La société SOTRENOR
Jamal HELWANI Directeur de la société SOTRENOR
1.1. Fiche d’identité
SOTRENOR a été créée en 1989 pour traiter et valoriser les déchets industriels dangereux de la centrale de Courrières.
La capacité en 2002 est de 105 000 tonnes par an et l’effectif est de 102 personnes. Le chiffre d’affaires est de 30 millions d’euros.
La société est concernée par deux arrêtés préfectoraux (arrêté du 3 avril 1989 et arrêté du 7 septembre 1998). En octobre 2001, la société a obtenu la certification de norme ISO 14 001.
Le site de SOTRENOR
1.2. Caractérisation des déchets
1.2.1. Provenance par secteur d’activité
Les déchets dangereux proviennent des secteurs de la chimie, la pétrochimie, l’automobile, la pharmacie - cosmétique, traitement de surface, les déchetteries et les domaines d’utilité publique (eau, gaz, transport, électricité).
Répartition des déchets
1.2.2. Conditionnement et nature des déchets réceptionnés
Les déchets sont réceptionnés en vrac (76% du CA, 88% du tonnage) ou conditionnés (24% du CA, 12% du tonnage).
Ils sont minéraux ou organiques et leur nature conditionne souvent leur filière de traitement.
Ils sont d’aspect liquides (environ la moitié des déchets traités), solides (10 % du tonnage) ou pâteux (environ 20 % du tonnage).
1.2.3. Provenance par secteur géographique
L’implantation de SOTRENOR dans le Nord-Pas-de-Calais implique que 57 % des produits proviennent de la région. Suivent la Picardie, la Lorraine. Les autres régions sont beaucoup moins présentes.
1.3. Contexte législatif
Jean-Michel DEVYNCK, directeur technique de SOTRENOR
Les lois européennes sont traduites en droit national. Les trois interlocuteurs principaux sont la DRIRE1 (contrôles), l’ADEME2 (recherches, conseils) et les agences de l’eau (aides et contrôles).
Loi du Juillet 1975 sur les déchets
Loi du Juillet 76 sur les établissements classés
Code environnement du Septembre 2000
Réglementation EUROPEENNE
2.4. Fonctionnement
2.4.1. Procédure d’acceptation
La procédure d’acceptation du déchet industriel se fonde sur la transparence : un bordereau de suivi contrôle la manière dont le déchet a été détruit. La première étape du processus
d’acceptation est l’envoi d’un échantillon représentatif de déchets par le client. Des tests sont effectués pour le caractériser vis-à-vis du process et des arrêtés préfectoraux et déterminer si le déchet sera traité dans le centre.
Le déchet peut être refusé pour non conformité avec la réglementation (arrêté préfectoral) ou non compatibilité avec le process.
A l’arrivée du chargement, une prise d’échantillons est à nouveau effectuée. En cas de non conformité, le camion est refusé et la DRIRE informée. Elle aura la charge de suivre le déchet dans sa vie future jusqu’à la filière de traitement.
Echanges avec la salle
Etienne WARKOCZ, Chlorophylle Environnement : dans le cas d’un refus de camion, existe-t-il une autre méthode que l’envoi d’un fax à la DRIRE ?
Philippe POINAS : lors du contrôle, des données sont enregistrées et compilées pour servir de références pour les autres contrôles. Lorsque l’échantillon n’est pas conforme, SOTRENOR ne peut pas traiter le produit. Deuxièmement, des produits acceptés au préalable peuvent être différents à la livraison : cela conduit à un changement de filière, à un autre traitement sur site, ou à un refus du camion. Dans ce dernier cas, l’information est directement envoyée à la DRIRE. Le bordereau fait office de document administratif pour le suivi du camion. Il ne peut donc pas trouver d’alternative entre le moment de sa présentation à SOTRENOR et le moment où la DRIRE agit.
Jean-Michel DEVYNCK : la DRIRE s’assure que les déchets ont bien été éliminés et qu’ils ne circulent pas dans la nature.
