Présentation générale du site de l’ancienne cokerie de Vendin-le-Vieil Béthune

M. Didier HIEL, Maire de VENDIN-LE-VIEIL et Conseiller Général, remercie les personnes présentes à cette commission technique.
Il présente M. Bernard HEBEISEN, Directeur de la Société UGINE ACIER à ISBERGUES. Il soumet à l’approbation les comptes-rendus.
Il aborde ensuite le second point qui concerne l’ancienne cokerie de la gare d’eau de VENDIN-LE-VIEIL. Il précise que l’endroit du site était très important jadis pour l’exploitation minière, non pas pour l’extraction mais bien pour la cokerie et la centrale thermique de grande importance. Pour éviter les problèmes d’affaissement de la centrale, il n’y a pas eu d’extraction. Cinq cent mille ouvriers y travaillaient mais le site a aujourd’hui disparu. Il cède alors la parole à M. LAGARDE afin de débuter la présentation.

Présentation générale du site de l’ancienne cockerie de Vendin-le-Vieil

M LAGARDE Ingénieur ? Charbonnage de France

M LAGARDE a en charge le suivi des sites et sols au niveau de Charbonnages de France pour l’ensemble du bassin minier.

M LAGARDE précise que son intervention débutera par une présentation globale des sites car ce sont deux sites contigus et par un aperçu global de leur environnement ; ensuite, il évoquera le site de l’ex-cokerie par un historique et une synthèse des travaux qui ont déjà pu être réalisés ; il présentera le site de la gare d’eau avant de céder la parole à M DONDAINE de la société DAMES et MOORE, chargée de réaliser l’étude détaillée des risques sur le site. Enfin, un bus emmenera les membres de la CT visiter le site.

Le site de l’ancienne cokerie de VENDIN-LE-VIEIL dans l’ancienne centrale. La gare d’eau à partir du canal de la Deûle, constitue un bras en impasse qui permet aux péniches qui entrent dans ce bras de se trouver à l’écart du canal ; ainsi, la gare d’eau favorise aisément le chargement et le déchargement des péniches qui s’y trouvent. M LAGARDE souligne que l’ensemble du site est pourvu de nombreux pièzomètres qui pourront être observés pendant la visite. Ce sont des forages permettant de suivre précisément la qualité des eaux souterraines. Des piézomètres se trouvent aussi bien en amont qu’en aval du site .
L’historique de la cokerie comprend trois phrases principales.

La première cokerie a été construite en 1881 et fut concernée par deux grandes phases de modification sur le secteur.
A l’époque, il rappelle qu’il n’y avait pas d’excavation de charbon car celui-ci arrivait par les voies ferrées qui desservaient le site. Le charbon était ensuite lavé dans un lavoir situé sur la zone. Le produit était destiné, soit à la cokerie, soit à la centrale, ou était chargé sur les péniches. Il donne alors une vision de la première cokerie alimentée par le réseau de voies ferrées.

En 1898, la première cokerie a été complètement détruite pour être reconstruite après la guerre.

En 1939-1945 : la cokerie fut de nouveau entièrement détruite puis reconstruite et modernisée. Il expose alors un cliché de 1957 qui laisse apercevoir l’ensemble du site, le canal de la Deûle, la gare d’eau, la cokerie, le lavoir, la centrale électrique puis les rails de voies ferrées qui permettaient d’apporter le charbon.
La cokerie a fermé en 1978 puis fut démantelée dans les années 1980.

En 1991, des réseaux de piézomètres ont été mis en place et une étude du BRGM a été réalisée sur la partie la plus sensible du site, c’est-à-dire la partie d’utilisation des sous-produits. L’étude a permis de mettre en évidence la présence de matières et de définir le mode de traitement approprié.

A partir de 1996, une évaluation simplifiée des risques a été effectuée ; consistant en l’étude de l’historique du site, des zones potentiellement polluées, des campagnes de sondages et d’analyses de sols et de l’évaluation simplifiée des risques.
Il rappelle que les conclusions de l’étude montraient la nécessité d’une évaluation détaillée des risques pour plusieurs zones, diagnostic approfondi de la pollution et conséquences en matière de risque pour l’environnement. Il met en avant les travaux déjà réalisés sur le site en prenant l’exemple de l’extraction et les tris des matériaux pollués dans la zone des sous-produits, par la société APINOR. Les terres fortement polluées ont été incinérées, les docks ont été lavés.
Il signale qu’aujourd’hui les pollutions résiduelles restent encore à traiter. Ce sont les terres qui ont été excavées et triées qui seront traitées. En conclusion, il affirme que des études permettront de pérenniser l’installation.

