Traitement des sols - Visite des 2 sites en cours de traitement situés à Gosnay et à Chocques Béthune

Rappel de la méthodologie

M. René LAGARDE rappelle la méthodologie suivie pour le traitement du site de Gosnay.

Cette méthodologie comprend 3 phases :

L’évaluation simplifiée des risques

L’évaluation détaillée des risques

Le traitement

Le guide méthodologique, édité par le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, prévoit pour l’Evaluation des Risques (ESR) :

 Une étude des sols en 2 phases
Etape A : historique
Etape B : investigations, prélèvements et analyses (si nécessaire)

 Classement du site
Classe III : site banalisé
Classe II : à surveiller
Classe I investigations approfondies en cas de nécessités
Un site de classe I implique un diagnostic approfondi, une évaluation détaillée des risques et le dispositif de traitement adapté au site pour le classer, soit comme ? site banalisé ’, soit comme ? site à surveiller ’.

Chacune des phases de la méthodologie est validée par un arrêté préfectoral.

Le site de Gosnay

Monsieur Jean FAILLE - Monsieur René LAGARDE Chef de Service - Ingénieur (Service des Sites Arrêtés et de l’Environnement Nord/Pas-de-Calais - Charbonnages de France)

Méthodologie de traitement

 Etude simplifiée des risques :
 Démantèlement en 1969.
 Etude historique et diagnostic préliminaire en 1991, 1992 et 1993 par Interface et le BRGM
 Traitement des pollutions visibles
 Incinération de 9000 tonnes de goudrons concentrés
 Suivi de la qualité des eaux des nappes par un réseau de piézomètres
 Etude approfondie en 1995 par Géostock
 Prélèvements/analyses des sols et des eaux
 Etude du risque des eaux en aval du site (en 1996)
 Projet de dépollution (en 1997)
 Evaluation des risques de pollution pour l’Homme (par l’INERIS, en 1997-1998)
 Marchés de dépollution
 Engagement des travaux de traitement

 Etude simplifiée des risques :

 Historique
L’usine Carbolux était destinée à valoriser des fines de charbons non utilisables en centrales. Le réseau de voies ferrées alimentait l’ensemble du site industriel (lavoir et cokerie), l’usine à sous-produits (source de pollution actuellement traitée), une centrale thermique et des gazomètres.
Il est apparu, à la suite de l’étude du site, que la source de pollution était concentrée dans l’usine à sous-produits.
Après démantèlement, tous les bâtiments ont été démontés. Un lavoir a ensuite été exploité sur le site.

 Etude du risque des eaux en aval du site (en 1996)
 L’évaluation du risque pour les eaux de nappe
 Sources de pollution dans le sol
 Précipitations entraînant la pollution vers la nappe phréatique, de la zone non saturée vers la zone saturée
 Migrations vers le sens d’écoulement des nappes et vers les forages d’alimentation en eau potable, situés en aval
 Si aucune mesure n’était prise, impact possible sur les forages d’alimentation en eau potable, en aval du site.

 Projet de dépollution (en 1997)
Les objectifs de la dépollution ont été définis pour anéantir le risque de pollution des forages.

 Evaluation des risques de pollution pour l’Homme (par l’INERIS, en 1997-1998)
 Etude des risques sur la santé humaine comporte 4 étapes
a) Evaluation du potentiel danger des substances présentes dans le sol. Les substances avec seuil, sont celles pour lesquelles (sous un certain seuil), aucun effet pour la santé humaine n’apparaît.
b) Rapport entre les doses d’exposition et la réponse de l’organisme.
c) Evaluation de l’exposition des personnes
Les doses journalières d’exposition sont calculées à partir des différentes voies d’exposition (inhalation, ingestion, absorption)
d) Caractérisation du risque

Le traitement, l’usage futur du site et le risque résiduel doivent être compatibles.

 Engagement des travaux de traitement
 Maître d’ouvrage : Charbonnage de France
 Maîtrise d’ ?uvre : CdF ingénierie.
 Le lot d’excavation, le lavage des gravats et le traitement thermique sont confiés à la société APINOR
 Le lot de traitement biologique est assuré par la société ATE
Les travaux sont contrôlés par une cellule indépendante, le laboratoire SOCOR.

M. Jean Marie CHAPPE, Vice-Président de la Commission Technique Sites et Sols, souhaite un rappel des polluants issus des sous produits.
M. René LAGARDE indique qu’il s’agit principalement de produits issus du goudron et de matières organiques (les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques, les phénols, les hydrocarbures totaux’). Il ne s’agit en aucun cas de pollution minérale (métaux)

M. René LAGARDE précise que les produits excavés étaient stockés dans des alvéoles sur les zones de décontamination. En fonction des prélèvements quotidiens, analysés en 24 heures, les produits étaient répartis selon différentes catégories :
 Produits ne nécessitant pas de traitement
 Produits nécessitant un traitement biologique (produits moyennement pollués)
 Produits nécessitant un lavage
 Produits nécessitant un traitement thermique (incinération) (produits très pollués)

Le site était recouvert d’une grande quantité de schistes, provenant d’un lavoir exploité après démantèlement des installations.