2.4.2. Process d’incinération
Le traitement est une incinération, une oxydation thermique à chaud effectuée dans un four rotatif. Le déchet est introduit par un moyen adapté à sa nature à l’intérieur du four où la température est de 850 ? C à 1 100 ? C suivant la nature des produits.
La combustion des gaz débute et se poursuit dans la chambre de post-combustion. Les produits minéraux sont orientés vers un centre de refroidissement de classe 1.
A la sortie, les gaz sont complètement brûlés mais sont très chargés en polluants acides et poussières. La partie arrière de l’usine a donc pour mission de traiter ces gaz et de les dépolluer. La première opération de ce procédé consiste en un refroidissement des gaz à l’intérieur d’une chaudière de récupération où les gaz passent de 1 000 ? C à environ 500 ? C.
L’énergie récupérée est envoyée dans un turboalternateur qui fournit une partie de l’électricité consommée à l’intérieur de l’usine.
Les gaz à la sortie de la chaudière sont trop chauds pour leur traitement : une deuxième étape de refroidissement se déroule alors dans une tour à évaporation totale. De l’eau est injectée et la chaleur de vaporisation de l’eau est utilisée pour abaisser encore la température des gaz. Du haut en bas de la tour, la température baisse de 500 ’C à 250 ’C. Cette dernière température est compatible avec le traitement des gaz et notamment la filtration. Les gaz sont acheminés dans le filtre. Du bicarbonate de sodium est introduit dans la gaine ainsi que du charbon actif pour la captation des dioxines.
Les gaz seront débarrassés de leurs poussières dont une partie sera recyclée dans l’installation puis acheminée vers les silos de stockage avant d’être envoyée vers un centre d’enfouissement de classe 1 pour une stabilisation.
Les gaz rejetés à la cheminée actuellement satisfont aux lois et à la réglementation française :
– 10 mg/m3 pour l’acide chlorhydrique
– 50 mg/m3 pour le SO2
– 10 mg/m3 pour les poussières
Flux des installations
Le temps de fonctionnement de l’incinérateur a été de 7 728 heures, le tonnage des déchets reçus est de 104 320 tonnes : 101 000 tonnes de déchets ont été incinérées, 2 707 tonnes de déchets ont été orientées vers d’autres centres. 6 853 tonnes d’huile de vidange ont été utilisées, le gaz de cokerie était utilisé avant la fermeture de la cokerie de Drocourt. 5 227 252 m3 ont été consommés, la consommation en réactif de neutralisation a été de 4 475 tonnes.
Les résidus ultimes sont de deux types :
– les résidus ultimes d’épuration dits REFIDI : 6 776 tonnes
– les résidus ultimes d’incinération dits mâchefers : 10 528 tonnes
2.3.3. Respect de l’environnement
Jamal HELWANI, SOTRENOR
Contrôles des teneurs
Des auto-contrôles internes à l’usine s’effectuent en continu ou à intervalles réguliers.
L’usine dispose pour les gaz, d’un double système d’analyses qui permet d’analyser en continu les paramètres réglementaires des gaz et de maintenir un rejet conforme à la réglementation. Des contrôles à intervalles réguliers ont lieu pour vérifier le bon calibrage de l’analyseur.
Des contrôles externes sont réalisés par des organismes agréés, à la demande de la société ou de la DRIRE. Régulièrement, les résultats sont communiqués à la CLIS3.
Les valeurs moyennes des rejets gazeux (paramétrés par la température, le débit, la teneur en O2, en poussières, en HCL, en SO2, en Nox, en CO et en COT) respectent les normes de rejet en vigueur, comme le figure le tableau ci-dessous.
3 Commission locale d’information et de surveillance
Sécurité
Le groupe est certifié ISO 14 001. Cette charte s’est traduite par un engagement dans la région Nord-Est : des projets environnementaux ont été élaborés (création d’espaces verts).
La création d’une route à sens unique autour de l’entreprise permettrait de desservir les installations du site ainsi que les installations futures.
Des surfaces imperméabilisées ont été construites pour le stationnement des camions en attente de déchargement. Elles ont nécessité la création de bassins de collecte des eaux importantes (capacité d’environ 1 200 m3 de rétention).
