Restitution des Etudes menées par la Commission Technique Risques depuis 2001
Eric DE WISPELAERE, représentant de Joël FILY, sous-préfet de Béthune
Trois thèmes sont à l’ordre du jour :
– la campagne d’information sur les risques technologiques majeurs, menée par la SOFRES
– l’étude acoustique des sirènes d’alerte dans les rayons PPI des sites à risques, menée par le bureau d’étude SIM Engineering & Soft
– l’amélioration du dispositif d’alerte des populations
Andrée DELRUE, responsable du S3PI de l’Artois
En mai 2001, le S3PI de l’Artois a mené une campagne d’information : environ 63 000 plaquettes ont été distribuées dans les foyers postaux des résidents des périmètres PPI des sites SEVESO. Le S3PI a souhaité analyser, via la SOFRES, l’impact de cette campagne d’information et voir comment les supports ont été perçus par la population pour optimiser une campagne future. L’étude réalisée au dernier trimestre 2002 sur les dispositifs d’alerte des sites à risque de l’Artois a été menée par SIM Engineering. Les populations y ont été associées.
Enquêtes quantitative et qualitative de perception de la campagne d’information sur les risques technologiques majeurs
Mademoiselle MARC SOFRES
1. Le dispositif d’étude mis en place par la SOFRES
L’étude mise en place pour le S3PI de l’Artois a été réalisée en deux temps :
– évaluation du niveau d’information de la population et de sa perception du risque industriel avant la campagne d’information
– mesure de l’impact de la campagne d’information sur la population
1.1. Inquiétudes des riverains
La première étape a été réalisée en avril 2001 par un sondage d’opinion. 500 interviews ont été réalisées par téléphone auprès des riverains des sites à risque sur un échantillon représentatif des populations de ces collectivités. Cette enquête a montré que les Artésiens se sentaient inquiets et mal informés. Une campagne de communication a donc été lancée au mois de juin 2001 : des plaquettes ont été envoyées, un film a été réalisé à destination des écoles.
1.2. Un bilan de la campagne de communication
Après réception de la documentation par les populations, la SOFRES a procédé à la seconde étape. Elle a dressé un bilan de cette campagne reprenant ses forces et ses faiblesses. L’étape a été réalisée en deux temps :
– une étude quantitative semblable à celle d’avril a été réalisée en décembre. L’échantillon était similaire (500 personnes interrogées par téléphone). Un traitement informatique spécifique a été appliqué : les 28 communes ayant reçu la plaquette ont été isolées sur le plan statistique pour comparer les comportements et les réponses avec la première étude.
– En juin 2002, une étude qualitative a été menée. Des riverains des sites, choisis parmi ceux qui semblaient les plus sensibles aux risques industriels (les moins aisés étaient plus inquiets d’après l’étude quantitative), ont été réunis. Pendant trois heures, leurs opinions ont été recueillies. Ces dernières se structurent par âge : les plus jeunes se montreraient moins inquiets que les plus âgés. Deux tables rondes ont été menées : une avec des gens âgés jusqu’à 45 ans, l’autre avec des gens plus âgés (de 45 à 65 ans).
2. Résultats de l’enquête quantitative
Les résultats seront toujours présentés en distinguant la première vague (avril 2001), la seconde vague (décembre 2001) et le focus (résultats sur les 28 communes qui ont été exposées à la communication).
2.1. Les riverains se sentent plus concernés
Deux thèmes parmi ceux présentés (environnement, pollution, risques...) évoluent en particulier :
– le risque industriel : la préoccupation passe de 61% à 67%, évolution à lier avec l’explosion qui a eu lieu à Toulouse entre les deux vagues d’enquête (dans toutes les études qui ont été menées sur le risque industriel, ont note une augmentation de cette crainte).
– la pollution de l’air (la préoccupation passe de 63% à 77%).
2.2. Le niveau de confiance augmente
Le niveau de confiance des habitants a été mesuré : il leur a été demandé s’ils avaient l’impression que, dans leur région, la question des risques industriels avait été examinée. La confiance est un peu en hausse (elle passe de 41% à 45%). Dans les 28 communes qui ont bénéficié de la campagne d’information, la confiance est plus marquée (50% contre 39% pour les autres communes). L’inquiétude est toujours présente parmi les populations.
2.3. Le bilan de la campagne de communication réalisée en avril est plutôt positif
2.3.1. Les initiatives pour prévenir les risques sont mieux connues
La connaissance des initiatives prises dans la région pour prévenir les risques a nettement progressé. Dans les 28 communes informées, 48% des habitants sont capables de citer une initiative prise pour prévenir les risques d’accident. Une personne sur quatre signale avoir reçu des brochures. L’impact des efforts de communication est important.
2.3.2. Les riverains semblent mieux préparés en cas d’accident
Il a ensuite été demandé aux habitants s’ils se sentaient informés sur la conduite à tenir en cas d’alerte venant d’un site industriel. Les riverains se sentent très démunis par rapport à cette question, même si on note une nette progression entre les deux études. Cet effet est à noter dans toutes les études menées sur ce sujet : les gens se sentent systématiquement mal informés et plus ils sont informés, plus ils deviennent exigeants. Une fois la campagne menée, les gens sont plus opérationnels : ils sont souvent capables de citer plus de moyens utilisés pour l’information en cas d’accident industriel, de citer des choses exactes (ils sont interrogés sur ce point par des questions ouvertes).
Beaucoup de gens se focalisent sur l’alerte (alarme, sirènes, haut-parleurs de la mairie) alors qu’avant la campagne d’information, les réponses étaient souvent concentrées sur les acteurs (le maire, les pompiers). Désormais, elles sont davantage orientées vers les moyens et dispositifs mis en oeuvre. Cependant seulement 7% des interviewés (9% dans les communes informées) sont capables de donner une description approchante de la sirène.
2.3.3. Des réflexes dangereux persistent
La consigne demandant de se calfeutrer chez soi est bien intégrée, puisque près d’un interviewé sur deux en a connaissance. Les réflexes grégaires restent nettement présents (courir chercher ses enfants à l’école, prendre sa voiture pour s’éloigner du danger ...) : ces réflexes sont dangereux et engendrent généralement la panique. 11% des habitants des communes informées savent que la radio peut diffuser des informations (en nette progression).
3. Résultat de l’enquête qualitative
3.1. L’impact de la communication réalisé en avril est pérenne
3.1.1. Les populations se souviennent de la campagne de communication
Pendant la seconde vague d’enquêtes, il a été demandé aux habitants s’ils se souvenaient avoir reçu les plaquettes distribuées à partir du mois de juin. La communication a été diffusée en été et l’étude a été menée l’hiver suivant, après un écart de temps important. Dans les 28 communes, une personne sur deux se souvient avoir reçu la communication, ce qui est relativement important. Beaucoup l’ont conservée (dans un meuble, affichée chez eux), ce qui est une bonne chose. Les gens se souviennent majoritairement qu’il faut se calfeutrer chez soi.
