Visite de la friche "FINALENS" Douvrin

FRICHE ? FINALENS ? DOUVRIN

Monsieur Didier HIEL Maire de Vendin-le-Vieil, Vice-président du District de LENS-LIEVIN

Monsieur le Président ouvre la réunion en remerciant Monsieur Joseph PASQUIER, maire de DOUVRIN, d’accueillir la Commission Technique Sites et Sols du S3PI de l’Artois en mettant une salle à disposition pour la tenue des travaux. Par la même occasion, Monsieur le Président remercie pour sa participation Monsieur Joël FILY, Sous-Préfet de l’arrondissement de BETHUNE, qui est l’initiateur et le pilote des premières réunions d’information concernant cette friche industrielle. La précédente réunion d’information s’est tenue le 15 octobre 1998 en sous-préfecture, et le compte-rendu dont chacun a eu connaissance a permis de mieux appréhender le sujet. Monsieur le Président passe la parole à Monsieur Joseph PASQUIER.

Monsieur Joseph PASQUIER, maire de DOUVRIN, explique que la friche ? FINALENS ? à DOUVRIN représente une petite centaine d’hectares qui risque de se retrouver à vie éteinte, inemployée et mise à l’écart. Il demande à ce que ce soit en atténuant la portée des pollutions et des méfaits et que l’on puisse peut être un jour réhabiliter une partie de ce site, l’autre partie que l’on ne peut pas réhabiliter, la traiter paysagèrement.
Pour la partie qui serait encore viable après réhabilitation, la ville de DOUVRIN ayant supporté les conséquences sur la santé de ses citoyennes et citoyens dans le passé, et ayant laissé une part de son territoire, il demande que la commune puisse à terme en hériter pour le franc symbolique.

Monsieur le Président, après un tour de table de présentation rapide, demande à Monsieur François VANDENBON, ingénieur au S3PI, de rappeler brièvement ce qu’est le S3PI de l’Artois.

Monsieur François VANDENBON rappelle que le S3PI de l’Artois couvre les trois arrondissements d’ARRAS, BETHUNE et LENS. C’est une structure de concertation et d’information qui réunit l’ensemble des partenaires concernés par l’environnement industriel : les élus, les services de l’Etat, les associations, les médias qui sont des partenaires à part entière, les experts et naturellement les industriels.
Il existe d’autres S3PI en France, au total dix.

Quels sont ses missions ?
 Favoriser l’information et la concertation entre les différents partenaires,
 Définir et décider des objectifs globaux, des mesures générales visant à réduire la pollution et les nuisances,
 Informer le grand public (surtout le monde enseignant et les enfants).

son organisation ?
 un conseil d’orientation présidé par Monsieur le Préfet du Pas-de-Calais. Ce conseil rassemble les partenaires en quatre collèges à représentation équilibrée,
 un comité de suivi,
 un secrétariat restreint.

ses travaux ?
Les travaux du S3PI se déroulent sous forme de Commissions Techniques. Ces Commissions sont thématiques, au nombre de cinq : les risques industriels, l’eau, l’air, les sites et sols et les déchets. Il existe une sixième commission qui n’est pas thématique en tant que telle, elle s’intitule ? Nouveaux Projets ’. On est amené à prendre connaissance des nouveaux projets qui sont significatifs et qui présentent un intérêt en terme d’information et de communication pour l’ensemble des partenaires.

Monsieur le Président remercie François VANDENBON et précise que lors d’une réunion du 07/05/99 le Groupe de Travail de la Commission Technique Sites et Sols a suggéré la visite de sites industriels en cours de réhabilitation. Pour répondre à ce souhait, la Commission a donc saisi l’opportunité du site de la friche industrielle de DOUVRIN, appelée couramment FINALENS, sur laquelle ont été engagé et se poursuivent des travaux de réhabilitation. Cette friche sera visitée par la Commission grâce à l’autocar mis gracieusement à disposition par la Société Grande Paroisse.

Aujourd’hui, les participants sont plus nombreux. Ainsi que le prévoit l’Arrêté Préfectoral portant création du S3PI de l’Artois, la participation aux travaux peut être élargie aux acteurs et responsables locaux lorsqu’un sujet les concerne plus particulièrement. La Commission Technique a donc le plaisir d’accueillir des élus et des représentants d’associations qui suivent cet ancien site industriel.

