M. Jean PEPIN, Président de la Commission Technique Eau, précise que la réunion de ce jour a pour objet la présentation du projet de captages d’eau sur la commune de Beuvry.
Il rappelle que le Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles de l’Artois couvre les trois arrondissements d’Arras, de Béthune et de Lens.
Le S. 3P. I. de l’Artois anime cinq thèmes : les risques industriels, l’air, l’eau, les déchets et les sites et sols. Les partenaires en sont : les services de l’Etat, les Elus, les Associations, les Médias, les Industriels et les Experts. Cette structure s’appuie sur les principes de concertation, de transparence et d’information ; il s’agit d’un lieu neutre pour favoriser les débats.
La réunion de ce jour, qui s’inscrit dans le plan d’actions de la Commission Technique Eau, a pour objectif d’informer sur les captages d’eau et sur l’application des procédures, avant la mise en enquête publique.
L’ordre du jour est :
? Les ressources en eau, présentées par M. Daniel BERNARD ? Agence de l’Eau
? Le projet de captages, présenté par M. Michel RIVIERE ? Communauté
d’Agglomération de Lens-Liévin
? La procédure, présentée par M. Arnaud BRIZAY ? Mission Interservice de l’Eau
Les ressources en eau dans l’Artois
M. Daniel BERNARD Agence de l’Eau Artois Picardie
Les ressources en eau peuvent être abordées soit par leur quantité d’eau disponible, soit par leur qualité. Dans ce cas, la référence est le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE).
Dans ses orientations générales, le SDAGE accorde la priorité à l’eau potable (cf annexes remises en séance).
Concernant les eaux souterraines, le SDAGE s’appuie sur des zones (unités hydrogéologiques) réparties selon les grands domaines de la nappe de craie.
Le domaine, à l’actualité de ce jour (point 5 sur la carte) se trouve à proximité d’une zone argileuse où la nappe est captive. Les actuels prélèvements de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin sont réalisés sur cette unité. Les prélèvements sur les forages de Beuvry sont des remplacements, en termes de volumes disponibles.
Cartes : qualité de l’eau en fonction des teneurs en nitrates et triazines.
Les nitrates
Au nord du secteur hydrogéologique concerné,, les teneurs en nitrates avoisinent 0 mg/l (dénitrification naturelle).
Dans le secteur des captages actuels, les teneurs en nitrates dépassent largement les 50 mg/l
Remarque : Les nitrates sont une alerte à la pollution et laissent envisager d’autres effets de pollution.
Les triazines
Au sud, dans le secteur où la nappe est libre, les teneurs en tri-azine dépassent les normes actuelles de potabilité.
Au nord, la nappe captive est protégée, par l’épaisse couche d’argile, contre la migration des triazines.
Projets de captage
M. Michel RIVIERE Communauté d’Agglomération de Lens Liévin
Schéma : Captages situés dans l’agglomération
? Verticalement : teneurs moyennes en nitrates des différents captages, situés
dans l’agglomération de Lens-Liévin
? Horizontalement : nombre de mètres cubes produits, chaque jour, par captage
La moyenne générale de la teneur en nitrates est de 59 mg/l avec des écarts importants selon les communes. Certains niveaux atteignent, voire dépassent, les 100 mg/l.
Carte : Teneurs en nitrates de la nappe de la craie
Les cercles représentent la production moyenne annuelle d’eau.
En partie sud, les eaux sont relativement de bonne qualité mais elle est disponible en petite quantité.
Le seul ouvrage ayant pu être créé est celui de Avion ? Les Fourques. En 1999, les teneurs de ce site étaient égales à 42 mg/l, elles sont proches actuellement des 30 mg/l. Les forages de Vimy avoisinent également les 30 mg/l. A ce jour, environ 340 000 habitants du secteur de Béthune -Lens ne disposent pas d’une eau de bonne qualité.
Au nord, l’eau est excellente. Le forage du Rivage de Beuvry est situé au sud de la zone protégée. Le secteur de Wingles a un forage à 34 mg/l. Il est envisagé de déplacer les forages les plus mauvais.