Les riverains on envie d’être informés précisément sur les risques potentiels et la manière de s’y préparer. La demande d’informations sur le comportement à adopter en cas d’accident diminue : la campagne a donc comblé ce besoin. A présent, les gens veulent être mieux informés sur la nature des risques (une personne sur quatre), ainsi que sur la probabilité d’accident.
3.1.2. La confiance se tourne vers les pouvoirs publics
La confiance relative aux sources d’informations a peu évolué. Dans les études concernant le risque industriel, les pompiers font toujours l’objet de la plus grande confiance. D’une façon générale, la confiance se tourne vers les pouvoirs publics, nettement moins vers les autres acteurs. Les pompiers, la police, la gendarmerie et la mairie recueillent ainsi la confiance de plus de trois personnes sur quatre. La confiance dans les médias tombe à 46%, celle envers les entreprises industrielles chute à 37% (une augmentation de 8% est toutefois à noter suite de la campagne d’information). La DRIRE et le S3PI ont des scores de confiance très honorables, même s’ils restent inférieurs à ceux des pouvoirs publics.
La sensibilité des habitants de l’Artois au risque industriel a progressé grâce à cet effort de communication. La distribution de la plaquette a prouvé son efficacité : les gens se sentent davantage aptes à réagir en cas de risque industriel. Mais la plaquette à elle seule ne suffit pas : les riverains restent en attente d’informations. Les résultats de l’enquête sont donc plutôt un encouragement à diversifier et à poursuivre les efforts. Une meilleure mise en évidence de la " signature " S3PI pourrait crédibiliser cette institution auprès de l’opinion et renforcer l’impact de la communication.
3.2. La population se sent concernée par la santé et l’environnement
Lors des réunions de groupe (enquête qualitative), les gens ont été interrogés et ont discuté des risques industriels et de la communication menée. Le risque industriel n’est pas leur préoccupation première. Dans la région, la préoccupation majeure est le chômage. Les sites à risque sont très mal connus : beaucoup de riverains de ces sites étaient incapables d’en citer plus d’un ou deux, alors qu’ils vivaient tous autour de Lens, où la concentration de ces sites est forte.
Deux sujets d’inquiétude émergent spontanément, notamment chez les plus jeunes : le thème de l’environnement et celui de la santé. Les personnes interrogées ne disposent pas d’informations leur permettant de savoir s’il y a un danger pour la santé, mais un climat de crainte est installé. Les Artésiens côtoient le risque industriel, parviennent à le gérer quotidiennement parce qu’ils le relativisent. On note des remarques telles que : " On y pense quand il y a un accident, entre-temps on oublie ", " On est dans un coin où un volcan est endormi " ou " Nous sommes tellement habitués que nous n’y pensons pas. Nous passons devant tous les jours ".
3.3. Le besoin d’information existe : le potentiel du S3PI
Les gens connaissent peu de sources d’informations et sont peu capables de citer des initiatives mises en place. Ce manque d’information alimente directement la défiance, pour deux raisons :
– leur information est véhiculée par le bouche à oreille. Des rumeurs contradictoires circulent. Lors des réunions, on a entendu dire qu’il était impossible de cultiver des légumes dans son jardin car ils seraient contaminés. Une autre personne a affirmé qu’elle cultivait elle-même des légumes dans la même zone. Ces rumeurs sont très difficiles à gérer : elles traduisent les craintes des habitants.
– ayant le sentiment d’être peu informés, les habitants en déduisent une politique du secret : les pouvoirs publics et les médias seraient de connivence pour leur cacher des choses. Cela alimente une défiance très gênante qu’il faut éliminer pour pouvoir informer et protéger les gens en cas d’accident. Les gens veulent être rassurés : savoir agir en cas de problème, connaître les mesures de protection mises en place, les mesures à prendre en cas d’accident et des éléments pour comprendre les risques et s’y préparer. Les riverains aimeraient ensuite se familiariser avec les sites. Ils n’ont pas accès à ces endroits fermés, ce qui alimente leur défiance.
La communication mise en place a été perçue favorablement : les habitants ont trouvé l’initiative intéressante et même nécessaire : cela répond bien à un besoin. Cette information mérite d’être conservée et présente un intérêt permanent : " nous devons garder le document en cas de besoin, le garder sous la main car il dit quoi faire en cas de nécessité ".
Le S3PI n’est pas un acteur encore très connu mais a d’emblée une crédibilité en tant qu’acteur officiel. Cependant, il reste très discret : les gens ont donc du mal à identifier qu’il s’est chargé de la communication (beaucoup pensent qu’il s’agit du conseil général). Le S3PI étant constitué de différentes catégories d’acteurs, les riverains se demandent si les intérêts de tous ces acteurs sont convergents et si cette source pourra assurer leur sécurité le mieux possible. Le potentiel de crédibilité du S3PI pour la communication est réel. Une simple pédagogie autour de ses missions et de ses acteurs pourrait certainement affirmer cette légitimité.
3.4. La communication a été appréciée
Globalement, la communication a une forme accessible et très appréciée : elle est claire, pédagogique, comporte beaucoup de photos et d’illustrations qui facilitent la lecture et l’appropriation du message. Le ton choisi, porteur de réassurance, est très apprécié. Les gens souhaitent être rassurés. En revanche, la quantité de documents (une enveloppe contenant un courrier du préfet, une brochure détaillée sur tous les sites et sur des mesures de sécurité, une plaquette des conduites à tenir en cas d’accident industriel, une petite bande dessinée et une fiche " les risques industriels, la marche à suivre ") est apparue excessive pour les populations interrogées, réticentes à lire beaucoup. Un film a également été présenté à des scolaires.
Ces documents ont été bien ciblés et impliquants. L’accent a été mis sur les mesures à prendre en cas d’accident. Cela répond de façon évidente à une des questions que se posent les riverains. La communication a été ciblée sur les sites de proximité, qui intéressent les riverains. Ces derniers ne souhaitent pas être informés sur le risque industriel en général, mais savoir à quels risques ils sont personnellement exposés et comment ils doivent réagir sur leur site.
3.5. Certaines mesures de sécurité laissent perplexes
Les riverains craignent que les acteurs relais, censés les protéger en cas de risque industriel, ne soient pas prévenus et ne puissent pas agir :
– la plaquette présentait le plan SESAM. Selon les habitants, les enseignants ne sont pas à même de protéger leurs enfants en cas de risque industriel. C’est la raison pour laquelle ils auraient le réflexe d’aller chercher leurs enfants à l’école.