165 000 tonnes de produits ont été excavées, dont :
 25 000 tonnes qui ont nécessité un traitement biologique
 23 000 tonnes incinérées
 lavage des gravats, blocs de démolition dans une station avec, bien sûr, le recyclage de l’eau des nettoyeurs haute pression

M. Robert TROUVILLIEZ, Secrétaire de l’association Nord Nature, s’interroge sur le choix du laboratoire SOCOR. M. René LAGARDE signale qu’une qualification des laboratoires a été réalisée pour choisir le laboratoire de contrôle. Il précise qu’il était nécessaire pour ce type de chantier d’obtenir des résultats d’analyses très rapidement. Plusieurs laboratoires ont été consultés, testés et proposés à la DRIRE. M. René LAGARDE précise que le laboratoire retenu est indépendant de Charbonnages de France. Il a été choisi en fonction de la rapidité d’analyse des prélèvements du sol et ce choix a ensuite été soumis à l’approbation de la DRIRE.
M. Jean FAILLE, Responsable du Service des sites arrêtés et Environnement du Nord/ Pas-de-Calais ? Charbonnages de France, rappelle que le choix s’opère sur un critère économique mais également sur l’agrément des laboratoires ; il est ensuite proposé aux inspecteurs des installations classées.
M. René LAGARDE indique que l’analyse des eaux est également effectuée par des laboratoires agréés par le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement.

M. Max THEROUANNE, Ingénieur Sanitaire de la DDASS, souhaite des précisions sur les dispositions prises pour la nappe souterraine afin de ne pas polluer les forages d’eau potable en aval.
M. René LAGARDE explique que Charbonnages de France a effectué un suivi renforcé de la qualité des eaux. L’ensemble des terres excavées a été stocké sur des bâches et a été recouvert pour éviter que les substances polluantes ne migrent vers la nappe.

M. Robert TROUVILLIEZ a constaté lors d’une visite sur le terrain que les réservoirs stockant la pollution, contenaient de l’eau. Cette eau était pompée et rejetée sur le sol. Il rappelle que l’association Nord Nature était intervenue pour que l’eau soit évacuée vers des centres de traitement et demande que les contrôles soient réalisés en permanence.
M. René LAGARDE rappelle que toutes les eaux rejetées sont des eaux de pluie. En cas de doute, les eaux non caractérisées ne sont pas rejetées en milieu naturel.
M. Jean FAILLE ajoute que les opérations sont nécessaires pour préserver le forage d’eau potable de Fouquières en aval. Auparavant, les produits goudronneux concentrés ont été éliminés (9000 tonnes de goudrons purs en centrales électriques).
Pour les réservoirs découverts, Charbonnages de France s’est interrogé sur les conséquences de la pollution ponctuelle, dûe à une petite coulée de goudrons. Il ajoute qu’un site ne peut pas être dépollué à 100 % ; après dépollution, ce site doit présenter un risque ? acceptable ’.

M. Jean Marie CHAPPE demande l’état de pollution de la nappe avant, pendant et après les travaux.
M. René LAGARDE indique que l’impact se situait essentiellement sous les piézomètres, à droite du site. Les analyses ont montré que cet impact correspondait aux valeurs guides du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement. En revanche, les calculs maximaux laissaient craindre un risque dans 150 ans. Le site a, par conséquent, été traité pour pallier ce risque.
Pendant les travaux, les teneurs n’ont augmenté, ni dans ce piézomètre, ni dans les piézomètres situés en aval.

M. Rainer FLÖRKE, Ingénieur au SIVOM de la Communauté du Bruaysis, précise, pour les pollutions dans la nappe, qu’une infiltration, toujours présente dans le sol, peut encore migrer vers la nappe et vers les puits en aval. Les travaux de dépollution ont-ils été réalisés suffisamment tôt pour éviter une éventuelle fermeture du puits de Fouquières ?
M. René LAGARDE rappelle que les travaux ont pris en compte la source et le panache, qui s’est déjà déplacé. Il souligne que ce type de pollution migre très difficilement.