L’Etat de la ressource en eau dans l’ancien minier :
La dégradation progressive de la nappe de la craie, actuellement seule ressource en eau potable de l’ancien bassin minier et l’évolution des normes de potabilité conduisent les autorités compétentes à déclarer de nombreux captages inaptes à la production d’eau à vocation alimentaire.
Depuis 1984, un programme de recherche a été engagé en partenariat avec le Conseil Général du Pas-de-Calais et l’Agence de l’eau Artois-Picardie.
Suite aux investigations, il apparaît que la meilleure solution, sur le plan technique et financier, consiste à abandonner progressivement les anciens captages et à procéder à une restructuration de la desserte en eau potable à partir de nouveaux forages implantés sur un secteur moins vulnérable. Sur les 25 sites de prélèvement de l’agglomération de Lens-Liévin, 12 ne sont pas protégeables et devront être abandonnés (il représentent 70 % de la ressource actuelle).
Carte : la modélisation, outil de gestion de la ressource
Ses objectifs :
? Vérifier la disponibilité de la ressource ( exploitation à des débits intéressants, exploitation en cohérence avec l’alimentation de la nappe)
? Calculer les impacts des prélèvements (les rabattements de nappe)
? Simuler une pollution industrielle
Le principal secteur réunissant les conditions requises est situé sur le secteur du ? Béthunois ’. Parmi les propositions de sites, deux ont fait l’objet de pompages afin de caractériser leur productivité et leur impact sur l’environnement : il s’agit des forages F4 et F5 sur la commune de Beuvry.
Les 2 forages F4 et F5 sont situés sur le territoire de Beuvry, dans la zone de captivité, protégée par l’argile. 3 autres forages ont été réalisés en 1988 et 1999 par le Conseil Général mais ont dus être abandonnés suite à des fuites dans le canal.
Les essais de débits réalisés en novembre 1995 ont permis d’envisager une exploitation de l’ordre de 13200 m3/ jour sur les deux forages F4 et F5.
Cartes : ? Simulation des rabattements de la nappe ?
La simulation a permis de calculer les rabattements possibles de la nappe. Elle prend en compte l’accroissement de la production suite à la création de ces deux nouveaux forages F4 et F5. Les courbes correspondent à 13200 m3 pompés par jour, elles représentent les zones de rabattement. La courbe de 1 m correspond au secteur, dans lequel les nouveaux ouvrages auront de l’influence sur les captages existants. Ces impacts devront être compensés.
? pour les industriels et pour les ouvrages communaux, les crépines des pompes sont suffisamment profondes
? pour les deux étangs particuliers, l’installation de pompes souterraines pourra maintenir le fonctionnement normal
? pour les forages agricoles, aucun problème n’est apparu
? la zone de marais pourrait poser problème
Le projet propose des débits d’exploitation de 9600 m3/jour et non plus de 13200 m3/jour pour ne pas dénoyer localement la nappe de la craie.
Les impacts sur les eaux souterraines et superficielles sont réversibles : le niveau d’eau revient à la normale dès l’arrêt des pompages.
Les nouveaux pompages permettront, en premier lieu, de fournir une eau d’excellente qualité aux communes de Beuvry. L’excédent sera acheminé vers Lens afin de fournir une eau respectant la norme de 50 mg/l, en le mélangeant à de l’eau actuellement prélevée.
Carte : Unités de distribution actuelles et phasage du programme
Le forage des Equipages à Liévin sera arrêté ; il n’a pas de teneur en nitrates dramatique (63 mg/l) mais il reste fragile depuis l’épisode de pollution par hydrocarbures de juillet 1999.
Le programme de mélange comprend plusieurs étapes :
Phase 1 : raccordement de Beuvry (9200 habitants), de Noeux, de Hersin et de la
Fontaine de Bray, soit 55% de 43800 habitants
Phase 2 : liaison avec le réservoir de Liévin, soit 31% de 56000 habitants
Phase 3 : raccordement de Lens ? bas service ’, soit 6% de 64000 habitants.
Il permettra à terme de fournir une eau conforme pour 173 000 habitants. Une partie de la problématique sera réglée.