Pour en revenir à l’ordre du jour, interviendront aujourd’hui :

 sur l’aspect réglementaire,
Monsieur Bernard RAMACKERS ? DRIRE Nord/Pas-de-Calais
Chef du Groupe de Subdivisions de Béthune

 pour la situation du site en 1993,
cassette vidéo

 sur la méthodologie de traitement des sites et sols pollués en France,
Monsieur Michel WILCZYNSKI ? DRIRE Nord/Pas-de-Calais
Ingénieur du groupe de Subdivisions de Béthune

 sur les travaux en cours et futurs,
Monsieur Yves BURET
Directeur de la Société GRANDE PAROISSE de Mazingarbe
Monsieur Pierre Henri CHRETIEN
Ingénieur à la Société C.E.C.A. Environnement

Monsieur Bernard RAMACKERS rappelle que l’objectif principal n’est pas de rester en salle, car l’affaire de la friche FINALENS, aux plans technique et réglementaire a déjà été présentée lors d’une réunion qui a eu lieu en Sous-Préfecture le 15/10/98 sous la présidence de Monsieur Joël FILY,Sous-Préfet. Un Compte Rendu de cette réunion a été établi et chaque participant en a reçu un exemplaire. Il avait été pris l’engagement, à l’époque, de visiter le site et c’est l’objet essentiel d’aujourd’hui.
Tout d’abord, un petit film vidéo va vous être présenté pour rappeler la situation en 1993.
Monsieur Bernard RAMACKERS invite donc la Commission à visionner ce film qui est explicite et bien commenté.

Après le passage du film, Monsieur Yves BURET explique que même si celui-ci date de 1993, il n’était pas inutile de le remontrer. Cela permet de revoir le contexte de l’époque, sachant qu’aujourd’hui la méthodologie que Monsieur Michel WILCZYNSKI va présenter a fortement évoluée par rapport à celle de l’époque. Il est nécessaire aujourd’hui de procéder de manière tout à fait construite, ce qui n’était pas tout à fait le cas à ces dates où l’on avait moins d’expériences dans le traitement des friches.

Monsieur Michel WILCZYNSKI expose la méthodologie de traitement des sites et sols pollués en commençant par la définition d’un site et sol pollué.
Un site pollué est un site qui a subi une pollution qui peut être d’origines diverses :
 un dépôt de déchets,
 un déversement de produits,
 l’abandon de produits nocifs ou toxiques après l’arrêt d’activités d’une entreprise,
 des retombées atmosphériques polluantes qui ont laissées des traces dans le sol du site.
La politique du ministère peut être reprise en trois mots clés :
 recenser la connaissance du problème dans son ampleur, on effectue une recherche systématique des sites pollués,
 sélectionner le choix des sites à traiter en priorité, on applique ici le principe de proportionnalité comme pour les installations classées (on adapte le traitement en fonction du site),
 traiter qui signifie que l’on opère un traitement des sites dans l’ordre de priorité en fonction des risques.

Les principes de la politique nationale en matière de sites et sols pollués :
 pas de normes nationales pour la pollution des sols,
 base de la politique nationale : la notion de risque qui résulte de la combinaison de trois facteurs :
. le Danger (D) des polluants présents sur le site (toxicité et quantité), si le danger est confiné, on n’a pas de problème,
. le Transfert (T) des polluants vers et dans les milieux (potentiel de mobilisation, potentiel de transfert des polluants),
. une Cible (C) qui en général est l’homme mais également la faune et la flore.
Le Risque (R) est fonction de ces trois facteurs, et de leur présence concomitante.

Les outils réglementaires sont des lois, des décrets et autres réglementations concernant les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement.
Il existe un ensemble de circulaires qui ont été établies par le Ministère de l’Environnement qui permettent de traiter ce genre de problème. Actuellement, concernant le site de FINALENS, on se situe dans la dernière partie, le traitement avec l’évaluation de l’impact résiduel.