Une extension des bornes incendie a été effectuée pour maximiser les conditions de sécurité.
Echanges avec la salle
Etienne WARKOCZ : il arrive parfois de retrouver des fûts enfouis sous terre. C’est un problème à éviter.
Frédéric MODRZEJEWSKI, de la DRIRE : ce problème est lié à l’histoire et il est toutefois peu fréquent. Il précise qu’à partir des années 90, la présence des PME, des artisans et commerçants a contribué à l’augmentation des déchets.
Philippe POINAS : la société est un prestataire de services, payé par les industriels pour récupérer ou détoxiquer les produits. Elle a donc obligation de répondre à des besoins quantitatifs et qualitatifs en fonction de l’évolution des déchets. Elle s’efforce donc de répondre aux préoccupations nouvelles liées aux changements de produits ou aux qualités nouvelles.
Présentation du groupe SARP Industries
Philippe POINAS Entreprise SOTRENOR
SARP Industries est un ensemble de centres de traitement de déchets. SARP Industries est une filiale de Vivendi Environnement, dont les quatre métiers sont l’eau, la propreté, le transport et l’énergie.
Le secteur de la propreté, géré par le groupe ONIX, se compose de la gestion des déchets ménagers (collecte et traitement par incinération ou décharge) et de la gestion des déchets industriels, dont SARP Industrie est le spécialiste au sein du groupe.
La société SARP Industrie se compose d’une quinzaine d’usines réparties en trois régions :
– région Sud
– région Centre ’Ouest
– région Nord-Est
La région Nord Est compte deux usines : SOTRENOR (dans le Pas-de-Calais près de Courrières) et CEDILOR (en Lorraine à côté de Metz).
Le chiffre d’affaires 2001 de SARP Industrie est de 260 millions d’euros. Le groupe est présent en Europe (Suisse, Belgique, Hongrie, Espagne, Italie et Angleterre).
Nouveaux projets
Quatre nouveaux projets visent à offrir aux clients les techniques les plus modernes de traitement des déchets : traitement des boues, traitement biologique des eaux, traitement thermique des terres polluées, extension de la filière déchets conditionnés.
Le plan général de l’usine laisse entrevoir le bassin évoqué et les unités futures (extensions des bâtiments).
3.1. Traitement des boues
La nouvelle unité de traitement des boues, d’une capacité de 60 000 tonnes est une réponse aux difficultés d’acceptation des boues en décharge ou en épandage. L’origine ,des boues peut être externe (boues industrielles ou urbaines) mais aussi interne (boues ,issues ,de l’unité de traitement).
L’unité fonctionne en trois étapes : déshydratation, séchage et condensation. Les boues, sèches ,issues du traitement sont dirigées vers la valorisation thermique et l’eau générée par le traitement des boues est orientée vers le traitement biologique.
En fonction de leurs caractéristiques, les boues sont orientées vers l’une ou l’autre des trois étapes de l’unité de traitement.
3.2. Extension de la filière déchets conditionnés
Jusqu’au milieu des années 1990, les usines du type de SOTRENOR recevaient des déchets pâteux ou liquides en vrac, issus des grandes et moyennes entreprises. Ensuite, il a ,fallu se préoccuper des artisans, des commerçants et même des particuliers au travers des déchetteries.
Ce changement de préoccupation a nécessité une évolution de la société vers le traitement des déchets en petit conditionnement. Dans le projet, un aménagement ,important des installations existantes est prévu pour diminuer les risques (incendie de juin 2000). De plus, 98 % des incendies du groupe sont dus à ces installations. Il est donc
nécessaire de les compléter par un nouvel équipement pour traiter ce type de déchets dans les meilleures conditions de sécurité (pour le personnel, contre les incendies, et pour l’eau traitée ultérieurement).
Le petit conditionnement nécessite un repérage précis du produit pour ensuite le déconditionner et l’amener vers la filière de traitement adéquate, souvent l’incinération.
