantillonnage sont des coûts fixes qui sont bien mieux amortis sur un site de très grande capacité plutôt que sur plusieurs sites de petite capacité.
M. Yves EMERY s’interroge, concernant les boues urbaines et industrielles, sur les mesures effectuées sur les lots qui arrivent, autres que celles de radioactivité. En cas de mesure suspecte, qu’advient-il du lot, est-il neutralisé ou isolé ?
M. Paul Antoine SEBBE remarque que la mesure de radioactivité est anecdotique mais l’essentiel des analyses porte sur les indésirables de la réglementation française. Il s’agit de composés traces organiques, les métaux lourds qui sont analysés régulièrement. Un andain comprend environ trois camions et si l’un d’eux est mauvais, l’andain est mis à la décharge intégralement. Le problème rencontré est le coût du processus de compostage qui est perdu, ce qui constitue un manque à gagner. D’un autre côté, il pense que cela incite les collectivités à être plus attentives. Les délais d’analyse sont très longs et cela constitue le problème principal. Des négociations ont été entreprises avec les laboratoires pour réduire cette durée.
M. Yves EMERY remercie les participants et les invite à se retrouver sur le site pour la visite.