– ils se demandent si les commerçants leur ouvriront leurs portes pour les laisser entrer s’ils ne sont pas chez eux.
3.6. Analyse des supports de communication
Les documents étaient contenus dans une enveloppe qui était volontairement dans des tons bleus, peu alarmistes. La communication a perdu en impact à cause de cette couleur, parce que les gens ont pensé que les documents n’étaient pas très importants malgré leur caractère officiel. Cela ne les a pas incités à ouvrir l’enveloppe pour lire les documents.
Dans l’enveloppe se trouvaient :
– un courrier du préfet, qui a été très apprécié pour son ton non alarmiste. Cependant, le texte était un peu long et a seulement été parcouru. Les gens lisent rarement les documents en entier et ont tendance à se focaliser sur les éléments qui leur semblent les plus importants. Cette lettre du préfet apporte une légitimité et sa signature est importante.
– une plaquette, avec des logos sur la marche à suivre en cas d’accident. C’est le document qui a été le plus apprécié : il est clair et opérationnel. Il peut être conservé facilement et on peut l’afficher chez soi. Il était le plus parlant et le plus accessible.
– la petite bande dessinée a été moins appréciée par les adultes : ils l’ont trouvée moins simple que la plaquette qui comportait les différentes étapes. Ils signalent que ce document est adapté aux enfants et qu’il aurait pu être distribué dans les écoles mais qu’il était peu centré sur les adultes.
– la brochure présentant les sites dans leur intégralité est importante : elle informe sur chaque site individuellement, avec des informations et des photos. Elle est très complète, avec une carte (le premier élément regardé par les habitants afin de se situer et de savoir par quels sites ils étaient concernés). Cette brochure a tenté de faire passer beaucoup d’informations mais les gens ont peu envie de lire des choses longues.
– un film a été réalisé pour les scolaires et a été montré à la fin des réunions de groupes. Ce film a été très apprécié. Les adultes ont le sentiment qu’il pourrait plaire aux enfants. Il est très ludique, attractif, pédagogique et porte un contenu de service public. Ils ont suggéré de le diffuser dans des salles d’attente, dans des lieux publics ou à la télévision régionale.
3.7. Conclusions de l’étude qualitative
Comme dans l’étude quantitative, les gens veulent encore plus d’informations. Le travail n’est pas terminé. Les documents montrés et réalisés par le S3PI ont des atouts certains : ils sont centrés sur les thèmes qui intéressent les riverains (les risques et comment s’y préparer). Ils sont clairs, pédagogiques et faciles d’accès. Le ton retenu, qui porte de la réassurance, est très apprécié.
Mais cette communication comporte tout de même quelques faiblesses qui pourraient être corrigées :
– plusieurs éléments des documents sont redondants
– les interviewés aimeraient connaître plus précisément l’identité du S3PI.
– l’appel à la lecture est insuffisant (l’enveloppe n’interpelle pas assez).
– les sondés suggèrent d’indiquer clairement qu’il faut conserver ces documents chez soi.
A la fin des groupes, les interviewés ont également évoqué des attentes :
– distribuer ces documents de façon nominative et individualisée, montrant ainsi que la démarche est vraiment orientée vers eux.
– faire parvenir une information récurrente et suivie, également mise en place dans le cadre de lieux publics (lors d’attente dans les services publics par exemple). Les gens se montrent très passifs. Ils ne feront pas l’effort de chercher l’information.
– clarifier le rôle des acteurs (le S3PI, mais aussi les acteurs relais et tous ceux qui interviennent dans le domaine du risque industriel).
– impliquer fortement les enfants via le milieu scolaire. Les enfants sont capables de sensibiliser les adultes au thème du risque industriel. Les habitants portent une grande attention à ce que leurs enfants ramènent de l’école.
4. Echanges avec la salle
Anne-Marie DUEZ, représentante de l’association CM ? ACGESSA France
J’ai été un peu choquée par la présentation du site de Schenectady. Il y a un IME à 300m de l’usine, qui rassemble environ 100 enfants, 100 adultes et une centaine de personnes y travaillent. En cas d’accident, les pompiers, aussi performants soient-ils, sont-ils capables d’évacuer correctement les 200 personnes handicapées mentales qui paniqueraient ?
Un permis de construire sera déposé pour un projet d’établissement neuf. Je trouve inadmissible que pour des questions d’argent, le projet soit maintenu sur ce site. Les parents de l’IME doivent être informés des risques et des personnes doivent réfléchir à ce problème.
L’IME a été très peu informée par la campagne de communication (Béthune ne figure pas sur la liste des communes à risque, alors que Schenectady se trouve à proximité). L’entreprise FIRESTONE se trouve également à proximité, ainsi qu’un port fluvial. Ces éléments prouvent un danger potentiel sur ce secteur. Je m’inquiète beaucoup pour les enfants du site et quant à la possibilité de prise en compte du problème.
Andrée DELRUE
Le rayon PPI de la société Schenectady est relativement restreint (450 mètres). Les plaquettes d’information ont été distribuées directement par l’exploitant aux personnes habitant à l’intérieur du rayon PPI. Seuls les foyers concernés par le rayon PPI (et non l’intégralité de la commune de Béthune) ont fait l’objet de la campagne d’information.
Joël VATINEL, de la société Schenectady
Des plaquettes d’information ont été envoyées à l’IME et au CHSCT de l’IME. Les informations y sont donc parvenues.
Yvette THELLIER, du rectorat
Je propose de prendre contact avec Madame DUEZ pour discuter de ce problème.
Eric DE WISPELAERE
Il y a environ un an, j’ai été associé à une réunion portant sur cette extension ou recréation d’IME. L’établissement avait en projet de durcir les structures du bâtiment, compte tenu de la proximité de l’industrie, notamment par une diminution du nombre d’ouvrants vers l’industrie et par l’épaisseur et la structure des bâtiments.
Anne-Marie DUEZ
Actuellement, les bâtiments sont désignés insalubres par la DDASS. L’établissement devrait déjà être fermé depuis quelques années. Il y a un projet de reconstruction sur le même site. On propose de retourner le bâtiment, avec les ouvrants opposés à la direction de Schenectady. Mais je ne suis pas sure que le problème soit résolu. Il n’y a pas uniquement un risque d’explosion, mais aussi un risque de pollution. Et même, en cas de " grande chance ", si un accident survenait un jour où les enfants ne fréquentent pas l’établissement, le sol et l’air serait tout de même pollué, ce qui provoquerait une fermeture de l’établissement de plusieurs jours, voire plusieurs mois. Je ne vois pas comment 240 personnes handicapées pourraient, dans ce cas, garder une situation vivable à proximité. Il ne faut donc pas négliger ces personnes, qui vivent à proximité du site 325 jours par an.
