Déroulement de l’exercice vu par l’exploitant
Didier MULLER Directeur de l’usine CECA Feuchy
BERNARD DUJARDIN
Secrétaire général à la sous-préfecture
Monsieur VUIBERT, sous préfet de Béthune, assurait jusqu’à son départ de l’arrondissement, il y a une quinzaine de jours, la présidence de cette commission Risques techniques. Il présidait cette commission compte tenu de son expérience ancienne dans la prévention des risques technologiques et industriels. A ce jour, on ne sait pas si son successeur sera de nouveau président de cette commission Risques. Néanmoins, j’assure bien volontiers la présidence de cette commission qui réunit l’ensemble des partenaires (collectivités locales, services de l’Etat, associations et entreprises) et laisse la parole dans un premier temps au directeur de l’entreprise CECA.
Description de l’usine de Feuchy et de ses risques
Présentation de l’usine
DIDIER MULLER
Directeur de CECA
CECA Feuchy est une filiale du groupe Arkema, la société chimique du groupe TOTAL. Le domaine d’activités spécifique de l’usine de Feuchy est lié à la production d’amines et de dérivés de tensioactifs, dont les propriétés les destinent à quatre grands domaines : secteur lessivier, détergents, BTP, production pétrolière.
Le domaine lessivier est le plus important en volume. Les molécules aux propriétés tensioactives sont utilisées pour fabriquer des assouplissant ménagers.
Ensuite, on retrouve un ensemble de petites applications avec des métiers et des clients plus orientés vers les spécialités : détergents, épaississants pour acides, produits pour la lubrification, lignes d’emboutissage de bouteilles, fabrication de plastiques. Ces métiers nécessitent des adjuvants pour conférer aux plastiques des propriétés antistatiques.
Le troisième secteur d’activité auxquels les produits de l’usine sont destinés est le métier des entreprises de travaux publics qui font du revêtement routier. Les produits sont utilisés comme additifs des bitumes pour faciliter leur application. Ce sont aussi des produits qui sont utilisés pour leurs propriétés par les producteurs d’engrais ; ils confèrent en effet aux engrais des caractéristiques d’antimottage, c’est-à-dire qu’ils évitent que les tas d’engrais ? prennent en masse ’.
Enfin, la dernière application est liée à la production pétrolière. L’usine fabrique en effet une gamme de produits, utilisés par les sociétés qui extraient du pétrole en vue de traiter le brut : séparation de l’eau du pétrole au moment de l’extraction, dilution des paraffines qui se trouvent dans les coupes pétrolières, traitement des pipes avec des inhibiteurs de corrosion ou des produits qui empêchent l’encrassement des pipes.
Les destinations de ces produits recouvrent donc une large palette, à destination de sociétés intermédiaires qui fabriquent des produits ménagers ou industriels.
L’usine de Feuchy est située sur les trois communes de Saint-Laurent-Blangy, Athies et Feuchy. Elle occupe environ une trentaine d’hectares dont huit sont occupés par les outils et les ateliers de production. L’effectif de l’usine est d’un peu plus de 160 personnes (12 ingénieurs, une quarantaine de techniciens/agents de maîtrise, et un peu plus de 110 ouvriers). Le niveau d’activités correspond à une production annuelle de l’ordre de 47 000 tonnes. La moitié de cette production part en vrac en camions citerne, l’autre moitié part en fûts ou en conteneurs.
La gamme produite est assez étendue (400 produits environ) et les marchés se situent pour 1/3 en France, 1/3 en Europe et 1/3 en grand export (essentiellement pour les produits d’activité pétrolière). Les process sont uniquement des process batchs, en continu 7j/7. La principale matière première, les acides gras, est une matière totalement inerte et inoffensive et représente à peu près 25 000 tonnes par an. Le site de l’usine est classé SEVESO seuil haut, avec servitude. Ce classement résulte essentiellement du fait du stockage de produits liquides (autorisé à hauteur de 400 tonnes), pour le stockage de produits toxiques liquéfiés (autorisé à hauteur de 120 tonnes) dont l’ammoniac, qui fait l’objet du scénario de l’exercice. L’usine stocke 55 tonnes d’ammoniac.
L’usine est également classée SEVESO du fait du stockage de produits inflammables et de la fabrication des produits finis qui ont des propriétés toxiques pour l’environnement et les milieux aquatiques. Le premier point dans l’approche du risque est d’abord l’approche de prévention. Celle-ci se fait au travers de 2 grands axes de travail. D’une part la prévention en termes d’études de risques et de dangers. Le site est couvert par 19 études de dangers, qui ont, pour 17 d’entre elles, été révisées dans les trois ans écoulés.
Ces études incluent les analyses de risques à partir desquelles ont été bâtis des scénarios d’accidents, qui sont utilisés dans le plan d’opération interne, et bien entendu des scénarios d’accidents majeurs, dont celui lié à l’ammoniac, que l’on va retrouver comme scénario dans le PPI.
D’autre part, la prévention est aussi un travail quotidien, qui passe au travers du management de la sécurité : système de gestion de la sécurité, procédures, modes opératoires, consignes formalisées, formation du personnel à toutes ces pratiques, audits, contrôles, visites de sécurité, inspections régulières effectuées par la DRIRE (2 cette année), inspections internes au groupe dans le cadre de la direction sécurité du groupe Arkema, et bien entendu processus de progrès permanent qui consiste à identifier les anomalies de tous les jours et essayer de les traiter pour éviter qu’elles ne se reproduisent.
Les plans d’urgence : POI et PPI
Il existe deux plans d’urgence : le POI quand l’incident ou l’accident reste confiné dans les limites du site, donc géré par l’usine, et le Plan Particulier d’Intervention, qui est défini et géré par le préfet, en cas d’accident qui peut dépasser les limites du site. Dans le cas d’un POI, le site a un système d’alerte spécifique et un système d’alerte téléphonique ; pour le PPI le système d’alerte est constitué par une sirène d’une portée beaucoup plus grande et un système d’alerte téléphonique élargie (panel de numéros plus complet).
Le PPI est défini par le potentiel de risque, c’est-à-dire le risque maximum. Dans le cas du site, celui-ci est fixé en termes d’accident pouvant avoir des répercussions à l’extérieur du site par l’emploi et le stockage d’ammoniac.