Schéma : Simulation de l’impact de F4 et F5 sur les teneurs moyennes en nitrates
? Verticalement : teneurs moyennes en nitrates des différents captages, situés
dans l’agglomération de Lens-Liévin
? Horizontalement : nombre de mètres cubes produits chaque jour par captage
La moyenne générale passe de 59 mg/l à 45 mg/l. Certains ouvrages restent de très mauvaise qualité (Lens, Hulluch, Vendin, Wingles).
Les forages F4 et F5 sont insuffisants pour résoudre tous les problèmes.
Cartes : Réseau de surveillance et périmètres de protection
La loi sur l’eau du 3 janvier 1992 et les nombreux Décrets relatifs à l’utilisation d’eau prélevée fixent des garanties de pérennité de la ressource et une obligation de protection et de surveillance.
Il est prévu, à ce titre :
? d’installer une série de piézomètres pour vérifier la qualité sanitaire des ouvrages
? de créer un second réseau pour évaluer l’impact des ouvrages sur les eaux de surface.
? de mettre en place un troisième réseau de surveillance veillera à la protection de la partie captive de la nappe, en cas de pollution industrielle et au bon fonctionnement du mécanisme de dénitrification.
Des périmètres de protection seront également installés en zone agricole :
? 2 à proximité des ouvrages implantés (ouvrages pour les essais qui seront
définitifs)
? 1 périmètre rapproché
La mise en service progressive des réseaux de surveillance ainsi que des mesures préventives et compensatoires seront soumis au contrôle d’un Comité de Suivi.
Dans le cadre de ces procédure d’autorisation, le projet est soumis à enquête publique. L’enquête conjointe sera prochainement organisée.
Procédures et comité de suivi
DISCUSSION
M. Henri BAILLEUL, Président de HERSIN NATURE, note que le principe, défini par la politique environnementale pour les ressources, repose sur le développement durable. Il s’interroge sur le respect de ce principe pour le projet de captages de Beuvry, à savoir prendre ailleurs ce que l’on n’a pas chez soi.
Pour approvisionner la population en eau potable et favoriser un développement durable, M. Henri BAILLEUL propose de rechercher de l’eau sur d’autres secteurs que ceux de Lens-Liévin, à condition de se fixer une échéance à 25 ou 30 ans, dans le but de restaurer la qualité de la ressource naturelle en eau (rivières, réseau hydrographique). Une autre possibilité proposée par M. Henri BAILLEUL concerne les mesures alternatives. Il propose, par exemple, d’utiliser massivement de l’eau de pluie pour les tâches d’entretien grâce à des citernes de récupération.
M. Henri BAILLEUL s’interroge également sur les risques éventuels d’avoir sur les nouveaux captages, une eau pauvre en nitrates mais riche en pesticides, dans une dizaine d’années.
M. Daniel BERNARD reconnaît n’avoir aucune certitude concernant les pesticides. D’après les bureaux d’étude, qui ont réalisé des recherches sur les nitrates, il est primordial de ne pas dépasser les capacités d’épuration naturelle.
Les pesticides sont des molécules complexes de type organique. On peut s’attendre à la dégradation de ces molécules dans les mêmes conditions que les nitrates mais à l’heure actuelle, il n’existe aucune certitude.
Les molécules de tri-azines ont la durée de vie la plus longue (3 ans) ; elles seront prochainement interdites comme certaines autres molécules à durée de vie longue. En effet, le principe de précaution consiste à n’utiliser que des molécules de durée de vie courte.
M. Henri BAILLEUL demande si le District oriente sa politique vers l’utilisation en ressources alternatives.
M. Michel RIVIERE précise que les deux principales causes de dégradation de la nappe phréatique dans l’ancien bassin minier sont :
? Le défaut de raccordement des habitations
? Les friches industrielles
Sur l’agglomération de Lens-Liévin, en 1980, deux industriels produisaient autant de nitrates que le reste de l’Agglomération, Norsk hydro à Liévin et Grande Paroisse à Mazingarbe.
Aujourd’hui, Norsk hydro est fermée et Grande Paroisse a réduit considérablement les nitrates.
Suite aux efforts de raccordement à l’égout et à la construction de stations d’épuration, des analyses comparatives ont été réalisées et ont montré que les teneurs en nitrates étaient toujours aussi élevées. Des actions significatives pour l’assainissement ont donc été menées par les industriels et par l’agglomération mais il faudra du temps avant de constater de réelles améliorations.