Monsieur Yves BURET, directeur de la Société GRANDE PAROISSE de Mazingarbe, précise que GRANDE PAROISSE est une société de production d’engrais, filiale d’ELF-ATOCHEM. Il y a actuellement deux sites dans le Nord de la France, le site de Douai à Waziers qui produit de l’ammoniac et le site de Mazingarbe qui produit des engrais. GRANDE PAROISSE est propriétaire de la friche de Douvrin suite à des restructurations de la chimie française dans les années 1980.
L’usine de Douvrin en 1935 avait pour activités l’ammoniac, des productions d’engrais (des engrais complexes). Le site a été découpé ensuite en différentes zones :
 la première zone dans laquelle il y a encore des bâtiments, aujourd’hui cédés à d’autres entreprises avec des activités légères,
 la deuxième zone, la plus grande, sur laquelle il y avait une bonne partie des activités des ateliers de production
 une zone intermédiaire où il y avait des ateliers de production de sulfate et de nitrate,
 la zone des lagunes, sur laquelle il y avait les terres bleues,
 l’ensemble de la zone des dépôts de gypse (cela provenait de l’atelier d’acide phosphorique).
(cf. plan joint en annexe)

La Société GRANDE PAROISSE est responsable du site FINALENS et suit ses engagements et les arrêtés préfectoraux.

L’Arrêté Préfectoral en cours de préparation prévoit le réaménagement du site en deux zones :
 les zones d’accueil (de confinement),
 la zone de lagunage.

Le réaménagement de ces deux zones devra être terminé pour octobre 2001.

Dans le détail, qu’est-ce que la zone d’accueil ? Les zones d’accueil sont les unités de confinement des boues bleues, ’bleu de Prusse ’, sous forme d’alvéoles à fonds et couvercles étanches.
Une de ces alvéoles a déjà été réalisée et on y a mis les boues du bassin de réserve et les boues du bassin en ? L ’. L’ensemble de cette alvéole sera refermée cet été en 1999.
La deuxième alvéole, qui va être réalisée sur 2000 ou 2001, va reprendre les boues du bassin droit et celles du bassin en ? L ’.
L’objectif est octobre 2001, c’est la date qui a été fixée.

Sur la zone des lagunes, les zones vont être excavées et seront comblées partiellement d’argile et de limon pour obtenir une étanchéité de l’ensemble de la zone. Ces travaux seront réalisés et terminés en 2001. Monsieur Pierre Henri CHRETIEN va exposer plus dans le détail la confection des différentes alvéoles. Il va expliquer comment on réalise l’étanchéité de ces alvéoles.

Monsieur Pierre Henri CHRETIEN, ingénieur à la Société C.E.C.A. Environnement, expose le travail effectué sur les zones de lagunages :

 le premier bassin, le bassin de réserve, fait 6000 m2 et est accolé au champ de gypse,
 le bassin en ? L ? fait 7000 m2,
 et le bassin de droite 1,1 hectare.

Donc cela représente environ 2,5 hectares à réhabiliter.

La conception des zones des bassins de confinement
Deux alvéoles sont prévues entre la zone étanchéifiée en 1997 et le champ de gypse. Le système de confinement a été conçu pour encapsuler les terres ? bleu de Prusse ’, au sein d’une structure étanche avec un sol étanche et un couvercle étanche.

La première alvéole a été réalisée avec la mise en place au fond d’une couche d’argile de un mètre et un système de surveillance de l’étanchéité a été intercalé au milieu de la couche d’argile par la pause d’un dispositif drainant et d’une membrane d’étanchéité.

Les drains de surveillance ont été disposés sur toute l’alvéole, ils permettent de vérifier l’étanchéité de cette couche d’argile. Une deuxième couche d’argile de 50 centimètres avec un deuxième réseau de surveillance a été mise en place, elle permet de vérifier l’étanchéité de la couche supérieure d’argile. Les drains supérieurs et inférieurs sont collectés dans deux réseaux séparés et sont repris ensuite dans des fosses préparées à côté de l’alvéole.

Afin d’excaver et de décaper les zones de lagunage, il y a eu une reconnaissance préalable des lagunes qui avait été faite dès 1992-1993 par la Société GRANDE PAROISSE.
La Société C.E.C.A. Environnement a repris ce diagnostic avec un repérage des zones et des quantités ? bleu de Prusse ? des lagunes.

A la suite de ce diagnostic :

les lagunes et les bassins de réserve ont été décapés,

les terres ont été pour partie acheminées vers la première alvéole,

toutes les terres ? bleu de Prusse ? du bassin de réserve sont actuellement stockées dans l’alvéole ainsi qu’une grande partie des terres du bassin en ? L ’.