Henri BAILLEUL, de Lestrem Nature
Le collège Pascal, de Masingarbe, qui dépend du département et qui vient d’être rénové se situe dans le périmètre de sécurité de l’usine Grande Paroisse. Les travaux ont commencé avant l’accident qui a eu lieu à Toulouse. Il a été rénové à l’intérieur du périmètre et il n’y a eu aucunes nouvelles prescriptions qui permettraient de résister à une onde de choc si un accident avait lieu (pas de renfort des structures, pas de verres anti-blast). Je trouve qu’il y a donc un manque de coordination des services de l’Etat, car le département a dû demander un permis de construire pour réaménager ce collège. J’ai souhaité que des merlons soient installés en cas de choc autour de l’usine, très proche de la population. Aucune mesure n’a été prise à ce jour, alors que les merlons sont utiles en cas d’accident.
Eric DEWISPELAERE
Il est dommage qu’il n’y ait pas de représentant du conseil général, duquel dépend le collège. Il est à noter qu’un projet de loi sur les risques technologiques et naturels qui est en cours d’examen devant le parlement (dont un député du Pas-de-Calais est d’ailleurs le rapporteur).
Serge DECAILLON, adjoint au Maire à Vermelles
Il est étrange que les rayons PPI de l’usine Grande Paroisse et ceux de la SAV soient différents : le risque en cas d’accident semble égal (voire supérieur pour la SAV).
Andrée DELRUE
Les rayons représentés sur les cartes concernent les résultats d’audibilité des dispositifs d’alerte qui ont été pris en compte. Ce sont bien les rayons des PPI actuellement connus : ils sont de 2000 mètres pour la Société Artésienne de Vinyle et 3500 mètres pour grande paroisse.
Serge DECAILLON
Le rayon PPI de la SAV ne semble pas correspondre au danger potentiel du site par rapport au rayon qui est imposé à Grande Paroisse.
Eric DE WISPELAERE
Votre affirmation se fonde t elle sur des considérations techniques ?
Serge DECAILLON
J’ai eu l’occasion de travailler au sein de la SAV et je pense que le stockage de MVC est potentiellement plus dangereux que le stockage des ammonitrates.
Andrée DELRUE
Les rayons PPI officiels sont ceux indiqués sur les documents. L’actualisation des études de dangers va certainement amener à les reconsidérer.
Henri BAILLEUL
Il serait intéressant d’avoir une idée des périmètres cumulés. Il y a toujours un risque d’effet domino. J’ai participé, avec Monsieur TROUVILLERS, à une visite de l’usine SAV. Le problème de ce risque avait alors été soulevé. Si un accident survenait aujourd’hui à Grande Paroisse, il pourrait se transmettre rapidement à la SAV. Sur un tel site, l’étude devrait être menée de manière commune, car il est impossible de dissocier les deux risques.
Claude DELENCRE, représentant de la DRIRE, chef de groupe de Béthune,
Les études de dangers ont été actualisées par tous les établissements industriels. A la suite de cette actualisation, un certain nombre d’analyses critiques sur ces études de dangers, produites par des tiers experts, ont été demandées. Les études et les résultats d’analyses critiques doivent être examinés de façon à déterminer si les scénarios initialement choisis sont encore valables, si les méthodes de calcul des rayons sont celles à retenir et s’il n’y a pas lieu de travailler dans le domaine de la réduction des risques à la sources. Un travail est déjà fait dans cette direction au cas par cas avec les établissements industriels. L’année 2003 est importante. Elle verra le réexamen des rayons de protection immédiate (Z1 et Z2) et des rayons PPI. Les effets domino d’un établissement sur un autre ou à l’intérieur d’un établissement sont pris en compte dans les scénarios d’étude.
Serge MILVILLE, citoyenneté 2000, association de Mazingarbe,
Les écoles maternelles élémentaires du centre de Mazingarbe sont à moins de 800 mètres des deux sites SEVESO évoqués précédemment. Ces écoles resteront elles en place, lorsque la Z1 empiétera sur la Z2 et qu’elles se retrouveront en Z1 ? Le lycée prévu à Billy-les-Mines, commun aux villes de Billy’les’Mines et de Mazingarbe, a été déplacé pour des raisons de sécurité et par principe de précaution.
v
Eric DEWISPELAERE
Des réflexions ont été engagées sur les périmètres. Il est donc préférable d’attendre les conclusions de ces études. Concernant l’école primaire, c’est aux élus locaux (éventuellement avec le support des services de l’Etat) qu’appartient de tirer des conséquences d’une révision éventuelle des périmètres concernés.
Kevin TURNER, société ICI,
La deuxième enquête a été menée relativement rapidement après l’information. Quelle est votre impression sur la pérennité de cette information dans l’esprit des riverains ? Quels seraient les résultats d’une telle enquête aujourd’hui ?
Mademoiselle MARC
Il est difficile de se prononcer sur cette question sans effectuer de mesures. D’autres études menées sur le même thème démontrent que la sensibilité aux risques industriels augmente nettement lorsqu’un évènement intervient. L’étude sur l’information a été menée six mois après la diffusion, ce qui correspond en communication, à du long terme. Si elle avait été menée dans les quinze jours suivants, les résultats n’auraient pas été significatifs. Si une nouvelle étude était menée aujourd’hui, les résultats seraient plutôt de l’ordre de la seconde vague que de la première.
Etude acoustique des sirènes d’alerte dans les rayons PPI des sites à risques de l’Artois
Jean-Pierre DUSSART Directeur Commercial de SIM Engineering
1. Le dispositif d’étude de l’audibilité des sirènes
La mission confiée à SIM Engineering consistait à valider l’audibilité des sirènes de 12 sites industriels. Les limites de l’étude concernent les rayons PPI, qui ont fait l’objet des mesures et de la simulation.
1.1. La réalisation des cartes a nécessité de nombreuses mesures
Pour constituer les cartes présentées, une première phase a été nécessaire : effectuer un certain nombre de mesures dans les rayons PPI. En Septembre 2000, des campagnes de mesures ont été réalisées. Pour chaque entreprise, l’industriel a volontairement déclenché sa sirène plusieurs fois, à des heures programmées, et un certain nombre d’opérateurs ont été positionnés dans les rayons PPI. Leur mission consistait à enregistrer le bruit de la ville, à enregistrer le bruit de l’essai sirène et à continuer les mesures après l’essai sirène. Cette mesure quantitative a permis de relever des valeurs. Le meilleur indicateur de mesure reste l’oreille.