Le scénario majorant et qui a servi à élaborer le PPI, fait état de la perte de confinement brutal d’un wagon d’ammoniac. L’usine reçoit l’ammoniac par wagon de 25 tonnes (1 à 2 wagons par semaine en moyenne), déchargé dans un lieu de stockage. Le PPI considère le scénario suivant : le wagon est présent dans l’usine et s’ouvre brutalement avec dispersion d’un nuage toxique. Le PPI met alors en ’uvre les procédures de plan de secours pour faire face à la dispersion de ce nuage toxique. Le rayon PPI, qui résulte des calculs de simulations de ce nuage, donne un cercle de rayon de 3 Km. Ce rayon correspond en fait à la distance maximale de dépassement du seuil des effets irréversibles sur l’homme.
Dangers de l’ammoniac
L’ammoniac est un gaz toxique par inhalation, il est irritant pour les yeux, il a l’avantage d’avoir un seuil olfactif très bas, très en deçà des concentrations présentant un risque, qui sont de 5 à 50 ppm (partie par million). Ce seuil dépend du nez de chacun. Les effets d’une inhalation dépendent des concentrations et de la durée d’exposition et peuvent conduire à des vertiges, des comas, des oedèmes, des arrêts respiratoires.
Sur la vue aérienne de l’usine, on situe en bordure du site la voie ferrée Arras Dunkerque, coincée entre la Départementale D258 qui relie Arras à Feuchy et Athies et la Scarpe. Au nord-ouest se trouve la commune de Saint-Laurent, sur laquelle l’usine a une certaine emprise, au nord-est la commune d’Athies, au sud-est la commune de Feuchy. L’installation de stockage d’ammoniac se situe dans la partie sud-est de l’usine.
L’ammoniac est livré par wagon grâce à un embranchement et une ligne qui permettent de desservir le poste de dépotage. Les wagons arrivent et sont positionnés sur le poste de dépotage. Ces wagons spécifiques, conçus avec une technologie adaptée, sont dédiés au transport de l’ammoniac. Ils sont munis de deux circuits qui se trouvent en point bas du wagon, avec un système de clapet interne, doublé d’un système de vanne manuelle, sur lequel l’usine vient raccorder des bras de chargements.
Le raccordement des bras est effectué par un opérateur du site, qui se trouve en permanence sur le lieu du déchargement pendant l’opération. Le raccordement se fait sous équipement respiratoire particulier pour se prémunir d’une fuite au moment où l’on dépose les tampons pleins qui sont posés sur le wagon. La connexion à l’installation se fait par deux bras, l’un qui relie le fond du wagon et par lequel l’ammoniac est soutiré, l’autre qui permet de se connecter à la phase gaz, à l’atmosphère du wagon.
Le transfert se fait par légère mise en pression du wagon, générant ainsi un transfert par équilibrage de phases, du wagon vers le stockage de l’usine. L’installation de déchargement est équipée d’un ensemble de sécurité qui déclenche un arrêt d’urgence en cas d’anomalies.
Cet arrêt d’urgence peut être dû à une détection d’ammoniac autour du poste, à un niveau haut dans le stockage, et à un certain nombre d’autres sécurités qui sont en place. En complément du réseau de surveillance de la teneur en ammoniac autour du poste, l’usine dispose d’un ensemble de capteurs de surveillance des teneurs en ammoniac en limite de propriété.
Les organes d’isolement sur le wagon ou sur l’installation de l’usine sont automatiques. Ils sont constitués du clapet interne au wagon, qui lui-même est commandé par un système mécanique extérieur (si jamais l’automatisme ne fonctionnait pas, on pourrait donc fermer manuellement le clapet du wagon), et par un ensemble de vannes de sécurité qui sont doublées sur chacun des deux bras. En complément des automatismes, il y a également un ensemble d’arrêts d’urgence manuels de ce poste de dépotage, que l’on peut déclencher par bouton poussoir sur place ou depuis la salle de contrôle.
Les opérations de dépotage sont surveillées en permanence par un membre du personnel, présent sur place. Tout naturellement, l’usine s’est concentrée sur cette installation de dépotage lors de l’exercice PPI car c’est l’installation présentant le risque majeur. Nous avons alors imaginé un autre scénario, qui n’est plus la perte de confinement brutal du wagon (probabilité très faible) qui consiste en un accident avec une cinétique plus lente, qui apparaîtrait au cours d’une opération de déchargement et conduirait à l’apparition d’une fuite minime qui s’amplifierait au fil du temps.
Le scénario et le plan d’urgence mis en place visent alors à valider le processus d’identification de l’anomalie et à valider le processus de montée en puissance pour bien évaluer la nature de l’incident, bien communiquer vis-à-vis de la préfecture, de manière à bien évaluer le moment où l’activation du PPI doit être demandée.
Déroulement de l’exercice vu par l’exploitant
Description de la situation accidentelle
La situation accidentelle débute le 20 octobre à 8h30 par l’apparition d’une fuite. Celle-ci n’est pas tout de suite détectée, mais seulement au bout de quelques minutes quand l’opérateur est retrouvé intoxiqué. La première barrière de sécurité du scénario est franchie puisque que l’opérateur, ayant inhalé de l’ammoniac, se retrouve neutralisé. Il ne peut donc pas jouer son rôle premier de surveillance et d’alerte.
Enclenchement des plans
Ensuite, une alarme est mise en route suite à la détection d’ammoniac par des capteurs. Un opérateur en salle de contrôle est alors averti qu’une alarme vient de se déclencher sur le poste mais qu’il n’a pas été permis d’arrêter la fuite. L’usine a donc considéré que la deuxième barrière de sécurité n’avait pas joué son rôle, et que la fuite se poursuit. A partir de là, le processus d’alerte et de mise en place de la structure POI s’est lancé. Il est alors 8h40. Le chef de poste s’est rendu sur place, il demande la mise en place du POI au travers de l’alerte sirène, de l’alerte téléphonique de pré alerte POI, et la mise en place de la cellule de crise CECA, au travers de l’appel à l’astreinte et au personnel CECA.
Dès lors, le processus d’identification et d’évaluation de l’accident s’est enclenché : présence du chef de poste sur le terrain, activation du PC POI en deuxième ligne en communication directe pour identifier et évaluer l’accident, mise en ’uvre des propres moyens d’intervention du site (combinaisons et masques autonomes), analyse de l’événement (mesure du moment où l’accident confiné dans l’usine peut basculer à l’extérieur du site).
Vers 9h, l’usine contacte la préfecture pour solliciter l’activation du PPI, sur la base des informations dont elle dispose. Cette activation est immédiatement réalisée par le préfet d’astreinte. Le déclenchement de la sirène PPI s’ensuit pour avertir les populations, doublé par l’alerte VIAPPEL pour joindre un maximum de personnes, d’administrations, de mairies, d’organismes, d’industriels implantés dans le rayon PPI du site de 3 Km.