En ce qui concerne l’économie d’eau, les élus du Lensois et du Béthunois ont signé un protocole d’accord en mars 1999, qui vise à promouvoir des techniques alternatives de consommation d’eau.
Leurs applications débutent dans l’agglomération de Lens-Liévin, par exemple :
? pour la rénovation de cités minières sur le territoire de Grenay ’Loos-en-Gohelle, des citernes de récupération d’eau de pluie ont été installées
? la charte environnementale de la ville de Liévin a prévu de récupérer le forage des Equipages (qui sera arrêté, suite à la pollution par hydrocarbures) pour l’arrosage des espaces verts.
M. Yvan DRUON, Maire de Harnes, précise que le problème des ressources en eau implique également celui des ressources financières. Le coût de traitement des eaux polluées ne peut pas être totalement pris en charge par la population.
Le cumul de tous les problèmes (abandon des houillères et des friches industrielles, taux de chômage conséquent,’) montre qu’il n’est pas envisageable d’augmenter la pression fiscale. Il note qu’il est également question d’un problème de santé publique et donc de solidarité nationale.
Les pouvoirs publics nationaux doivent être interpellés sur l’aspect financier et pas seulement sur leur rôle de conseil et de censure.
M. Michel THOMAS, Président du GIQAE Artois, souligne que les richesses en eau existent dans le périmètre, dont il est question mais que leur qualité s’est dégradée. Le rapport technique semble renoncer à toute nouvelle intervention pour restaurer la qualité de l’eau de ces forages, menacés de fermeture. Or les efforts réalisés par les industriels montrent que la science est capable d’apporter des améliorations, il considère que la technologie de l’eau doit dissuader de renoncer aussi vite. M. Michel THOMAS s’interroge sur l’existence d’autres alternatives. Aux Etats Unis, par exemple, interviennent des doubles réseaux ; l’eau potable n’est pas nécessaire, par exemple, pour l’entretien des voitures ou encore pour les interventions des services d’Incendie.
v
M. Daniel BERNARD note que le réseau français de distribution d’eau potable est de bonne qualité mais commence à vieillir et le remplacement des équipements est onéreux. L’amortissement de l’investissement intervient sur la facture d’eau.
Dans le bassin Artois-Picardie, l’augmentation de la fiscalité, des redevances ainsi que les travaux d’assainissement alourdissent la facture d’eau actuelle.
Le financement de réseaux parallèles impliquerait probablement le doublement de la facture d’eau et cette solution n’est donc pas envisageable actuellement.
En ce qui concerne les travaux nécessaires sur les captages actuels, la réponse est multiple.
Tout d’abord, l’aspect technique permettrait de traiter l’eau en teneurs élevées de nitrates mais ce pose le problème de durabilité et de coût.
Le traitement des captages pollués est possible mais la réglementation évolue et pourrait fixer de nouvelles normes pour d’autres paramètres, ce qui nécessiterait d’autres modes de traitement et la construction d’unités de traitement liés à ces nouveaux paramètres. Cette solution entraînerait, par conséquent, une augmentation régulière de la facture d’eau.
D’un point de vue administratif et juridique, l’alimentation en eau potable se différencie de l’alimentation en eau industrielle. Les industriels sont soumis à l’auto ? surveillance : ils surveillent l’eau, savent la traiter et la réutilisent pour leur process mais il ne s’agit pas d’eau potable.
Pour les captages d’eau potable, destinés à la consommation humaine, les périmètres de protection sont obligatoires. Les captages doivent être conformes aux recommandations de l’hydrogéologue agréé et de l’administration pour pérenniser la potabilité de l’eau. Le problème ne se pose pas en terme de quantité d’eau mais de qualité et cette difficulté conduit les collectivités à chercher leurs ressources en eau potable de plus en plus loin.
M. Daniel BERNARD considère que cette politique est sans issue et que des mesures préventives devront être prises. La Directive Cadre, prévue pour 2001, apportera des prescriptions à ce sujet.
M. Bernard BLONDEL, Vice-Président Délégué aux Affaires eau potable ? SIVOM du Béthunois, note que cette réunion est une phase de consultation pour une enquête administrative suite à la demande de la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin. Il regrette que le rôle précurseur du SIVOM du Béthunois et du Syndicat mixte n’ait pas été rappelé, en ce qui concerne les ressources en eau sur le secteur.