Les opérateurs se devaient de porter un jugement qualitatif sur la mesure : déterminer si la sirène est audible, moyennement audible ou pas audible du tout. Au travers de cette étude, il y aura donc deux indicateurs : un indicateur chiffré utilisé pour dessiner les cartes de bruit et un indicateur qualitatif représenté par un code couleur (audible : vert ; moyennement audible : orange ; inaudible : rouge). Lorsque ces mesures ont été réalisées, la source de bruit (sirène) a été caractérisée par des mesures de proximité. Ces mesures étaient obligatoires pour pouvoir créer ensuite un modèle mathématique.
1.2. Exemple du site d’Oil Tanking
Le centre du cercle correspond au site (noté " le marais ", pour l’exemple présenté). Le cercle rouge correspond à la limite du rayon PPI. Cinq points de mesure ont été disposés en limite de rayon pour ce site. Cinq autres points ont été disposés à l’intérieur du site (en général à mi-distance), en privilégiant les zones habitées. Ces mesures sont extérieures, sauf trois mesures complémentaires (intérieur de lieu public, d’habitation et de voiture). Les points de mesure sont représentés sur les cartes. Le code couleur permet d’identifier le niveau qualitatif d’audibilité associé.
1.3. La modélisation
La deuxième partie de l’étude a concerné la réalisation d’un modèle. A partir d’un logiciel, le bâti (la géométrie du sol : les maisons, les routes, les voies ferrées, les terrils, ...) a été introduit. Des cartes IGN en 3D ont permis de bâtir ce modèle. La sirène est ensuite positionnée (elle est considérée comme un point). On fait ensuite " rayonner " ce point : plusieurs rayons concentriques sont tracés autour de la source. La forme géométrique du terrain est un obstacle pour ces rayons. Un terril ou des immeubles constituent un écran pour les ondes sonores. Le bruit de la ville (essentiellement celui de la circulation routière) est une donnée complémentaire. Les mesures ont été faites de jour (la période la plus pénalisante). L’émergence sera plus forte la nuit. Ces calculs ont été réalisés par rapport à une norme qui donne la méthodologie en terme de calculs et de modélisation.
Les couleurs concentriques correspondent au rayonnement acoustique de la source. La couleur violette correspond aux niveaux les plus élevés. Le dégradé de couleur va ensuite vers le rouge, puis vers le jaune et le vert, qui correspondent à des niveaux sonores plus faibles. Théoriquement, les cercles devraient être parfaitement concentriques. Cependant, ils ne le sont pas : les ondes sonores rencontrent les obstacles constitués par les habitations, les terrils et les installations de l’entreprise. Parallèlement au rayonnement de la source sonore, le bruit de la circulation routière est introduit. Pour cela, des mesures ont été faites en bord de route. Le logiciel fait ensuite une corrélation entre le niveau de bruit mesuré et le nombre de véhicules. Il prend en compte les débits de voiture qui créent des rayonnements sur les routes. Le but est de faire la différence entre le bruit rayonné et le bruit de la ville pour savoir si la sirène domine ce bruit ou s’il existe des endroits ou son intensité est plus faible. Si l’intensité de la sirène passe en dessous du niveau sonore de la ville, cela signifie que la sirène n’est plus audible.
Sabine COUDOUX, SIM Engineering
2. Le bilan est mitigé
2.1. Exemple du site d’Oil Tanking
Sur le site d’Oil Tanking, les points audibles sont à proximité de la source. La sirène est correctement audible en deux points, moyennement audible en sept points et non audible sur toute une partie de la périphérie. Dans le cas présent, la sirène n’a pas la signature acoustique désormais imposée dans les textes réglementaires (elle a été installée avant la rédaction de la réglementation). La sirène n’est pas correctement audible partout pour deux raisons :
– elle sera changée prochainement pour répondre aux critères de la réglementation
– l’influence du vent (ce phénomène se rencontre d’ailleurs sur tous les sites). Pendant la campagne de mesures (septembre 2002), le vent soufflait beaucoup de l’orientation nord, (nord est ou nord ouest suivant les sites). Ce qui a engendré une moins bonne audibilité sur la partie nord.
2.2. Les sites peuvent être classés selon trois niveaux d’audibilité
Sur les cartes, on peut aussi lire un pourcentage d’audibilité suivant les points. Cela permet de classer les sites :
– pour Oil Tanking, 18% des points étaient correctement audibles et 36% étaient inaudibles.
– pour le site de Nitrochimie, le rayon PPI est de 1 900 mètres. La sirène est très correctement audible sur la partie sud-sud-ouest, mais nettement moins audible dans la direction opposée (à cause du vent, qui soufflait très fort ce jour là). 14% des points étaient inaudibles. On peut aussi mettre en cause le bruit des routes, car il s’agit de zones qui sont très habitées.
– pour le site de Grande Paroisse, dont le rayon PPI (3500 mètres) est le plus grand, les points à proximité de la sirène sont correctement audibles. En revanche, en périphérie, l’audibilité est nettement moins bonne. En plus du rayon PPI qui est important, le site côtoie une autoroute. Le bruit très important perturbe l’audibilité de la sirène. De plus, la sirène était défectueuse le jour des essais. Ce problème est désormais réglé. 36% des points étaient inaudibles.
– pour SAV, la sirène était la même qu’à Grande Paroisse : les points de mesure étaient donc identiques. Seul le rayon PPI a changé, car il est de 2 000 mètres. Globalement, la sirène est nettement plus audible. Seuls quelques points sont moins audibles, à cause du vent et de la nationale qui passe à proximité. 33% des points étaient inaudibles.
– le site de Noroxo possède trois sirènes. L’audibilité sur la moitié sud-est est bonne. Elle est moins bonne de l’autre côté.
– pour ICI, la situation est un peu défavorable, en raison de la présence d’une autoroute et d’une nationale. On note une bonne audibilité au centre du périmètre. Celle-ci est moins bonne au nord, ainsi qu’à proximité de la mairie, où le bruit de fond est important à cause d’une école. Sur le site d’ICI, la sirène ne répondait pas non plus au cahier des charges de la réglementation. La société va donc s’équiper d’une nouvelle sirène.
– autour de Primagaz, il y a très peu d’habitations et le terrain est assez plat. L’audibilité est donc très bonne tout autour du rayon, sauf en un point. Je ne me suis intéressée qu’aux points extérieurs. Des mesures ont également été réalisées à l’intérieur des habitations. Une fiche récapitulative a été rédigée. L’audibilité est souvent moins bonne dans les habitations et les véhicules (à cause de l’isolement sonore). Pour ce qui est du point inaudible, il est situé le long de la nationale.
– pour le site de Cray Valley, l’audibilité est globalement bonne. Il n’y a aucun point d’inaudibilité, seulement des points moyennement audibles (à cause d’un bruit de fond important).