L’information diffusée à la préfecture est orientée de telle sorte à bien faire passer l’ampleur de l’accident et le risque d’extension possible en dehors de l’usine.
Quelques minutes plus tard arrivent les premiers secours, appelés au moment de l’alerte POI. Une partie de l’équipe de secours des pompiers d’Arras a rejoint le PC exploitant ; l’autre a rejoint le poste avancé sur le terrain et a donc commencé le travail de coordination entre les personnes de l’usine et les pompiers, pour organiser les secours aux victimes dans l’usine, évaluer la nature de l’accident et commencer à reconnaître le terrain de manière à préparer une stratégie d’intervention.
Vers 9h20 arrivent les premiers renforts (cellule risque technologique) pour aborder d’un point de vue technique les conditions de mise en ’uvre de l’arrêt de la fuite. Cet exercice de mise au point et de mise en ’uvre de l’intervention se joue entre 9h20 et 10h55. A ce moment, les équipes d’intervention, dotées d’équipements de protection (combinaisons, masques autonomes) et constituées par le personnel de l’usine et le personnel des pompiers, se rendent sur place et mettent en ’uvre la stratégie permettant d’arrêter la fuite.
L’information de l’arrêt de la fuite est immédiatement transmise au préfet. Entre 9h et 10h55, l’usine a été plusieurs fois en liaison avec la préfecture pour la tenir informée de l’évolution de la situation (formation du nuage toxique, gravité, risque potentiel). La préfecture, vers 12h10, après avoir géré l’intervention à l’extérieur de l’usine, a déclaré la fin de l’exercice. A ce moment, l’usine lance la sirène de fin d’alerte PPI et les messages de fin d’alerte par le système VIAPPEL.
Retours d’expérience
Le retour d’expérience principal pour les industriels consiste principalement dans la capacité à évaluer le risque et ses conséquences possibles. Il s’agit donc de bien anticiper, de fiabiliser l’information du site - sur le risque ? où, quand, comment, pourquoi’ ? - et d’alerter la préfecture.
Evaluation du risque
L’évaluation du risque se fonde sur l’expérience du personnel de l’usine, sa connaissance du terrain, l’existence d’un PC avancé dans lequel se trouve le chef de poste et le personnel de fabrication. Ils sont en effet les ? yeux ? du site et ont pour mission de décrire, de présenter l’ensemble des informations dont ils disposent pour permettre la mesure de la gravité et l’évaluation du sinistre. L’action d’anticipation n’est pas menée par les équipes de terrain de l’usine, elle est menée par le PC POI qui regroupe des ingénieurs et des agents de maîtrise du PC POI, qui sont des gens qui sont d’astreinte, et qui en cas de sinistre rejoindront l’usine pour constituer ce PC.
Leur mission est double : se coordonner avec les moyens extérieurs arrivant sur le site (modes d’organisation et moyens d’organisation) et collecter et analyser l’ensemble des informations disponibles. Ces informations proviennent soit du PC avancé, soit de l’extérieur (données météorologiques, informations liées aux capteurs de l’usine, information via des appels téléphoniques, informations transitant par la préfecture’). Le rôle du PC POI est donc d’évaluer, de mesurer l’accident, et bien entendu d’anticiper, de manière à prendre au moment le plus pertinent et le plus optimum la décision de passer du POI en PPI.
Diffusion de l’information
Ensuite, la fiabilité de l’information transmise à la préfecture pour la prise de décision de déclenchement du PPI et pour l’organisation des secours à l’extérieur semble être capitale. En ce qui concerne l’alerte, la sirène est en place depuis l’année dernière, elle a été testée en décembre. L’usine a eu l’occasion de l’utiliser pour cet exercice et de faire des essais en fin d’année dernière.
Le second moyen d’alerte est le système d’appel VIAPPEL, dont les statistiques pour l’exercice PPI seront présentées plus loin. La liste de numéros de téléphones est d’un peu plus de 120 numéros. Le taux de réussite de l’appel désigne combien d’appel ont abouti et ont été validés, c’est-à-dire combien de personnes sur les 120 ont été touchées. Il est pour l’exercice de 66% (hors personnel CECA, 120 personnes au total dont 97 personnes extérieures à CECA).
L’ensemble de ces appels a été lancé dans les 2 minutes et demi qui ont suivi la mise en ’uvre du système VIAPPEL.
Le retour d’expérience est donc positif. Il a permis à l’usine de mesurer sa capacité à bien évaluer l’accident, à anticiper les conséquences à l’extérieur, à transmettre une information fiable à la préfecture (contenu et timing). Les axes d’amélioration de CECA concernent notamment l’élargissement des listes téléphoniques VIAPPEL. D’après le résultat, il est nécessaire d’identifier de nouveau tous les correspondants, pour bien valider les numéros et doubler les numéros pour certaines personnes ou organismes. L’entreprise doit aussi travailler sur la normalisation car elle se rend compte qu’un certain nombre d’appels ont bien touché les personnes, mais que malheureusement, celles-ci n’ont pas validé, faussant ainsi les statistiques. Comme la validation fait office d’indicateur sur le taux de réussite, ce dernier est en réalité un peu plus élevé.
Il serait intéressant de simplifier la procédure de validation de manière à mieux mesurer le taux de réussite. En interne, l’usine doit aussi probablement s’améliorer dans l’organisation de sa cellule POI. Elle s’y est attachée cette année et a eu l’occasion de rencontrer les services de secours à plusieurs reprises pour essayer d’adapter son organisation à la leur. Cet aspect d’organisation mérite d’être peaufiné afin de parler le même langage lors de situations accidentelles. Enfin, CECA est demandeur de plus de retour d’informations.
Pendant un exercice ou pendant une situation réelle, l’entreprise a atteint son rôle d’information mais a en revanche, eu le sentiment de travailler un petit peu dans une ? bulle ’. L’usine n’avait pas vraiment de retour d’informations sur ce qu’il se passait à l’extérieur, alors que ces informations peuvent contribuer à sa sérénité et à son efficacité. Il serait bénéfique pour l’usine de recueillir plus d’information entre le déclenchement et la fin du PPI. Elle aurait ainsi de manière avoir une bonne perception de ce qu’il se passe à l’extérieur, pour mieux se comporter dans son travail.