M. Bernard BLONDEL considère que le besoin d’eau potable de la Communauté de Lens-Liévin est réel et que le projet des captages F4 et F5 devient urgent. Il précise également que le projet de nouveaux captages ne concerne pas uniquement la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin mais bien un secteur plus vaste. Le SIVOM du Béthunois ainsi que le Syndicat mixte avaient décidé de gérer, en commun, les ressources en eau. Suite aux prélèvements réalisés sur Beuvry, ils ont suggéré de mélanger les eaux de moins bonne et de meilleure qualité et ont transmis leurs observations à la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin.
M. Michel RIVIERE rappelle que les unités de distribution ont montré l’hétérogénéité des sources d’approvisionnement et la nécessité d’effectuer des mélanges. La Communauté d’agglomération de Lens-Liévin réalise déjà des mélanges, par exemple, pour l’eau des trois forages de Wingles (un à 120 mg/l, un à 64 mg/l et un à 34 mg/l).
v
M. Jean PEPIN souhaite des précisions sur le raccordement, de Beuvry jusque Lens.
M. Michel RIVIERE précise que l’adduction de la nouvelle conduite de Lens et de l’ancienne conduite de Noeux-les-Mines se croisent, le mélange est donc prévu à ce croisement.
M. Bernard BLONDEL souligne que le cadre de la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin est largement dépassé.
M. Michel RIVIERE a rappelé, qu’à la demande de l’association Eau Artois, 35 000 personnes, n’appartenant pas à l’Agglomération de Lens-Liévin sont intégrées dans la première phase (au total, 53 000 personnes sont concernées par la mise en service de la première phase).
M. Robert TROUVILLIER, Secrétaire Général de Nord-Nature et Président de Béthune-Nature, considère que l’ouverture et la fermeture des forages est une fuite en avant, datant de plus de 20 ans. Il ajoute que Nord Nature avait signalé la nécessité de changer de politique concernant l’eau et s’étonne que leurs remarques n’aient pas été prises en compte.
La décharge d’Hersin-Coupigny rejette dans l’Allouagne des eaux purifiées, grâce à l’osmose inverse et M. Robert TROUVILLIER estime que le traitement des eaux est réalisable pour en assurer la potabilité. Les puits d’eaux nitratées doivent être utilisés pour des applications industrielles et d’entretien.
Il s’étonne également de la fermeture de la station d’épuration des Equipages sans qu’on ait cherché à identifier la source de pollution en hydrocarbures. Il propose de rechercher les sources de pollution, d’encourager le lagunage après les stations d’épuration et de prévoir les mesures de compensations en cas d’assèchement des marais ou en cas d’arrêt du mécanisme naturel de dénitrification.
M. Michel RIVIERE indique qu’un dérèglement du mécanisme de dénitrification naturelle de la nappe, occasionné par les ouvrages, entraînerait obligatoirement leur arrêt.
M. Robert TROUVILLIER insiste sur la nécessité de prévoir des mesures pour filtrer l’eau de Lens. Qu’est-il prévu en cas de perturbations des mécanismes de dénitrification ?
M. Michel RIVIERE reconnaît qu’il n’existerait aucune autre solution, actuellement, que celle de remettre en fonctionnement les anciens forages.
Il rappelle qu’un comité de suivi sera mis en place après validation des services préfectoraux et aura donc une base juridique. Ce comité de pilotage prendra connaissance des résultats des différents réseaux de surveillance et suggérera des propositions au Préfet. En cas de perturbations importantes, le Préfet pourra imposer la diminution de la production.
M. Jean PEPIN rappelle la question de M. Robert TROUVILLIER concernant la source de pollution par les hydrocarbures du captage des Equipages.
M. Michel RIVIERE répond qu’une procédure est en cours et que des expertises ont été faites. Le pétrolier voisin du forage, est assigné en justice.