– pour Dynea, le rayon est très faible (270 mètres) : la sirène est correctement audible partout.
– c’est également le cas de Schenectady (dont le rayon est de 450 mètres).
– pour le site de SDHF, la sirène est un peu décalée par rapport au site. Celle-ci est correctement audible à la périphérie sud-est, et un petit peu moins du côté opposé (à cause d’un bruit de fond important). Il n’y a aucun point d’inaudibilité.
Pour les sites de Dynea et Schenectady, l’audibilité est bonne à 100% (faibles rayons PPI). Un groupe d’entreprises disposent de sirènes correctement audibles, avec quelques points moyennement audibles. Pour certaines entreprises, des points sont inaudibles. Pour d’autres, la sirène n’est pas performante : des corrections seront donc apportées pour résoudre le problème.
2.3. Les paramètres de modélisation
Suite à ces mesures, la modélisation acoustique du site a été réalisée. Pendant les mesures, une personne présente sur le site caractérisait la sirène (par des mesures à proximité) et en déduisait la signature acoustique. Cette information clé a été enregistrée dans le logiciel. Les cartes de bruit résiduel ont été établies lors de ces tests.
Deux paramètres importants sont également entrés dans le logiciel : les caractéristiques du vent et le coefficient du sol (qui varie de 0 à 1 selon que le sol est plutôt absorbant ou réverbérant). Pour la simulation, la rose des vents utilisée a été celle du site de Lesquin, de manière à avoir la même base de calcul pour toutes les cartes (vents prédominants : sud sud-ouest). Pendant les campagnes de mesures, le vent venait plutôt de la direction opposée. Le rayonnement de la sirène varie suivant les caractéristiques du lieu.
La comparaison des deux cartes (rayonnement de la sirène et bruit résiduel) a déterminé l’émergence. Cette émergence et l’audibilité peuvent être reliées par le critère suivant : si l’émergence est inférieure à 2dBA, la sirène est inaudible. Celle-ci est moyennement inaudible entre 2 et 4dBA. Au-dessus de 4dBA, elle est audible. Ce critère est fixé par la réglementation (qui parle d’une différence de 2dB pour une audibilité) et par des observations des mesures effectuées en septembre. Ces mesures ont permis de faire la corrélation entre l’appréciation de la personne qui jugeait de l’audibilité de la sirène et les mesures avec et sans sirène.
2.4. Les enseignements à tirer
Pour chaque site, je présenterai les trois cartes, puis la carte d’émergence :
– pour le site de Cray Valley, au centre, le rayonnement est à peu près circulaire. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne, le rayonnement s’évase suivant les différents obstacles qui sont rencontrés sur le trajet du bruit. Sur la carte du bruit résiduel, le niveau sonore le long des axes routiers est important (il varie de 45 à 60 dB et augmente si on s’approche des routes). Sur la carte d’émergence, au centre du rayon, la sirène est toujours audible. Sur les zones le long des axes routiers l’audibilité est également moyenne ou mauvaise.
– pour le site d’Oil Tanking, le résultat est mauvais : à cause du bruit résiduel et de la non-conformité de la sirène, l’audibilité n’est pas bonne sur une zone importante.
– pour Nitrochimie, l’audibilité est correcte pour les zones faiblement urbanisées. Par contre, la sirène est nettement moins audible au fur et à mesure qu’on se rapproche des routes.
– pour Grande Paroisse, l’audibilité est mauvaise principalement à cause de l’importance de trafic.
– pour la SAV, le rayon est plus faible. On retrouve l’influence des routes.
– pour Noroxo, on retrouve la présence des différentes sirènes, avec une audibilité correcte, à l’exception des axes routiers.
– pour ICI, l’influence de l’autoroute et des divers axes routiers est présente. La situation devrait changer : la sirène doit être remplacée.
– pour Primagaz, l’audibilité est parfaite, à l’exception de quelques points situés en bord de route.
– l’audibilité est parfaite pour Dynea.
– pour Schenectady, l’audibilité est excellente partout, à l’exception de l’arrière d’un bâtiment et d’une petite zone en bord de route.
– pour SDHF, l’audibilité est très bonne, en dehors de quelques points en bord de route.
3. Echanges avec la salle
Michel RODRIGUEZ, maire de Leforest
Pourquoi les résultats pour le site de Métaleurop n’apparaissent-ils pas ? Le site est-il déjà rayé de la carte ou s’agit-il d’un oubli ? Le site n’étant plus exploité aujourd’hui, il est certainement plus dangereux encore.
Andrée DELRUE
Le site faisait effectivement partie de ceux qui ont participé à l’étude d’audibilité (les résultats de la consultation des habitants de Leforest seront d’ailleurs présentés dans la partie suivante). Aujourd’hui, seuls les résultats de mesure sont disponibles. Ceux de la phase de simulation ne le sont pas en raison de la situation financière de Métaleurop. L’étude a été financée en partenariat avec les industriels.
Michel RODRIGUEZ
Le jour des mesures à Leforest, j’ai prêté l’oreille et je n’ai absolument pas entendu la sirène.
Andrée DELRUE
Je ne connais pas les résultats de mémoire. Nous y reviendrons au cours de la présentation de la SOFRES.
Robert TROUVILLIER, Nord Nature
Les tests d’audibilité ont-ils été réalisés à l’intérieur des bâtiments (et en particulier de ceux qui sont insonorisés), et au niveau des cours d’écoles lors des récréations, où le niveau de bruit est important ? Dans les lieux publics, il serait utile de disposer un avertisseur relié à un système qui puisse donner l’alerte dans les bâtiments. Le seuil d’audibilité est meilleur la nuit mais les gens dorment. Peut être n’entendront-ils pas
.
Jean-Pierre DUSSART
Des mesures ont été effectuées dans un lieu public, une habitation et une voiture. Globalement, au niveau de ces installations, l’audibilité est très faible : aujourd’hui, les maisons sont bien isolées. Le problème est complexe : le signal acoustique a une forme particulière. Il est fréquentiel. Il faut donc connaître le spectre du bruit de la ville pour savoir si la fréquence passe. Si elle passe, elle sera audible par saccades malgré le bruit de fond de la récréation ou de la route. Elle sera audible de temps en temps, mais pas en continu. Pour les habitations et les lieux publics, beaucoup de points sont inaudibles ou moyennement audibles, même lorsque les rayons sont petits. Il est difficile de savoir si, la nuit, les personnes seront réveillées par la sirène. Mais si on n’entend pas ou peu le jour, la sirène sera peu audible pendant la nuit.
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Anne-Marie DUEZ
Pourquoi l’étude en est-elle restée aux rayons PPI alors que dans certains cas, il y a des rayons Z1 et Z2 et parfois des zones de vigilance de 500 mètres au-delà du rayon PPI.