A la demande des clients, un nouveau projet est à l’étude pour le traitement des fûts vides. Les emballages qui ont contenu des produits chimiques ont été souillés : ils peuvent être plastiques, métalliques, en carton ou en bois (produits retrouvés dans les sou-bois, sur les terrains vagues). Certains matériaux nécessitent des préparations de traitement (par exemple, un broyage).
L’objet du développement est donc de mettre au point ce système de traitement des emballages. L’extension des bâtiments offrira des conditions de traitement des produits conformes aux règles de sécurité et de qualité, règles indispensables pour répondre à la demande du marché.
Il est important d’établir une réglementation qui impose le traitement de ces produits et la mise en place d’outils le permettant.
La capacité de traitement de l’outil (capacité administrative) a du être étendue : l’arrêté préfectoral limitent les quantités recevables par chacune des installations. Une augmentation des capacités de traitement sera demandée pour passer à 140 000 tonnes sans changer l’outil.
Le combustible est un paramètre important : il sert à faire fonctionner le four. Une partie des combustibles est récupérée dans les déchets. Certains brûleurs fonctionnent, eux, avec un combustible à pouvoir calorifique stable (flamme régulière).
Jusqu’à présent le principal combustible était le gaz de la cokerie de Drocourt (non référencé comme déchet industriel). A la fermeture de la cokerie, le gaz s’est vu remplacer par les combustibles présents dans les déchets eux-mêmes, après les avoir triés. Ce sont des produits à fort pouvoir calorifique comme des solvants (référencé comme déchet)
que l’on sait séparer ou filtrer. Pour remplacer le gaz combustible il faudra trouver environ 5000 tonnes de solvant.
L’augmentation de la capacité thermique et l’amélioration des performances sont les deux derniers éléments du projet. La circulation de gaz et le système de refroidissement des fours ont été simplifiés. Cela permet de ménager l’installation et donne une capacité thermique supplémentaire.
3.3. Traitement biologique des eaux
Les travaux importants de la voirie ont créé des zones imperméabilisées avec des quantités d’eau importantes qu’il faut récupérer contrôler et traiter.
De plus, l’augmentation des eaux industrielles de nettoyage (emballages) justifie le projet d’aménagement de traitement des eaux par un procédé classique, le traitement par voie biologique.
Ce traitement permet de traiter cette matière organique au travers d’une station biologique.
Cela ouvrira également une possibilité de traiter des eaux faiblement polluées pour lesquelles l’incinération est superflue.
Cette station permettra un rejet d’eau de 600 m3 / j (valeur de l’objectif) aux conditions environnementales acceptables.
Un traitement du type biochimique est possible. Il utilise des procédés classiques de stations de captage et d’épuration.
La ligne de traitement biologique se compose d’un stockage, d’un aérateur, d’un décanteur et d’un filtre. Cette ligne est tout à fait classique des éléments retrouvés dans ce type d’installations. Le pré-traitement est lui spécifique (cassage et évapo-concentration).
3.4. Traitement thermique des terres polluées
Jamal HELWANI, SOTRENOR
Le traitement thermique est un complément du traitement biologique. Les terres sont caractérisées par une forte pollution de produits organiques (concentration d’hydrocarbures’). Le traitement biologique permet le traitement de 30 tonnes / heure.
Le projet a déjà fait ses preuves dans une installation similaire en Italie. C’est une unité mobile, qui peut être déplacée sur le site pollué : 20 000 tonnes de terres ne peuvent pas être transportées sur le site de SOTRENOR !
Le transport se fait uniquement pour des petites contenances et dans des cas précis.
Un criblage permet de réguler l’entrée des terres dans le four rotatif. Les terres sont chauffées et dégagent des hydrocarbures gazeux. Les gaz et poussières sont récupérés dans un cyclone et sont brûlés en post combustion à 850’C pendant 2 secondes.
La fin du procédé est classique. Un échangeur abaisse la température, puis un filtre à manche filtre les gaz échappés.
L’unité est simple de fonctionnement et sa mobilité constitue un atout certain. De nombreux sites du Nord Pas-de-Calais réclamaient ce type de traitement.
Echanges avec la salle
Etienne WARKOCZ : le passage de la capacité de traitement des déchets de 110 000 à 140 000 tonnes donnera-t-il lieu à une enquête publique ?