M. Bernard RAMACKERS, Chef du GS de Béthune ? DRIRE, rappelle que l’opération, sur les friches et sur les installations anciennes, sera concluante si les captages sont convenablement protégés. En cas de pollution, la population ne doit pas être privée d’eau potable. Il ajoute qu’une usine est plus sécurisante que les mécanismes naturels. Le captage des équipages est ancien et n’avait pas été réalisé dans les meilleures conditions hydrogéologiques. Aujourd’hui, il s’agit d’un captage non protégeable et l’incident de la station service, à proximité immédiate, a eu une influence directe sur le captage. Il n’est donc plus utilisable.
En réponse à la question de M. Robert TROUVILLIER sur les marais, M. Michel RIVIERE considère qu’une influence des captages sur les marais entraînerait une diminution des débits prélevés ou l’examen d’autres solutions (en cas de rabattement de nappes sur les marais). L’objectif principal est de préserver les ressources existantes.
M. Jacques GOHIER, Président de l’Association pour la sauvegarde des puits artésiens, attire l’attention sur les forages ouest et sud-ouest, réalisés par le District de Lens-Liévin, sur les sites de Vendin-les-Béthune et de Chocques. Il souligne la nécessité d’être prudent pour mettre en service des forages.
2 de ces 3 forages ont été installés près d’une décharge. Le forage de Vendin a, par exemple, été installé sur un terril et sur un puit de mines. L’installation de forages peut s’avérer dangereuse s’il n’y a pas de concertation entre les différents partenaires. Il questionne M. Michel RIVIERE sur la capacité de l’unité de traitement de déferrage et souligne que l’eau prélevée aura des teneurs en fer trop élevées pour être distribuée en l’état.
M. Michel RIVIERE signale que la capacité de l’unité de déferrisation sera égale à la celle du forage, soit 9600 m3/jour (400 m3/heure).
Mme Blanche CASTELAIN, Vice-Présidente de Nord Nature, souhaite des précisions sur les efforts de la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin, concernant le traitement des eaux usées. Elle mentionne le problème d’une rue, située à Angres, qui est raccordée à aucun réseau (gaz, assainissement). Cette rue appartient soit à la SOGINORPA, soit aux Charbonnages de France et n’est pas gérée par la commune.
M. Yvan DRUON note qu’il s’agit d’un problème social de ressources et d’identification des responsables. Avant d’installer des circuits et des doubles réseaux, il faut identifier les responsables qui paieront ces installations. Les solutions sont coûteuses et doivent être envisagées sur le long terme. Il rappelle que la loi mentionne le droit à chacun de disposer d’eau potable et le devoir d’alimenter les citoyens. Le problème avant d’être technique, est d’abord un problème politique et social.
M. André FLAJOLET, Président de la Commission locale du SAGE de la Lys, rappelle que le SAGE de la Lys représente 26 communes. La réunion de ce jour a pour objectif de présenter le projet de captages et de recenser les avis sur le projet en cours.
Il s’agit par conséquent de s’interroger sur l’acceptation du pompage de 9600 m3/jour d’eau potable au lieu de 13200 m3/jour, prévus en 1995. Il rappelle que le SAGE de la Lys avait demandé à la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin de réaliser des efforts de reconquête et d’économie sur leurs propres espaces et d’installer des taquets de vérification lors du pompage. La Communauté d’agglomération de Lens-Liévin a respecté ces mesures et les développera en continu.
M. André FLAJOLET demande que les mesures de compensations, évoquées précédemment, pour les victimes de rabattement de nappes, soient mentionnées dans le procès-verbal. Il rappelle que la Communauté d’agglomération a promis, si des besoins supplémentaires s’avéraient nécessaires, d’engager une nouvelle procédure.
M. Jean Marie BOCQUET, Responsable du secteur de Béthune ? FDSEA, regrette que les agriculteurs n’aient pas été associés à ce projet, notamment en ce qui concerne la zone de captage. Il demande également si des mesures sont prévues en cas de problèmes d’irrigation.