Andrée DELRUE
L’obligation faite à l’industriel est d’avertir les riverains se situant à l’intérieur du périmètre PPI au cas où l’accident déborderait des limites de son site industriel. Les zones Z1 et Z2 sont des zones de limitation d’urbanisme. Elles sont inscrites dans le rayon PPI qui est celui de l’accident majorant. La zone de vigilance de 500 mètres avait été instaurée par l’ancien préfet. Elle n’a pas de valeur réglementaire. L’étude des dispositifs d’audibilité des sirènes tient uniquement compte du rayon PPI, le rayon le plus judicieux pour cette étude.
Anne-Marie DUEZ
Joël Vatinel, lors des essais, l’IME n’avait pas entendu les sirènes. A l’époque, il avait été proposé, suite à une demande, d’installer des sirènes particulières à l’intérieur de l’établissement. Cela a-t-il était fait ?
Joël VATINEL
L’IME n’a jamais demandé de sirène. Cependant, les sirènes de l’entreprise ont été déplacées pour être plus audibles. Il est aussi possible de remonter la sirène. Le bruit qu’elle émet passera plus facilement au-delà des bâtiments. Mais il n’a jamais été question d’installer une sirène dans l’IME.
Anne-Marie DUEZ
Du moment que la sirène est audible, je suis satisfaite.
Consultation des riverains lors des essais de sirènes
1. La participation élevée à l’étude : intérêt des populations pour les questions relatives aux risques industriels
Mademoiselle MARC
Le S3PI a souhaité associer les riverains aux mesures et a mis en place une consultation, parallèlement aux mesures techniques présentées précédemment. Des coupons comportant des questions ont été envoyés à 38 000 foyers de l’Artois, accompagnés d’une lettre présentant la démarche et donnant la date des essais et le site industriel concerné par ces derniers.
5 387 coupons réponses ont été retournés au S3PI (un taux de participation de 14%). Ce taux est très satisfaisant comparé à celui d’autres enquêtes menées en auto-administré. Sur ces 5 387 coupons, 5 247 ont pu être exploités pour l’analyse statistique (une centaine de coupons étaient remplis de façon totalement anarchique et étaient inexploitables). 11 sites ont été concernés, dont le site de Métaleurop.
Les taux de participation à l’étude sont très différents selon les sites. Ils dépendent des endroits, mais aussi de la taille des communes concernées. Pour SAV-LM / Grande Paroisse, 1707 coupons ont été retournés, 869 pour Métaleurop et 610 pour Nitrochimie. Pour ce qui est de la répartition des retours, 32% ont concerné SAV-LM, 17% Métaleurop, 11% Nitrochimie, 9% Cray Valley, 8% ICI Choques, 7% Oil Tanking, 6% Noroxo, 5% SDHF, 4% Dynea et 1% Primagaz.
Jean HAJA, maire de Rouvroy,
Est-il possible de connaître, parallèlement à ces chiffres, le nombre de coupons qui avaient été envoyés ?
Mademoiselle MARC
Je ne dispose pas du détail de ces chiffres, mais ils pourront être fournis sans aucun problème.
2. Le bilan de l’étude est positif mais doit être relativisé
A la première question : " Avez-vous entendu les essais de sirènes ? " 52% des gens ont répondu oui, 45% ont répondu non et 3% ont donné une réponse mixte (certains membres du foyer l’auraient entendue et d’autres non). 20% des gens ayant retourné le coupon ont spontanément précisé qu’ils avaient entendu les sirènes très faiblement.
Des différences sont observables selon les sites. L’étude ne peut pas être recoupée avec l’étude technique. Les réponses montrent, par exemple, que 60% des gens vivant à proximité de Nitrochimie et ayant renvoyé le coupon ont entendu la sirène. Cela ne permet pas d’affirmer qu’en cas d’accident, 60% des gens entendront la sirène. Pour le site de Dynea, 80% des gens ayant répondu ont dit avoir entendu la sirène, ce chiffre est de 60% pour Nitrochimie, et de 57% pour le site de Noroxo. Le site d’ICI Choques est celui pour lequel, parmi les réponses, la sirène a été entendu le moins.
Une question était posée, à la fin du coupon, sur la situation au moment des essais. Parmi ceux qui déclaraient avoir entendu la sirène (52% des réponses, ce qui représente 2 718 personnes), 73% se trouvaient à l’intérieur d’un domicile. 33% se trouvaient à l’extérieur (en plein air), 5% se trouvaient à l’intérieur d’un bâtiment recevant du public et 2% se trouvaient dans une voiture, un bus ou un autre moyen de transport. Ces résultats ne signifient pas qu’on entend mieux à l’intérieur qu’à l’extérieur mais qu’au moment des essais sirène, 73% des gens se trouvaient dans leur domicile (parmi ceux qui ont entendu).
Andrée DELRUE
Via cette étude, le S3PI a souhaité faire un rappel sur la notion de risque dans l’Artois. C’était l’occasion de rappeler aux populations qu’elles habitent un secteur à risque et que des mesures sont prises en conséquence.
Voies de réflexion pour l’amélioration du dispositif d’alerte des populations en cas d’accident
Jean-François GOMBAULT Directeur Technique de Noroxo
J’exposerai les résultats de la commission industrielle mise en place pour améliorer les dispositifs d’alerte :
1. Assurer le respect des normes réglementaires
L’ensemble des industriels concernés par ce dispositif cherchent à assurer le respect des prescriptions réglementaires, avec une émergence de 2dB. Les industriels se sont mis d’accord pour adopter le seuil de 4dB, permettant une bonne audibilité. Les sirènes doivent être conformes en signal et en qualité d’émission sur le périmètre PPI. Plusieurs sirènes doivent être mises en conformité : les deux industriels concernés se sont engagés à changer leur sirène. L’information et l’éducation des populations concernées doivent être maintenues et prolongées : l’impact de l’information diminue avec le temps. Les industriels essaient de démystifier leur site, via des opérations portes ouvertes, pour que les riverains puissent se rendre compte de ce à quoi ils sont confrontés.
2. Traiter les dysfonctionnements ponctuels
Trois entreprises pilotes volontaires vont réfléchir, à partir des cartes établies, pour proposer des méthodes de traitements des points où la sirène est inaudible. Ils étudieront point par point les effets de masque liés à la typographie ou à l’influence du vent (qui peut aussi renforcer l’audibilité de la sirène). Ce groupe constituera un catalogue de recommandations pratiques permettant d’atténuer les effets de masque.