Préparation de l’exercice par la Protection Civile
Francis MANIER Directeur du service interministériel de défense et de Protection Civile du Pas-de-Calais
Je présenterai la préparation de l’exercice afin de rappeler le cadre général et le caractère obligatoire de tels exercices pour des entreprises SEVESO. Ces exercices ont plusieurs intérêts : préparer les divers acteurs à faire face aux interventions liées à l’existence de ces entreprises à risques et mobiliser les divers acteurs dans cette préparation, en commençant par la population. Le cadre général de ces exercices est dressé par l’article 16 de la loi n’2004-811 du 13 Août 2004, dite loi de modernisation de la sécurité civile. Cet article rappelle que c’est au préfet de diriger les opérations de secours et de prendre en charge l’organisation des secours dans le département. L’élaboration et le déclenchement du PPI sont donc placés sous la responsabilité de l’autorité préfectorale. Il s’agissait donc bien dans cet exercice de vérifier l’efficience du document élaboré par les services de la préfecture. Le deuxième article fixant le cadre est l’article 10 du décret 88-622 du 6 mai 1988, non abrogé par le décret récent sur les PPI, et qui institue l’obligation des exercices. Enfin, l’exercice a permis de vérifier le Plan Particulier d’Intervention de CECA, arrêté le 8 décembre 2003, et qui instituait un périmètre de sécurité de 3000 mètres.
La préparation d’un tel exercice, déclenchant de gros moyens et mobilisant la population et des publics précis (écoles, centres d’enseignement’) nécessite un certain nombre de réunions de préparation et d’explication, qui ont duré 4 mois : deux réunions préparatoires générales ; deux réunions de groupe de travail ’communication ? (le point particulier de la communication sera abordé un peu plus tard) ; deux réunions scénario pour le crédibiliser au maximum et le rendre compatible avec les risques de l’entreprise et les points que la Protection Civile souhaite vérifier ; une réunion d’information avec les établissements recevant du public, acteurs de plus en plus importants.
Parmi ces derniers, on distingue les établissements recevant ? tout public ’, qui englobent les magasins, les salles d’exposition et ont un rôle important à jouer dans le schéma d’alerte des personnes à prévenir en cas d’accident. Avertis de l’incident, ils doivent maintenir les populations à l’intérieur de leurs installations et ne pas les laisser sortir si jamais il y avait un risque toxique à l’extérieur. Le deuxième public visé est un public un peu plus spécifique, parfois plus fragile, comme celui hébergé dans les maisons de retraite, les hôpitaux, les centres particuliers. Enfin, les écoles, collèges, lycées sont aussi concernés et l’Education nationale, les enseignants, les chefs d’établissement ont un rôle à jouer et doivent eux aussi être avertis.
Pendant ces 4 mois, il a donc fallu travailler avec tous ces publics à avertir et en profiter pour rappeler les diverses consignes à tenir en cas d’alerte. Les objectifs de l’exercice étaient non seulement d’avoir un impact pédagogique sur la population mais aussi de mettre en pratique la coordination des secours et des acteurs, de vérifier que les planifications prévues concordent avec les procédures et que toute la chaîne d’alerte (on insistera beaucoup sur ce point car c’est la base de toute information) est efficace, rapide et complète.
L’exercice a aussi mis en exergue les écueils auxquels les services de secours seraient confrontés dans la réalité : un rayon de sécurité établi sur une carte est souvent un beau cercle qui, sur le terrain, devient plus compliqué à délimiter. Il faut donc s’adapter en fonction des routes, des carrefours, du trafic actualisé ? Tous ces éléments pratiques doivent être vérifiés à l’aune des documents qui sont établis.
Enfin, venons-en au retour d’expérience sur l’attitude de la population quant au confinement et sur la réactivité des établissements recevant du public. L’information des populations était un des objectifs principaux, à mettre de plus en plus en avant. ? Charité bien ordonnée commence par soi-même ? et suivant la formule consacrée, il faut que la population se conforme aux informations données sur le comportement à tenir. L’objectif souhaité est de pouvoir former la population à ces comportements. Plusieurs animations et réunions ont été menées par le S3PI, le rectorat et les industriels à destination des enseignants, des écoles et collèges, des magasins mais aussi des entreprises environnantes...
Un communiqué de presse a été diffusé aux médias régionaux et des articles ont été publiés dans les gazettes communales. L’association des maires (AMF) dans ce domaine joue un rôle primordial. Je reviendrai plus tard sur un parcours initiatique mené actuellement dans les arrondissements autour du plan communal de sauvegarde et en profiterai pour rappeler aux élus en quelques mots l’objectif de ce document que les communes concernées par des sites SEVESO ou d’autre risques doivent mettre en ’uvre.
La cohérence et la rigueur du travail préparatoire effectué par les divers acteurs de l’exercice sont essentielles pour s’approprier la réalité de la menace et les conduites adaptées à tenir. La communication de l’exercice s’est organisée grâce à la participation de France Bleu Nord notamment. Le ministère de l’Intérieur a de surcroît signé une convention nationale d’information avec le réseau Radio France, dont France Bleu Nord fait partie. Les autres médias seront aussi associés et destinataires des informations en cas d’événements réels. Il n’y pas d’exclusivité de l’information pour France Bleu Nord.
Le deuxième enseignement de cette préparation est qu’il reste encore énormément d’actions à mener vers les responsables d’Etablissements recevant du public. Il est urgent que ces responsables comprennent, que dans le cadre du droit du travail, ils sont des acteurs sur lesquels la Protection Civile compte, pour prendre en charge la population en cas d’alerte.
La confidentialité du contenu du scénario et de la date de l’exercice, connus uniquement de quelques-uns, a permis de vérifier la réactivité et les réactions des gens. L’exercice devait avoir lieu initialement en juin mais a dû être annulé au dernier moment, en raison d’un accident réel particulièrement spectaculaire. Nous avons eu énormément de chance de ne pas avoir de victimes à cette occasion : un TER a percuté un camion de bouteilles de gaz sur le passage à niveau de St-Laurent-Blangy. Cela démontre, qu’en parallèle de toutes les précautions prises pour les infrastructures fixes, par des industriels de plus en plus conscients des risques et soucieux de se mettre en conformité avec la loi, le risque pour les installations mobiles, lui, est de plus en plus prégnant. Ce risque là en plus dépasse les notions de territoire car l’accident peut survenir à tout moment, en n’importe quelle commune, même celles non préparées.