A la fin du décapage, des sondages ont été réalisés au fond des lagunes qui étaient déjà constituées de limon argileux, donc d’un fond étanche.
Le reprofilement et l’aménagement des lagunes est en cours. Le reprofilage du bassin de réserve est réalisé avec un apport de limon argileux au fond de manière à s’inscrire dans la topographie naturelle.
Actuellement, l’alvéole qui a été déjà préparée est remplie avec les terres ? bleu de Prusse ’.
Ensuite, on ferme cette alvéole avec une couche de 50 cm d’argile, une membrane de protection et une couche de terre végétale par dessus, et il a même été prévu une grille anti-lapins pour éviter d’avoir des détériorations de l’étanchéité du caveau.

Monsieur Yves BURET précise que le projet de l’Arrêté Préfectoral prévoit également :

l’évaluation des risques résiduels et la réalisation d’une étude d’impact complémentaire pour juillet 2000. La démarche de l’étude d’impact est en cours, les entreprises spécialisées sont en phase de consultation et les résultats de cette étude seront remis en juillet 2000 à la DRIRE,

le renforcement du réseau de surveillance et d’analyse des eaux souterraines, cet ensemble devant être réalisé pour décembre 1999. Depuis de nombreuses années, GRANDE PAROISSE dispose d’un réseau de surveillance de la nappe par piézomètres qui fera l’objet d’un avis d’un expert hydrogéologue quant à leur nombre et leur implantation. Pour les nitrates et les sulfates, la Société GRANDE PAROISSE réalise le suivi depuis 1991. Sur les autres polluants, le suivi date de 1998. L’objectif de cette surveillance est de valider que les captages d’eau potable ne sont pas touchés par une pollution. Les résultats des analyses de sulfates sont stables depuis dix ans à une valeur de l’ordre de 110mg/litre. Pour les nitrates, la valeur est stable en dessous de 50mg/litre,

la mise en sécurité du site et la mise en place de clôtures qui devrait être terminée pour la fin de l’année 1999 ; une clôture et des pancartes seront mis en place autour des lagunes et des dépôts de gypse. Ces zones demeureront la propriété de GRANDE PAROISSE, et leur accès est et sera limité.

Pour terminer, puis avant de passer aux questions, à noter, qu’au plan financier, le montant final des dépenses pour la Société GRANDE PAROISSE sera de 20 millions de Francs ; aujourd’hui, il a été dépensé 15 millions de Francs. La chimie des engrais n’est pas une chimie très rémunératrice, et c’est une charge lourde pour cette Société qui essaye de l’assumer.

Les objectifs en terme de réaménagement :
 l’absence d’impact sur l’environnement grâce à l’isolement et au confinement des terres bleues dans des alvéoles étanches,
 la surveillance des eaux souterraines,
 le réaménagement paysager de l’ancien dépôt de gypse sous forme de zone verte.
Cet ensemble d’actions permettra une réintégration du site de Douvrin.

Monsieur Joseph PASQUIER s’étonne des résultats concernant les nitrates. Il y a certainement une protection avec l’argile, mais tous les résultats jusque maintenant faisaient état d’un taux de nitrate assez considérable. Il est d’ailleurs impossible de puiser de l’eau pour la consommation. Il semblerait qu’une partie de la zone FINALENS recoupe la nappe phréatique qui est celle qui rejoint Salomé et que la zone de protection de l’eau commencerait sur le territoire de Douvrin. A l’avenir, dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, quand véritablement toutes les précautions auront été prises, est-ce que l’on pourra envisager en protégeant le site d’y installer là ou à côté une structure de captage d’eau ? Car une eau sans nitrate coûte cher, le château d’eau de Douvrin livre actuellement une eau avec 80 mg de nitrate par litre. S’il est possible d’avoir naturellement de l’eau sans nitrate, la ville de Douvrin serait intéressée. Il pourrait y avoir une intercommunalité qui pourrait se mettre en place dans le domaine de l’eau.

Monsieur Bernard RAMACKERS insiste sur le fait qu’il est nécessaire de rester prudent. Même si les valeurs sont bonnes, des phénomènes physico-chimiques interviennent et il faut les prendre en compte. Si l’on crée un nouveau captage, on risque tout simplement d’avoir d’autres problèmes qui se posent.

Monsieur le Président, après un dernier tour de table pour d’éventuelles questions, remercie les intervenants et propose de se rendre sur le site pour commencer la visite.

Comptes-rendus