Philippe POINAS : une procédure classique de demande d’autorisation sera réalisée (enquête publique, présentation, consultation des services concernés au niveau préfectoral).
Etienne WARKOCZ : SOTRENOR traite des farines animales ; pourquoi personne n’est-il au courant de ce fait ?
Jamal HELWANI : SOTRENOR fait le maximum pour mettre au courant les populations dans un souci de transparence. Des enquêtes publiques ont déjà été réalisées pour des précédents projets. Le S3PI est également utilisé pour prévenir les riverains, les associations et les élus.
Etienne WARKOCZ : les Courrièrois n’ont visiblement pas été prévenus de cette opération.
Richard ELSNER : en principe une enquête publique se déroule systématiquement pour prévenir les populations.
Philippe POINAS : il faut se méfier de la médiatisation de divers produits. Ces derniers ne sont pas toujours aussi dangereux qu’on le prétend. L’exemple des farines animales est un exemple de ce propos qu’il convient de prendre avec précaution.
Richard ELSNER : il est préférable de brûler ces farines animales à SOTRENOR plutôt que de les brûler de manière sauvage.
Philippe POINAS : les farines animales font l’objet de normes. SOTRENOR répond à ces normes. Les farines animales sont un produit banal pour l’entreprise. Une liste pourrait être dressée sur les produits qui pourraient étonner les habitants.
Etienne WARKOCZ : les associations n’ont pas pour mission de donner les informations aux habitants. SOTRENOR a intérêt à divulguer les informations plutôt que d’essayer de les dissimuler.
Jamal HELWANI : la politique de la société est la transparence. Si une information n’était pas parvenue, SOTRENOR n’est pas la seule responsable. Il est normal de vouloir toujours plus d’informations et cela fait l’objet de procédures régulières. Les membres de la commission locale ne sont-ils pas là pour faire passer l’information, notamment au travers des associations ?
Ils sont là pour avoir l’information qu’ils renvoient dans l’environnement dans lequel ils évoluent. Les associations et les élus sont un moyen d’information important mais présentent parfois leurs limites.
Certaines informations ne sont pas toujours intéressantes à diffuser. Si elles sont importantes, elles sont diffusées.
Albert SAUVAGE, maire de Harnes : il était question de brûler des farines animales en dépannage. Est-ce désormais une pratique constante ?
Jamal HELWANI : ce n’est pas un produit régulier, il est de moins en moins fréquent. Les farines animales représentent une part infime du volume total de déchets (100 à 200 tonnes depuis le début de l’année).
Philippe POINAS : les farines animales sont de deux types. Les farines historiques sont des farines qui n’ont pas encore été dégraissées. Les farines dégraissées étaient utilisées, elles, dans l’industrie cosmétique.
Les installations de la société sont destinées à des produits industriels mais ne sont pas destinées au traitement des farines animales ; de moins en moins de farines sont traitées et ce sont des stockages historiques qui sont amenés à disparaître. L’activité existe toujours mais la société est spécialisée en déchets industriels et ne sera plus amenée à en traiter autant.
Pierre LEMAIRE, président de l’association Chlorophylle Environnement : quelle est la nature des polluants rencontrés dans les eaux et les boues en question dans le projet ?
Philippe POINAS : la notion de boue véhicule une idée de difficulté d’évacuation, de stockage voire d’épandage. Les installations du site traiteront uniquement des boues industrielles. Les produits provenant des collectivités locales peuvent également entrer en ligne de compte mais à titre plus rare, et subiront le même traçé que les boues ordinaires, avec au départ un échantillonnage.
Les composants peuvent être d’origine organique non biodégradables ou contenir certains métaux. En deçà de certains seuils, le traitement est possible (par exemple le dépôt sur les bicarbonates). C’est un moyen performant qui a fait ses preuves.
Jean-Pierre WIRTGEN, président du comité de défense Evinois : le traitement des terres détruit-il le plomb ?
Jamal HELWANI : l’outil n’est pas adapté pour le traitement des métaux lourds.