Déroulement de l’exercice vu par les forces de secours
Jérémie DEGRANDE Chef du groupement des moyens opérationnels au SDIS 62
Les enseignements du SDIS
Déroulement des faits
JEREMIE DEGRANDE
Chef du groupement des moyens opérationnels au SDIS
Lors de cet exercice à CECA le 20 octobre dernier, 87 agents sont intervenus, soit nettement moins que les 150 agents engagés pour le PPI de l’année dernière. L’événement n’est pas moins compliqué à gérer mais l’exercice était volontairement inopiné, et que les chefs de centre des sapeurs-pompiers n’avaient ainsi pas renforcé leurs unités de façon artificielle. L’exercice s’est ainsi joué en situation réelle. On peut se rassurer sur la capacité du SDIS à mobiliser sur le site une centaine d’agents en moins d’une heure et des moyens conséquents. S’il n’y avait que 7 VSAV ambulances (le Poste Médical Avancé (PMA) a été activé dans la cour du CHU d’Arras et non sur site) et 4 fourgons incendie (le scénario n’est pas un scénario incendie), l’engagement de l’unité Risque technologique (traitement des fuites et décontamination des masses) a lui été important. Sans oublier les véhicules et les bus de commandement, les ensembles mobiles d’alerte, et une équipe médicale du SDIS.
A ces 87 agents, il faudrait rajouter l’armement de l’ensemble des PC (PC fixe et CODIS) - le PC de terrain étant compris dans les 87 agents. En toute transparence, on retient la capacité du SDIS à projeter sur un incident de ce type une petite centaine d’agent, en moins d’une heure. Le dispositif était entièrement issu de la couverture opérationnelle du jour. Il y donc toujours une petite prise de risque pour les autres incidents survenant en même temps, qui a poussé le CODIS (centre opérationnel) à renforcer les unités ? vidées ? dans cette première heure. Pour le SDIS, l’intérêt est qu’il n’y a pas eu de renfort, pas de pré-positionnement et malgré cela une vraie évaluation de la capacité de réaction.
La chronologie enregistrée par le CODIS est sensiblement différente de celle enregistrée par l’industriel en raison de ? l’effet de vague ’, dû au déclenchement du POI puis du PPI, chez les différents services successivement. Sur la carte on y trouve le rayon de 1200 m, dans les consignes de l’exercice on trouve un rayon de 2 200 m, ancien rayon à actualiser sur le rayon de 3 000 m. On peut ainsi se rendre compte des communes concernées.
L’appel du ? 18 ? survient à 8h49, le départ des secours est lancé dans la foulée. Le déclenchement du POI arrive au SDIS à 09h12, suivi très rapidement du déclenchement PPI. C’est une difficulté à gérer qui sera abordée plus tard. Très longtemps après, le PC de site du COS est activé, à 10h58, activation suivie de la demande de déclenchement du plan rouge. Au-delà de l’incident industriel, le SDIS a géré au final une petite quarantaine de victimes. On passe ainsi à un plan rouge plus classique. La fin de l’exercice, bienvenue pour tout le monde, est sonnée à 12h38.
v Analyse critique de la chronologie de l’événement
La phase POI, c’est-à-dire la gestion de l’événement ? source ? cause du sinistre, est très courte. Cette brièveté (10 minutes) engendre des difficultés pour les sapeurs pompiers. A peine arrivés sur le site pour faire jonction avec l’industriel, le plan change de nature et l’accident se gère pour les sapeurs pompiers in situ mais aussi à l’extérieur. Il faut donc gérer les 2 de front et toute la difficulté est de bien connecter les 2 événements, ce qui n’a pas été fait. Ce constat n’est pas une surprise et dégage clairement l’axe de progression, entre l’événement source chez l’industriel et les conséquences sur le périmètre PPI. Il faut trouver un moyen de relier la cause et la conséquence et cela ne passe que par un réseau de transmission, point faible comme dans beaucoup de services.
J’insiste, en toute transparence, sur la gestion de deux événements distincts, difficilement coordonnables : le premier est la fuite chimique (événement purement industriel) ; le deuxième, extérieur, est le confinement voire l’évacuation dans un périmètre donné. Il faudra pouvoir coordonner ces deux événements distincts et nous réfléchissons à trouver une solution. La phase très courte entre POI et PPI, 10 minutes pour absorber l’événement ? cause ’, est théorique car en réalité, même si le relais est passé au préfet, restant à l’extérieur du périmètre PPI puisqu’il n’a pas vocation à y pénétrer, les deux événements cohabitent pendant un certain temps. Ils vivent en parallèle et il faut trouver la bonne articulation entre PC exploitant de l’industriel qui continue de gérer la cause de l’événement et PC haut / PC fixe du préfet, qui gèrent plutôt les conséquences sur la population.
Les progrès à faire concernent donc les liens entre POI et PPI et la coordination des 2 événements.
L’annexe de la circulaire 700 confirme qu’une opération ne peut pas s’improviser. Tout s’appuie sur des bases réglementaires. Sur le panache jaune, qui simule le panache du vent, on a une interconnexion et le sigle COS (Commandant des Opérations de Secours). C’est l’officier des sapeurs pompiers désigné par le préfet pour commander les opérations de secours. La chaîne de décontamination de la sécurité civile est donc placée et s’articule avec un plan rouge classique, comme ce qui a été vécu dans cet exercice.
L’événement industriel a passé la main et a été pris en relais avec un plan rouge classique pour traiter la quarantaine de victimes. On arrive ensuite au deuxième SAS, au deuxième module de décontamination, celui du SAMU positionné par consigne de man’uvre et conformément aux doctrines nationales devant les urgences de l’hôpital. On nomme cela un sas de décontamination pré hospitalier. Toutes les opérations de terrain s’appuient donc sur une base réglementaire.
Intervenant
Merci pour cette présentation, nous reviendrons sur la question entre la corrélation POI-PPI. M. Francis MANIER intervient maintenant sur la gestion de l’exercice lui-même.
Gestion de l’exercice
Je reprends la parole pour revenir sur la gestion de l’exercice. Le périmètre du PPI est actuellement de 3 000 m. On a retenu, pour des questions d’exercice, un périmètre de 1 200 m avec la mise en place réelle de force de l’ordre sur ce bouclage, et la mise en place par les services des communes des déviations correspondantes. Ce périmètre de 3 000 m correspond aux 9 communes (Saint-Laurent-Blangy, Saint-Nicolas-lez-Arras, Gavrelle, Bailleul, Sire Berthoult, Arras, Athies, Fampoux, Feuchy, Tilloy-les-Mofflaines) et à 43 Etablissements recevant du public.