M. Arnaud BRIZAY indique que les agriculteurs sont intégrés dans le Comité de suivi. Il ajoute que les agriculteurs pourront continuer d’irriguer. Si le marais se dessèche ou si la dénitrification s’interrompt, les débits pompés seront dans un premier temps diminués, l’arrêt des pompages pouvant être envisagé si les désordres constatés perdurent. Ceci se fera au travers d’un arrêté préfectoral, sur proposition du comité de suivi. M. Erick CARLIER, Hydrogéologue agréé et Chercheur à l’Université de l’Artois, a réalisé une expertise pour les éventuels problèmes d’épandage d’effluents d’origine agricole. Il précise qu’aucune contrainte est imposée pour l’utilisation des engrais puisque les forages F4 et F5 bénéficient des 15 mètres d’argile de Louvil.
M. Joël FILY, Sous-Préfet de Béthune, considère que les agriculteurs, concernés par l’enquête parcellaire et les périmètres de protection, doivent être associés rapidement, avant la mise en place du Comité de suivi.
M. Patrice BRISSET, Chef du groupement II ? SDSIS 62, souligne que le SDSIS avait travaillé sur un schéma de défense incendie, pour la zone de Beuvry et la zone industrielle sur laquelle sont implantées les usines Firestone et Schenectady. Dans ce schéma, il avait recensé tous les points de captages et les niveaux de surface.
Les essais réalisés en 1997 ont montré l’intérêt d’utiliser d’autres systèmes que les eaux de surface. Il souhaite que la collectivité locale n’ait pas en charge l’installation des réseaux d’incendie, d’autant que les nappes de surface seront inexistantes.
M. Patrice BRISSET demande si les assèchements pourraient provoquer des glissements de terrains et si les pompages excessifs pourraient par exemple, engendrer des contaminations bactériologiques dans l’argile.
M. Erick CARLIER indique, qu’à l’heure actuelle, aucune réponse ne peut être apportée sur les risques de tassement. Ils dépendent du comportement de l’eau de la nappe des sables et de l’eau de la craie.
? Le cas le plus favorable : la couche d’argile imperméable, de 15 mètres, déconnecte les deux nappes ; le pompage de l’eau de la craie ne provoque pas de drainance verticale descendante, de la nappe des sables vers la nappe de la craie. Par conséquent, les tassements en surface seraient alors dus aux problèmes de sécheresse (diminution de l’eau par évapotranspiration) et non aux pompages.
? Le cas le plus pessimiste : soit les 15 mètres d’argile ne sont pas présents partout et à certains endroits, le sable est directement sur la craie ; soit il ne s’agit pas d’argile franche mais d’argile semi-perméable, provoquant une drainance de la nappe des sables vers la nappe de la craie ; les pompages induiraient alors une drainance (processus de tassement).
M. Erick CARLIER signale que des tassements ont eu lieu, autrefois, sur les secteurs de Beuvry et s’expliquent selon 3 hypothèses :
? Re profilage de l’Allouagne, générant la drainance des eaux superficielles, contenues dans la tourbe
? Affaissement minier
? Captages de la nappe de la craie
Le risque de tassement dépend de la couche d’argile franche et de sa nature imperméable ou semi-imperméable. M. Erick CARLIER ajoute que des essais seront, par conséquent, nécessaires, notamment lors de la mise en place de piézomètres au niveau de la nappe des sables. Il est prévu d’installer des piézomètres sur les marais de Beuvry pour surveiller leurs niveaux d’eau en fonction des pompages. Il souligne que le réseau de surveillance permettra de répondre à ces questions.
M. Robert HAZEBROUCK, Maire de Beuvry, constate qu’actuellement, aucune garantie peut être apportée pour les risques de tassements.
Un plan est en cours de validation par les Services de Défense Incendie, il est prévu par exemple d’installer des citernes ou de réaliser des pompages, directement dans le milieu naturel. M. Robert HAZEBROUCK souhaite trouver des compensations en cas de nécessité.
M. Michel THOMAS ne remet pas en cause le projet de captages pour alimenter la population en eau potable mais regrette que le rapport n’ait pas davantage élargi la réflexion, autour des besoins sur le long terme. Il s’interroge sur les ressources qui seront disponibles dans plusieurs années pour répondre aux besoins de la population et ceux de l’industrie.
M. Daniel BERNARD précise que la ressource en eau souterraine se renouvelle régulièrement. Si des effets négatifs apparaissent sur la tourbe, sur la stabilité du terrain ou sur les eaux des marais, des arrêtés seront pris pour limiter l’usage de l’eau.