Max THEROUANNE, de la DDASS 62 : les pesticides ou autres produits d’agriculture sont ils traité par SOTRENOR ?
Philippe POINAS : les produits d’agriculture sont traités par SOTRENOR qui ne souhaite pas les laisser dans les déchetteries ou les stocker dans des endroits peu sécurisés.
Denis VANESSE, chargé de mission à l’ADEME : le séchage des boues ou les évaporations sont très consommatrices d’énergie. Le process peut-il s’autoalimenter en énergie, pour une partie ?
Philippe POINAS : la récupération actuelle n’est que partielle. Des possibilités existent pour alimenter les nouvelles installations. L’entreprise a toujours porté un intérêt important à la réutilisation de l’énergie. Mais la production d’énergie répond à des obligations.
Jamal HELWANI : 60% de l’énergie consommée est autoproduite par SOTRENOR, le reste vient de l’extérieur.
Pierre LOY, de l’association de Défense de l’environnement et du cadre de vie de Fouquières les Lens : l’entreprise produit-elle de la dioxine ? Est-il possible de brûler et de décontaminer des terres contenant des dioxines ? Le site sera-t-il classé SEVESO compte tenu du nombre de produits dangereux utilisés ?
Philippe POINAS : les produits générant plus de 50 ppm de dioxines sont refusés à l’entrée ou très limitées. 50 ppm est une valeur très faible. Les terres contenant des PCB4, forts générateurs de dioxines, ne sont pas traitées. Elles sont dirigées vers des installations très spécifiques aux températures très élevées.
Jamal HELWANI : deux à trois fois par an des contrôles vérifient les taux de dioxines. Ces mesures, réalisées par des laboratoires extérieurs, sont communiquées à la DRIRE.
Frédéric MODRZEJEWSKI, DRIRE : le site de SOTRENOR n’est pas classé SEVESO. Les quantités de produits dangereux induites par les nouveaux projets ne le classeront pas non plus en SEVESO.
Pierre LOY : l’agrandissement servira-t-il à stocker des produits dangereux ? Il n’est pas question d’ailleurs de les refuser mais la quantité sera sans doute assez importante pour classer le site Seveso.
Monsieur Frédéric MODRZEJEWSKI : les seuils de quantité de produits utilisés pour l’activité ou stockés sont fixés par un arrêté préfectoral. Les stockages prévus sont en dessous de ces seuils SEVESO. De plus le stockage ne sera pas permanent mais temporaires. Les limites de site SEVESO ne seront pas atteintes.
Pierre LOY : la DRIRE réalise-t-elle des contrôles sur la cheminée de SOTRENOR ?
Frédéric MODRZEJEWSKI : la DRIRE mission des organismes agréés pour effectuer ces contrôles. Les contrôles réalisés respectent les valeurs réglementaires.
Pierre LOY : la région connaît une forte présence de dioxines. C’est un produit cancérigène dangereux. Elles sont produites suite à la combustion à des températures telles que celles pratiquées chez SOTRENOR.
Philippe POINAS : une unité d’incinération ne fabrique que très peu de dioxines si très peu de produits permettant de les fabriquer arrivent à l’entrée. SOTRENOR en accepte mais dans une proportion très faible, très éloignée des propos tenus par
Monsieur Loy. Les usines sont également conçues de sorte à avoir un système de refroidissement et à piéger le reste sur les charbons actifs, système reconnu par tous les industriels.
Les capacités de stockage sont faibles pour le type de service proposé. Même si les quantités affichées peuvent paraître impressionnantes, elles ne sont pas énormes. Le déchet est une forme diluée et dégradée des produits chimiques de départ : cela signifie que les quantités sont en réalité bien plus faibles que celles qui sont craintes.
Jamal Helwani : à l’entrée 40% des liquides sont des eaux de lavages (90% d’eau et 10% de polluant). Les polluants qui restent en raison du stockage sont dans une quantité raisonnable.
Jean-Pierre WIRTGEN : le S3PI devrait organiser une réunion semblable pour METALEUROP. Des problèmes de SO2 perdurent depuis près de 2 ans.