A partir de l’ensemble des informations recueillies dans l’historique, les différentes zones ont été reportées sur les plans avec les différents types de pollution qui peuvent s’y trouver. Il expose alors diverses vues de la cokerie à travers le temps. Il annonce que des sondages ont été effectués dans les différentes zones susceptibles d’être polluées. Le risque principal de pollution site se situe au niveau de la migration de la pollution, site par les eaux souterraines et l’impact que ceci peut avoir sur les forages d’alimentation en eau potable. Il signale que l’ensemble du site a été modélisé indiquant les principales zones qui peuvent être observées.

M Didier HIEL précise que M LAGARDE intervient, en remplacement de M MARCEAU et de M DETOUR, de la société ICF et l’en remercie.

M MICHEL THOMAS lui demande alors la définition de l’ICF.
M LAGARDE lui affirme que c’est une société spécialisée dans les études de pollution et les travaux de dépollution, indépendante de Charbonnage de France.
Il évoque ensuite ce que le modèle prend en compte, le site avec des remblais alluvions pollués par des substances analysées, avec les concentrations mesurées. Il cite alors en exemple les phénomènes de : ruissellement des surfaces, de percolation ou d’infiltration d’eau. L’eau perce les terrains par pénétration et peut alors liquéfier les particules de polluants qui sont attachées au matériau et les entraîne vers les eaux de la nappe phréatique. Des phénomènes d’absorption ou de résorption sont observées par endroits sur des particules. La filtration des eaux polluées transfère vers la nappe de la craie. Le modèle a donc tenu compte des migrations de polluants dans les diverses zones. Il expose alors les courbes de la décroissance de l’évolution des concentrations.
Il prend alors 30 mg à 100 % à l’instant T, ce qui permet de trouver la teneur à tout instant. D’autres courbes indiquent les concentrations lorsque le polluant entre dans la nappe et l’évolution des teneurs en fonction du temps. Il précise que pour des piézomètres qui se situent au centre du site les teneurs initiales sont élevées mais plus on s’en éloigne, plus les teneurs sont faibles. Toutes ces études montrent donc que le seuil de dépollution à mettre en ’uvre se situe autour de 500 mg par kilo. Il présente les filières de traitement choisies pour traiter le site : un confinement de certaines matières a déjà été réalisé sur le site pour des matières. C’est une excavation de faible profondeur avec successivement (le traitement) une couche d’argile de 50 cm, des membranes qui permettent l’évacuation tout en maintenant une certaine imperméabilité vis-à-vis de l’argile. En outre la dépose des matière épurantes, découvre une couche de 1 mètre d’argile une géomembrane et enfin une couche de 30 cm de matériaux qui permettent la cristallisation.
Ces travaux ont été réalisés et vérifiés sur un grand nombre de paramètres sélectionnés tels que la composité des couches d’argile mises en place. Les terres excavées et présentes sur le site, devraient être traitées. Une procédure de consultation pour le choix des entreprises est en cours ; il reste également des teneurs peu élevées en fond de fouille qui seront traitées sans être extériorisées. Les terres supérieures à 500 mg/kilo sont fortement polluées et ont toutes été incinérées à l’heure actuelle. Il existe deux systèmes de lavage pour les blocs de démolition : lavage par un système haute pression pour les gros blocs avec des dissolvants et les gravats sont lavés dans un système de tambours rotatifs. Les eaux traitées sont en circuit fermé et sont entièrement recyclées. Le lavage des blocs exige beaucoup d’eau car ils sont secs à l’origine. Toutefois aucun rejet n’est effectué à l’extérieur.
Mme Mireille HAVEZ, Association EDA, désire connaître le mode de traitement utilisé pour le cas des terres excavées sur le site. M LAGARDE précise que la procédure actuelle de consultation ne lui permet pas de connaître le mode de traitement qui sera choisi par l’entreprise car aucun mode n’a été imposé aux sociétés candidates. Il souligne cependant l’existence de plusieurs modes, le traitement biologique, la désorption thermique ; les entreprises doivent déterminer elles-mêmes les solutions qui répondent le mieux à l’énoncé du problème tout en correspondant aux budgets. M LAGARDE présente une photo du site montrant les excavations. Les terres qui feront l’objet d’un traitement puis les terres qui ont été incinérées y sont représentées.
Il annonce que la suite de l’exposé porte à présent, sur la gare d’eau.
Mme Mireille HAVEZ souhaite des précisions sur la destination des terres après traitement. Elle demande si ces terres peuvent servir par exemple à remblayer les excavations du site.