Tous les acteurs concernés ont été de près ou de loin associés à cet exercice. Dans le déroulement de l’exercice, vécu dans la salle opérationnelle de la préfecture organisée en PCO, la Protection Civile a coordonné à la fois la gestion opérationnelle et aussi la mise en ’uvre d’un centre d’information du public. Les mairies, par exemple, appelaient pour obtenir des informations sur les conduites à tenir. Enfin, la protection civile a joué aussi un peu la pression médiatique et vérifié la ’check list ? d’actions pour n’oublier personne au bord de la route et s’assurer que tout le monde reçoive bien l’information.
La chaîne de commandement concernait un nombre assez important d’acteurs et était localisée au PC fixe en préfecture. Dans les faits, ce PC a été dans le même temps le PC opérationnel, ce qui s’explique par la proximité de l’établissement et de la préfecture. Pour d’autres cas, il existerait bien sûr ce PC intermédiaire, entre le PC exploitant et le PC fixe.
Le PC exploitant a été abordé précédemment avec le commandant DEGRANDE et M. MULLER. Un véhicule léger de commandement du SDIS sur site a permis de servir de PC au COS.
Une partie de la population ont appelé la permanence des mairies, à bon escient. La cellule animation en préfecture a réinjecté un certain nombre de situations en marge du scénario pour voir si les acteurs étaient prêts à répondre. Enfin la mise en place d’un réseau d’observateurs sur le rayon a permis de voir le comportement de la population mais aussi le comportement des publics spécifiques, notamment des écoles, collèges et lycées.
Je reviendrai plus tard sur le retour d’expérience que la Protection civile a tiré. L’audibilité de la sirène est insuffisante mais j’ai compris qu’elle n’est pas le seul moyen unique d’alerte. Pour l’instant, on n’a en revanche pas encore trouvé mieux pour faire une alerte générale. Les autres systèmes existant se heurtent à des problèmes techniques ou juridiques. Même le niveau national essaye de trouver des réponses à cette situation, notamment sur le schéma intercommunication des réseaux, l’utilisation des téléphones portables ? Je n’entre pas trop dans les détails parce que ce sont encore des pistes de recherche en pointillés.
Pour exemple et pour ceux qui s’en souviennent, au moment des obsèques du pape en Italie, la Protection Civile italienne a fait passer un certain nombre d’informations sur le réseau des portables. Elle a ainsi infiltré ce réseau et pu préciser aux fidèles les endroits où il ne fallait plus se rendre, ceux où l’on pouvait être hébergé, assister aux obsèques et ceux qui été noyés par la foule. Pour faire la même chose en France, la Protection Civile se heurte à des problèmes juridiques de propriétés des réseaux un peu complexes. Dans un avenir relativement proche, ces verrous devraient sauter et ce devrait être un des moyens qui appuie la sirène.
L’indifférence de la population est aussi un constat que la Protection civile fait régulièrement. Il va falloir prendre un ? bâton de pèlerin ? et faire ’uvre de conviction extrême pour persuader la population que les exercices ne sont pas faits pour ennuyer les gens mais bien pour les inciter à se préparer et faire face à un incident. Un autre phénomène existe : il faut que la population soit informée, mais aussi formée. La non compréhension du signal PPI est l’un des éléments pour lequel la Protection Civile a encore beaucoup de travail à faire, en termes de formation de la population, non seulement sur la conduite à tenir, mais aussi sur le signifiant du signal.
L’exercice fut utile grâce à sa ressemblance avec la réalité. Ces exercices, proches de la réalité, sont très lourds à mettre en ’uvre et relativement coûteux pour les intervenants. Ils sont limités à quelques uns pour ces raisons et il importe d’en tirer tous les enseignements possibles. Pour exemple, parmi les observateurs de cet exercice, des personnels de la préfecture de la Somme étaient présents. Ils peuvent ainsi avec un ’il extérieur évaluer les points faibles et les points à améliorer.
La nécessité de poursuivre la sensibilisation de la population à la culture des risques est permanente. Malgré toute la communication déployée, et malgré les réunions organisées, on sent bien qu’il y a un vrai problème de formation. C’est la tâche principale à laquelle s’attellera la Protection Civile à l’avenir.
Comportement des populations
Aurélien MARCOUX Chargé de communication du S.3P.I. de l’Artois
Avis du S3PI
Travail de préparation
Je reviens sur le travail réalisé en amont, avant le déroulement de cet exercice puis exposerai la synthèse du comportement des populations.
Comme déjà évoqué, en parallèle du groupe scénario, un groupe de travail a été constitué, dont la mission était d’élaborer des outils de communication à destination du public pour le sensibiliser en matière de risque. Ce groupe de travail regroupait le S3PI de l’Artois, des membres de la Préfecture, des représentants des 9 communes concernées, des membres du rectorat d’académie et, évidemment l’exploitant. Plusieurs réunions ont été nécessaires pour mettre au point le communiqué de presse, le dossier de presse ainsi que la fiche d’observation. C’est un travail collégial qui a été effectué, chacun mettant sa pierre à l’édifice pour réaliser une communication la plus globale pour présenter l’exercice et rappeler les consignes de sécurité.
La convention évoquée par M. MANIER a été en quelque sorte testée et mise en pratique avec la rédaction d’un message d’alerte que France Bleu Nord devait diffuser. Ce message a été réalisé le 5 octobre dernier, avant l’exercice bien évidemment. Les dossiers de presse et les dossiers de communication ont ensuite été envoyés au dernier moment pour faire jouer l’effet de surprise et observer les réactions. Les destinataires ont été priés de ? garder l’information sous le coude ? et de ne la diffuser que le jour de l’exercice (le lendemain).
Le S3PI s’est aussi attelé à communiquer auprès des publics cibles. Dans un premier temps, plusieurs informations ont été mises en place pour informer et sensibiliser les directeurs et les enseignants des écoles, en présence du S3PI, de CECA (l’exploitant), et du rectorat. Lors de ces réunions, il a bien été précisé ce qu’était un plan particulier de mise en sûreté et rappelé les consignes de sécurité pour sensibiliser sur ce qu’était le risque. L’objectif n’était pas de prendre totalement les gens au dépourvu, mais d’insister sur la nécessité de se protéger en cas d’accident, et d’expliquer ce qu’il fallait faire pour se protéger.
Depuis 2002, le S3PI organise les interventions dans l’ensemble des établissements scolaires présents dans la zone concernée par l’exercice. Nous avons vérifié que tous les élèves avaient bien eu l’information pour qu’ils servent de relais auprès de leurs parents.
Une réunion d’information la 12 mai, déjà évoquée plus haut, auprès des Etablissements recevant du public a permis d’expliquer encore l’intérêt de l’exercice présenté aux Etablissements recevant du public.