M. Jean Marie CHAPPE demande si le logiciel, utilisé pour révéler les risques potentiels de pollution des puits dans 150 ans, peut de nouveau évaluer le risque après les travaux.
M. René LAGARDE note que l’utilisation de modèles tient compte également des panaches mesurés. Pour calculer le risque, les mesures de ces panaches ont été fortement maximalisées. Il souligne qu’à l’heure actuelle, les teneurs mesurées sont toujours nettement inférieures aux teneurs prises en compte par le modèle.
M. Jean FAILLE ajoute que l’étude des risques résiduels, réalisée par l’INERIS après la détermination du traitement, a fixé les seuils à atteindre après le traitement. Elle a précisé que dans 110 ans, si rien n’était fait, un seuil intolérable risquait d’être atteint. A l’avenir, il existe toujours un risque d’augmentation mais sans atteindre ce seuil intolérable ; une décroissance ultérieure est même envisageable.
La qualité des eaux, précise M. René LAGARDE, est surveillée en fonction de ce qui avait été imaginé au préalable.

Après la projection du film de présentation du site ? Carbolux ’, Claire MESUREUR, journaliste de Fréquence Nord, souhaite connaître les coûts totaux des travaux sur les quatre années.
M. René LAGARDE indique que les travaux auront un coût total de 15 millions de francs jusqu’à l’issue des travaux, en 2002.

M. Didier HIEL demande s’il s’agit du premier site traité à partir de cette méthode.
M. René LAGARDE précise que de nombreuses expériences ont été nécessaires avant de mettre au point la méthode et que ce type de traitement a été utilisé pour la première fois pour le site ? Carbolux ’.
M. Didier HIEL mentionne les autres sites de cokerie traités par Charbonnages de France et en particulier la création de zones de confinement. Il interroge M. René LAGARDE sur le traitement ultérieur de ces zones de confinement.
M. René LAGARDE indique que le site ? Carbolux ? a subit un traitement similaire à la cokerie de Carmaux. Il insiste sur le fait que Charbonnages de France n’a jamais confiné des Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP). Le confinement de Vendin ne concerne que des ferrocyanures ferriques, éléments composés stables et non lixiviables. Pour davantage de sécurité, ils sont d’ailleurs protégés par deux couches de confinement.
Il n’est pas envisagé, pour le moment, de traiter ces produits ; le confinement étant déjà une forme de traitement.

M. Michel THOMAS, Président du G.I.Q.A.E. Artois, souhaite savoir si un cahier des charges, prenant en compte les conclusions sur le site ? Carbolux ’, a été rédigé pour orienter les prochaines constructions (industries chimiques, sidérurgiques,’). M. René LAGARDE rappelle que la méthode s’est développée simultanément à l’élaboration du guide méthodologique national, en étroite collaboration avec le Ministère, la DRIRE et autres partenaires. Il retient comme enseignement du site ? Carbolux ’, que le traitement des sites ne peuvent plus être réalisés comme auparavant : une pollution connue et située ne doit pas être transformée en une pollution diffuse.
M. Jacques LAVERSANNE, Responsable du Département des Sites Arrêtés et Environnement ? Charbonnages de France, note que les travaux sur le site ? Carbolux ? ont été présentés lors du salon ? Pollutec ? et que les connaissances seront communiquées lorsque le site sera complètement traité en 2002.

M. Rainer FLÖRKE ajoute que les hydrocarbures ont une toxicité différente selon leur nature. Le traitement biologique est-il capable de réduire la quantité générale d’hydrocarbures et d’éliminer les plus toxiques ou ne concerne-t-il qu’une partie des hydrocarbures, les moins nocifs ?
M. René LAGARDE rappelle que l’étude des risques a pris en compte les hydrocarbures les plus pénalisants d’un point de vue toxicologie et migration.

M. Jean Marie CHAPPE souhaite des précisions sur les mesures prises après 2002 pour vérifier la non-toxicité du site.
M. René LAGARDE explique que l’objectif pour 2002 est d’atteindre les résultats de dépollution envisagés au départ. La qualité des eaux est continuellement surveillée pendant les travaux grâce aux piézomètres.

Le site de Chocques

En réponse à la demande de M. François VANDENBON, Ingénieur au S. 3 P. I. de l’Artois, sur l’activité du site de Chocques, M. René LAGARDE rappelle que le site a été en activité de 1925 à 1971 et concernait le lavage et la manutention du charbon. A partir de 1971, les schistes charbonneux y étaient exploités.
Après la cessation de ses activités, le site a fait l’objet d’une Etude Simplifiée des Risques, qui a conclu sur la nécessité de surveiller le site.
Le site de Chocques présente des caractéristiques particulières : la couche d’argile de Louvil sous jacente empêche le passage de la nappe perchée vers la nappe de la craie.
Afin de surveiller le site et les eaux de surface, le réseau de piézomètres a été renforcé et parallèlement, les mesures ont abouti sur une servitude d’utilités publiques pour s’assurer de l’utilisation future du site.

A la suite de cette présentation, M. Didier HIEL invite les participants à se rendre sur place pour constater l’étendue des travaux.

Comptes-rendus