M LAGARDE confirme alors l’hypothèse émise par Mme HAVEZ et lui affirme que l’objectif de traitement est que les terres n’aient pas d’effets néfastes sur la qualité des eaux. Par contre, il faudra s’assurer lorsque les excavations seront remplies que les couches de matériaux sains soient suffisantes. L’objectif est de n’avoir aucun impact sur la santé humaine et sur la qualité des eaux.
M HIEL souhaite éclaircir quelques points notamment au niveau de l’avenir de des matières actuellement confinées. M LAGARDE répond que l’avenir envisagé prévoit des restrictions d’usage.
M HIEL lui demande alors si ces terres resteront sur le lieu de confinement.
M LAGARDE affirme qu’il est prévu de les laisser en place mais de mettre en application des servitudes d’utilité publique. Cette opération est déjà lancée. Il signale qu’un certain nombre d’études sont déjà en cours sur ce type de matériau mais que concrètement aucun traitement n’est adapté actuellement.
Mme HAVEZ voudrait connaître le nombre d’années nécessaires pour parvenir à des matériaux qui ne soient plus dangereux. M LAGARDE indique que toutes les modélisations ont été maximalistes, c’est-à-dire qu’elles ont tenu compte, à l’origine des sources, du facteur de dissolution maximale du polluant dans l’eau or ce n’est pas le cas, car certains piézomètres implantés sur le site peuvent indiquer des valeurs jusque dix fois inférieures. L’atténuation naturelle dans les zones nappes et dans la source n’a pas non plus été prise en compte. Sur les zones traitées, un certain nombre de nutriments ont été apportés par des traitements biologiques et permettent aux organismes de s’en nourrir et de se développer jusqu’à atteindre le seuil.
M HIEL lui demande comment réutiliser le site compte tenu des fondations qui rendent le terrain inconstructible et non approprié. M LAGARDE reconnaît qu’un grand nombre de blocs ont été retrouvés lors des excavations. M HIEL s’interroge alors sur le comportement adopté par les élus qui hériteront de ce site. Il signale même que pour un franc symbolique il peut conclure l’accord de rachat de terrain auprès de Charbonnages de France, mais le problème d’utilisation des sols est omniprésent. M LAGARDE avoue que la question est très large et embarrassante, elle fait appel à la gestion des espaces : mais une bonne partie du site où se situait l’ancienne centrale ne doit pas présenter de problème. Dans les zones polluées, la mise en place de servitudes d’utilité publique permettra de définir l’usage du site, moyennant d’autres études appropriées et des éventuels travaux.
M HIEL émet alors l’hypothèse que la commune récupère le terrain et désire savoir ce qu’elle peut en faire. Il pense que si le traitement avait été comparable à celui d’ATOFINA il n’y aurait pas eu de problème. Aujourd’hui l’implantation d’entreprises est fortement compromis et le site restera à priori un espace vert. En association avec la commission de développement économique, un site de grande taille est recherché et si celui-ci avait été traité avec ATOFINA aucun problème n’aurait été rencontré.
M Michel THOMAS, Président du G.I.Q.A.E., demande au Président si d’autres terrains de meilleure qualité sont proposés à la vente pour la commune. Il voudrait savoir s’il existe un espoir de voir aménager les terrains qui sont disponibles. Il interpelle alors M LAGARDE pour déterminer s’il existe un projet visant à mettre à disposition des collectivités locales des terrains épurés, qui pourraient servir à la construction ou à des fins industrielles. M LAGARDE lui apprend que l’ensemble des terrains concernés a été gelé pendant un certain temps de sorte à effectuer les investigations et les études nécessaires et à définir les zones à traiter.
Aujourd’hui, avec la connaissance du site, il est possible de délimiter les zones à risques. M HIEL reconnaît qu’au Nord du site, il serait possible d’installer des entreprises et ces terrains sont accessibles par voie navigable, par voie routière et par le fret, ce qui renforce l’intérêt du site. Il souligne donc à nouveau qu’il paraît dommage que l’autre partie ne soit pas exploitable. Les autres terrains à côté sont des terrains agricoles dont il serait dommage de se séparer alors que d’anciens terrains industriels sont disponibles. M LAGARDE remarque que les servitudes n’interdisent pas les activités. Une étude générale est possible aujourd’hui et, au cas par cas, en fonction des projets, il est possible de gérer les terrains à divers usages.
M GAVOIS, des Charbonnages de France, signale qu’il existe d’autres sites et d’autres cokeries dans le bassin minier qui ont été démantelés et où d’autres usines se sont construites. Il cite alors l’exemple de la société AIR LIQUIDE classée site SEVESO construite sur le site d’une ancienne cokerie. Il pense que de multiples possibilités sont offertes mais que cela exige une étude particulière des sols.

Les documents, remis en séance, sont disponibles sur simple demande

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