M. Michel RIVIERE ajoute que les besoins, à long terme, ont évidemment été évalués ; la question est de savoir à quels contextes ils répondent. Le projet, présenté aujourd’hui répond aux scénarios les plus faciles mais il reste encore des inconnues. Il convient, dans un premier temps, de mettre en place le Comité de suivi et de valider sur le terrain le dispositif, sachant que le projet est défini pour des besoins de l’ordre de 40 000 m3/ jour et contribue à desservir 9600 m3/ jour.
M. Jean Marie DEALET, Maire de Vermelles, indique que la commune de Vermelles est directement concernée par le projet et souhaite que celui-ci aboutisse rapidement. Il partage les inquiétudes sur l’arrêt des forages et s’interroge sur les risques de créer d’autres zones de marais que celles de Cambrin et d’Annequin ainsi que sur les précautions qui doivent être envisagées.
M. Michel RIVIERE reconnaît qu’il est probable que l’arrêt des forages de la Fontaine de Bray se traduisent par une remontée de la nappe phréatique. Il faudra observer le fonctionnement du Surgeon, exutoire naturel de la nappe phréatique.
M. Henri BAILLEUL évoque la nécessité de réaliser un plan hydrogéologique général, sur le secteur de Lens-Liévin dans une perspective de 10 ans pour clarifier notamment le devenir du Surgeon et sa relation avec la nappe phréatique.
M. André FLAJOLET précise qu’il s’agit des objectifs du SAGE et espère que la création du syndicat mixte permettra de prendre en compte ces questions.
Il s’interroge sur les débits envisagés, soit 9600 m3/ jour et sur la réalité de cette quantité qui sera distribuée. Il observe qu’une prise de conscience collective est effective aujourd’hui alors qu’en 1998, les 226 communes interrogées n’étaient pas favorables à ces travaux.
M. Bernard BLONDEL ajoute que le SIVOM du Béthunois était le précurseur pour effectuer une étude d’ensemble évaluant les ressources, au-delà de l’arrondissement. Les besoins du secteur de Lens dépassent largement 9600 m3/ jour. L’étude de cette première tranche sera suivie par d’autres et M. Bernard BLONDEL s’interroge sur la possibilité de modéliser plusieurs tranches afin de déterminer un prélèvement maximal et définir un seuil critique, au-delà duquel des pompages ne doivent pas être réalisés.
Il demande ensuite qui sera chargé d’exploiter les forages et l’usine de déferrisation, s’agira-t-il d’un établissement public ou privé ?
M. Michel THOMAS demande combien coûteront ces opérations.
M. Michel RIVIERE précise que les études budgétaires ont porté sur une base large et dépassaient le cadre de l’opération. Le projet global correspond à 200 000 millions de francs et le coût de l’opération, pour les forages F4 et F5, est estimé à environ 50 millions de francs.
M. Jean PEPIN rappelle la question sur l’identité du financeur de ce projet.
M. Michel RIVIERE indique que le coût sera reporté sur le prix de l’eau et donc sur les factures d’eau des consommateurs.
M. Jacques GOHIER a relevé le montant des marchés du District de Lens-Liévin des marchés d’avril 1993 à 1997. Pour les piézomètres, les forages et les conduites, il estime le total à 54 millions de francs, toutes taxes comprises.
M. Bernard BLONDEL évoque le déroulement de l’Enquête Publique et souhaite que les conclusions du Commissaire Enquêteur soient transmises aux particuliers, ayant répondu à l’Enquête Publique.
M. Jean PEPIN remercie les participants pour la convivialité des débats. Il souligne que les besoins en eau sur le District de Lens-Liévin sont réels et que l’ensemble des partenaires a le devoir d’y trouver des solutions. Le questionnement s’oriente vers la prise en compte des conséquences de cette première phase. Le comité de suivi précisera, grâce aux éléments de mesures, les points sur lesquels il faudra être particulièrement attentif. La seconde interrogation concerne les autres alternatives possibles, pour gérer ces ressources en eau, tant sur l’aspect qualitatif que quantitatif.
M. Jean PEPIN invite les participants à se réunir, lors d’une prochaine Commission Technique EAU, pour évaluer les premiers résultats de l’enquête publique et du Comité de Suivi.