3. Réfléchir à d’autres signaux d’alerte pour des populations cibles
Au cours de la réunion, des groupes de population sensible ont été identifiés : mairies, écoles, ERP, hôpitaux, hospices, salles de sport ou les bâtiments abritant des personnes handicapées. Des alternatives aux sirènes ont été proposées et évaluées pour ces groupes. Des réflexions sont menées par le S3PI et les services de protection civile pour développer des systèmes d’appel automatiques, qui seraient donc très ciblés. Ce système est expérimental. Certaines entreprises l’utilisent déjà au sein de leur établissement (par exemple pour appeler du personnel en cas d’urgence). Des sociétés prestataires de services offrent des systèmes permettant de déployer ce type d’alerte. Mais il faut encore réfléchir sur la façon de les déployer et de tenir à jour les listes d’établissements cibles. A moyen terme, plusieurs moyens pour toucher des populations cibles seront proposés.
4. Echanges avec la salle
Henri BERNARD, adjoint au Maire de Loison sous Lens,
Le directeur de la protection civile a déclaré que les sirènes des villes étaient obsolètes depuis 1951. Il y a actuellement une étude en cours pour y remédier. A Loison, la sirène a été complètement démolie suite à un incendie à la salle des fêtes. Comment relier une zone à risque avec une sirène qui ne fonctionne pas ?
Jean-Claude DUPRIEZ
Je ne connais pas bien le maillage officiel. Je ne peux donc pas répondre précisément.
Eric DE WISPELAERE
Dans mon poste précédent, j’ai suivi les questions de protection civile et je me souviens avoir reçu des instructions sur les essais de sirène dans les communes. Les propos du chef du SIDPC de la Préfecture ont donc sûrement été mal interprétés. Il faudrait le questionner à nouveau sur le sujet.
Henri BERNARD
Une demande a été faite à la préfecture pour changer la sirène et la mairie reste sans nouvelles depuis cinq ans.
Andrée DELRUE
Le sujet concerne les sirènes d’alerte qui sont dans les entreprises et non pas celles qui sont dans les mairies.
Serge DECAILLON, adjoint au Maire de Vermelles
Je me trouve environ à 500 mètres du site concerné et j’entends des essais de sirène presque tous les mercredi midi. Par contre, le jour du test, je n’ai rien entendu. Il semblerait que Vermelles ait été peu couverte par le bruit de la sirène. Sur l’axe de Lens-Béthune, l’effet panache, qui peut avoir un avantage pour la commune qui serait dans l’axe du vent (en alertant la population), peut avoir un désavantage pour la circulation. Les automobilistes se retrouveraient alors dans les flux de fumée, qui pourraient provoquer un accident. Des sirènes relais pourraient être placées à des points stratégiques dans les communes environnantes (et pas nécessairement dans tous les établissements publics). Les populations pourraient être informées d’un essai de sirène régulièrement. Habituer à entendre la sirène permet de savoir à quoi elle correspond (selon la modulation des sons). Les riverains doivent savoir si le problème est grave. J’ai entendu la sirène de l’usine de Mazingarbe un matin, sans savoir s’il s’agissait d’un essai. Il n’y a eu aucune suite à cet évènement.
Andrée DELRUE
Des études portant sur les sirènes ont été menées au sein d’autres S3PI. Des sirènes relais (notamment celles du réseau national d’alerte qui a rencontré des difficultés parce qu’il était en mauvais état) ont étaient testées. Dans un premier temps, le travail ne sera pas orienté dans cette voie. La sirène reste le moyen le plus rapide pour avertir la population. Le caractère imparfait des sirènes peut être complété par d’autres moyens de communication.
Jean François GOMBAULT
Plusieurs débats industriels ont été menés sur les sirènes relais. Elles ne peuvent s’envisager que dans des cas où l’effet de masque est très important. Les dispositifs situés sur la voie publique posent aux industriels des problèmes juridiques, difficiles à traiter.. Le vent cause aussi souci : les personnes se trouvant dans le panache entendent mieux la sirène (le bruit est porté par le vent) que ceux qui n’y sont pas. Mais ces derniers sont moins concernés par les émissions toxiques, entraînées par le vent.
Nelly POTEAU, maire adjoint à Billy-Berclau
La commune vient d’être confrontée à un accident à Nitrochimie. Il n’y a pas eu de réactions de panique. Beaucoup de bonne volonté se sont manifestées. Tout s’est organisé, tant bien que mal, dès les premières heures. Les élus n’étaient pas préparés à cette situation (questions posées par la population, organisation du personnel de mairie). Un standard a été ouvert. Une personne a été installée pour recenser les dégâts subis par chaque domicile. Au départ, les rôles de chacun n’avaient pas été déterminés. Après l’évènement, la mairie sera confrontée aux questions des riverains. Elle souhaite savoir s’il est nécessaire de préparer une réunion publique ou s’il faut faire des choses particulières.
Andrée DELRUE
Cette situation soulève des problèmes d’organisation. Une réunion a permis de décider de la conduite à tenir et de la meilleure manière de communiquer auprès de la population. Dans un premier temps, un bulletin d’information sera distribué à la population pour faire un point très précis sur l’état actuel du site et ses mesures de sécurité. Ce communiqué est rédigé et a été envoyé aux mairies pour lecture. Il sera imprimé prochainement. Les maires pourront le diffuser. Les populations auront donc à disposition un récapitulatif sur l’action de l’exploitant et des services de l’Etat pour continuer assurer la sécurité du site.
Eric DE WISPELAERE
Concernant la gestion des situations de crise dans les communes, le maire a en charge la police administrative au sein de la commune (cette charge ne revient au préfet que si l’accident dépasse le territoire communal). Dans les zones à risques spécifiques, il existe des programmes pré-établis qui permettent au maire, lorsqu’une situation se présente, d’ouvrir un cahier de protocole de réaction. Celui-ci indique la conduite à tenir pour chaque type de situation. Du côté des services de l’Etat, les dispositifs existants méritent peut-être des améliorations. Cependant, concernant les collectivités locales, il est nécessaire d’élaborer des protocoles d’intervention selon les situations (accidents comme celui de Nitrochimie, survenance d’inondations, blocage de tel ou tel type de service public’). Mais, encore une fois, je préfère que ce soit un représentant du SIDPC qui traite cette question, lors d’une prochaine réunion.
Sigles :
PPI : Plan particulier d’intervention
DRIRE : Directions régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environnement
SESAM : plan d’organisation des secours dans un établissement scolaire face
à l’accident majeur
IME : Institute of makers of explosives
CHSCT : Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail
DDASS : Direction départementale des affaires sanitaires et sociales
SAV : Société artésienne de vinyle
MVC : Monochlorure de vinyle
Z1 : Zone 1
Z2 : Zone 2
IGN : Institut géographique national
3D : trois dimension
SDHF : Sucrerie et distillerie des Hauts de France
dB : décibel