Synthèse des remarques des observateurs
Le même type d’observations se retrouve pour les 9 communes.
– inaudibilité de la sirène à 70 %
La topographie (relief entre la sirène et les différents points du périmètre), la météorologie (vent) et le lieu d’écoute expliquent ce constat. Les gens entendent évidemment mieux à l’extérieur d’un bâtiment qu’à l’intérieur, cela reste un problème. L’autre moyen d’alerte de la population est la radio, moyen par lequel il y eut un retour assez important. La participation de France Bleu Nord a eu un impact non négligeable.
– indifférence de la population
On constate une indifférence générale dans la plupart des communes, caractérisée par l’absence de changement des habitudes. Les gens ne comprennent pas en effet l’intérêt d’un exercice et ne voient pas ce qu’ils peuvent faire. On remarque aussi la non compréhension du signal d’alerte. Le confinement de la population est par conséquent très variable : les consignes diffusées, n’ont pas toujours été reprises. Les moyens été mis en place pour sensibiliser les gens sont peut-être à perfectionner.
– comportement des établissements scolaires
Principalement 16 établissements scolaires étaient concernés, dans toutes les communes. Trois observateurs par école en moyenne étaient chargés d’observer les réactions, et des conseillers pédagogiques étaient présents dans toutes les écoles primaires et maternelles.
Lors du déclenchement de l’alerte, on constate que le PPMS (Plan particulier de mise en sûreté, dispositif spécifique pour mettre à l’abri les élèves) était déclenché suivant différentes sources. La première est évidemment l’audition des sirènes.
On s’est aperçu que les portes et fenêtres étaient ouvertes, la plupart des gens sachant que l’exercice ne devrait plus tarder. L’autre biais par lequel les écoles ont appris le déclenchement de l’exercice est l’appel téléphonique. Une seule école n’a pas reçu l’appel. L’alerte, pour une des écoles, a été déclenchée dès l’audition du message de France Bleu Nord.
YVETTE THELLIER
Rectorat
L’école qui n’a pas reçu l’alerte est un cas un peu particulier. Elle a entendu la sirène mais n’a pas pu valider, tout simplement. Celle-là n’a donc pas du tout validé mais a bien entendu et quand même réagi.
Sinon, tous ont déclenché dès le début, ce qui est un point positif car cela n’a pas toujours été le cas. Parfois, les écoles ne recevaient pas l’alerte téléphonique ou n’entendaient pas la sirène. En revanche, l’école qui a entendu le message par France Bleu Nord n’a pas validé l’alerte téléphonique. Il y a donc eu des petits soucis au niveau de l’alerte téléphonique mais tous les établissements ont bien reçu l’alerte.
Un lycée n’a pas pu valider en raison d’un problème de touches qui ne fonctionnaient pas. Pour deux établissements, les numéros n’existaient plus : il est donc normal que cette alerte n’aie pas été validée. En revanche, on peut insister sur un point : en cas d’accident réel, l’alerte téléphonique fonctionnerait pour les collèges et lycées mais pas pour les écoles. Celles-ci n’ont en effet qu’une seule ligne téléphonique. Si le directeur est en cours à ce moment là, ou s’il ne répond pas systématiquement au téléphone, le message tombe sur le répondeur. Il relève le répondeur à la fin de la journée, parfois à la fin de la demi-journée.
Les écoles connectées à Internet par la ligne téléphonique ne peuvent pas être jointes non plus. Le problème est réel pour les écoles et l’alerte téléphonique dans ces écoles ne peut pas fonctionner.
Monsieur DUJARDIN
Préconisez-vous l’installation d’une deuxième ligne téléphonique dédiée aux urgences ? Elle serait utile, si le numéro n’est pas diffusé systématiquement et si elle sonne à un endroit où on est certain de l’entendre, dans les salles de classe par exemple. Ainsi toute l’école l’entendrait et n’importe quel enseignant saurait que si ce téléphone là sonne, c’est qu’il se passe quelque chose de très grave.
Madame THELLIER
Je crains pour le jour où il se passe réellement quelque chose. D’une part les sirènes ne sont pas entendues mais de plus, l’inspection académique, qui assure le suivi des écoles, n’est pas joignable.
Monsieur DUJARDIN
La question est particulièrement posée aux collectivités territoriales qui financent la mise en réseau téléphonique des établissements scolaires. Il y a peut être des solutions à coûts limités, adéquates face aux réticences financières des collectivités. Vu l’importance du sujet, cette solution d’une deuxième ligne téléphonique à coût limité dans le temps, pourrait être intéressante.
Monsieur MARCOUX
Le bilan général du comportement des établissements scolaires est globalement positif. Malgré quelques petits points noirs, deux constats découlent de l’exercice :
– les établissements qui ont testé leur procédure ont souvent mieux géré l’événement. Ils étaient préparés et avaient mis en place le PPMS, ils savaient quelle procédure suivre et ont mieux fait face à l’événement.
– ceux qui avaient moins mis en place leur PPMS ont pu le tester et voir ce qu’il fallait améliorer.
Dans l’ensemble, cela reste donc un exercice bénéfique.
Madame THELLIER
Les établissements qui ont tiré bénéfice de l’exercice sont ceux qui n’ont pas pris suffisamment conscience de l’enjeu du risque. Ils ont préparé leur PPMS en catastrophe, l’information n’a pas été bien faite au personnel et par conséquent à l’ensemble des élèves. On assiste alors à des comportements regrettables de la part d’enseignants et de la part d’élèves, bien qu’on puisse estimer que ce n’est pas entièrement leur faute. L’exercice est globalement positif car les établissements en question ont justement pris conscience de l’enjeu et ont pensé à des solutions comme une meilleure information des personnels et des élèves. Globalement l’exercice a au moins eu l’avantage de faire prendre des mesures aux établissements et reste positif malgré les petits dysfonctionnements (à l’origine de l’appel de la préfecture par une maman d’élève).
Monsieur DUJARDIN
Etait-ce le premier exercice POI/PPI pour l’entreprise CECA ?
De la salle
Oui pour le PPI, ce qui explique les faiblesses, mais un exercice de POI avait déjà été réalisé en 2003.
Madame THELLIER
Il y a eu des problèmes de communication entre l’inspection académique et les écoles / établissements car l’inspection académique n’a pas pris toute la mesure de l’intérêt de l’exercice. Les informations n’étaient pas suffisamment précises. Les écoles n’avaient pas les moyens nécessaires pour recevoir les messages dés le début de l’alerte, et développer la conscience du risque chez tous les élèves et le personnel, ce qui est extrêmement important. D’autres choses ont aussi un peu dérangé les établissements scolaires, qu’ils soient du premier ou du second degré. Ils se sont posés des questions car les élèves poursuivaient leurs activités comme si de rien n’était.
Certaines collectivités, qui savaient qu’il y avait des exercices et avaient mis en place des réseaux d’observateurs, ont par ailleurs envoyé certains de leur personnel faire des travaux dans les établissements scolaires qui étaient à l’abris. Cela est un peu regrettable. Il y a même eu un cas où quelqu’un est allé leur porter des papiers non urgents, alors qu’ils étaient mis à l’abri pendant le PPMS. Cela est vraiment regrettable. ON peut comprendre le mécontentement de gens de l’extérieur mais on peut difficilement comprendre qu’une collectivité au courant de l’exercice n’ait pas changé le planning.
RICHARD BOLLIER
Adjoint au maire de St Laurent Blangy
Je suis responsable des problèmes de sécurité et avais pour mission, dans le cadre du travail préparatoire, de placer des observateurs pendant 15 minutes. Effectivement, ayant déclenché le PPI par téléphone auprès de ses observateurs parce qu’il y avait des problèmes de sirène, j’ai confirmé qu’à 9 heures, ils prenaient le rôle d’observateurs. J’attendais une modification de situation qui risquait de durer dans le temps (je me suis expliqué dans une réunion avant-hier avec le colonel de gendarmerie). Le temps de voir cela, j’ai dit aux observateurs (personnel municipal) de rejoindre leur poste de travail une ? heure après. Ils ont donc quitté leur poste d’observateurs à 9h30 ? 9h40, étant bien entendu j’avais rempli mon engagement pris en tant qu’élu. J’admets qu’il est vrai qu’une de mes équipes a eu à pénétrer dans une école (école Langevin primaire et maternelle) où ils sont allés faire des travaux et je précise que j’ai à ce propos fait l’objet d’une intervention assez virulente du directeur d’établissement. Lui ne comprenait plus du tout et ne voyait pas pourquoi le personnel qui se promenait dans l’établissement ne jouait pas le jeu comme eux. J’en ai expliqué la raison : à chacun son rôle.
Madame THELLIER
Il y a eu d’autres cas similaires dans d’autres communes. Le principe est dorénavant de trouver des solutions.
Je souhaite aborder un autre point également. Les municipalités ont bien joué le jeu de l’information des populations. Elles ont fait passer les messages et beaucoup de personnes semblent avoir compris ces messages. En revanche, pendant l’exercice, par convention et suite à des incidents survenus lors d’exercices précédents, il avait été décidé que l’exercice prendrait fin dans les établissements scolaires de façon échelonnée, en fonction de l’heure de fin de cours. Là aussi, il y a eu un petit problème de communication de l’inspection académique, qui a dit à 11h15 que l’exercice était terminé. Quelques enfants attendaient leurs parents, qui n’étaient pas venus les chercher car eux-mêmes attendaient la fin de l’alerte. Certains riverains ont en effet bien joué le jeu et compris le message. Il faudra faire très attention à cela lors d’un prochain exercice : peut-être faut-il faire passer un message pour préciser le déroulement de la fin de l’exercice.
Pour cet exercice en tous cas, il y a eu quelques ratés car certains parents ont des impératifs horaires. Cependant, ils ont quand même écouté et bien compris certains messages.
Monsieur DUJARDIN
Tout l’intérêt de ce débriefing est d’être tous autour de la table à examiner ce retour d’expérience. Nous suivons un cheminement itératif. Chaque exercice POI / PPI livre des enseignements. Ces conclusions permettent d’améliorer les exercices suivants. La discussion est en ce sens tout à fait positive. Je sollicite les services de sécurité (services de police nationale et de gendarmerie) présents sur les lieux pour collecter leur perception de l’exercice et leur avis sur le déroulement et les corrections éventuelles à apporter.
Avis des services de sécurité
v Les forces de gendarmerie
MONSIEUR DEMARQUOY
Gendarmerie
Le bouclage du périmètre s’est passé sans problème, car la gendarmerie est habituée à cette man’uvre de routine, qu’elle conduit très bien même sans être pré alertée. Le système est formaté de manière à aller très vite. Les brigades concernées par les sites sensibles sont équipées de tenue de protection et peuvent donc s’approcher des zones à risques.
La gestion de la population entrant ou sortant du périmètre ne pose pas non plus de problème.
En revanche, au sein d’un périmètre, on s’aperçoit que les gens circulent et c’est bien sur eux qu’il faut agir. Il est vrai que nombre de personnes n’étaient pas informées ou peu intéressées. Il faut donc s’attacher à informer ces populations pour les inciter à se confiner chez elles. L’autre grand défi de l’exercice concernait l’organisation générale du système car le périmètre de sécurité est amené à évoluer. Dans le cadre de l’exercice, la gendarmerie a manqué d’informations qui lui auraient permis de faire évoluer le périmètre. Cet élément n’a pas perturbé l’exercice lui-même mais généré une moindre performance.
Les forces de police
MONSIEUR PIERRE-YVES DAMBRINE
Capitaine de police
La police nationale est en périphérie de l’exercice parce que celui-ci se situe en zone de gendarmerie. La police, concernée donc au second degré, avait cependant à tenir certains points de circulation. La gestion des différents relais fut le plus difficile. Parfois, il y a eu une mauvaise interprétation des renseignements recueillis sur le terrain. Pour améliorer, tout le commandement devrait partir directement de la préfecture vers la police, sans relais. La police est intervenue vers 11h30 pour établir un axe routier prioritaire afin d’évacuer les blessés vers l’hôpital. Là, il y a peut être eu un manque de coordination entre les services de gendarmerie et la police nationale, comme le laisserait penser l’accident survenu à un passage à niveau avec un camion transportant du gaz. La communication était beaucoup plus efficace avec le CODIS.
Le fait que la police n’a pas eu l’information en temps réel était problématique. Par moment, elle avait l’impression d’avoir été un peu mise à l’écart de l’événement. Les informations partaient de la gendarmerie et allaient en préfecture, et la police avait ensuite un retour. Il y avait par moment des discordances dans l’interprétation des propos transmis : l’existence de deux services peut en effet engendrer un problème de coordination. Pour bien coordonner, il faut un moment d’adaptation sur le terrain. En l’occurrence, cela a été vrai pour cet exercice mais pas pour l’accident du passage à niveau (explosion de bouteilles de gaz). Tout est affaire de cas et il n’y a rien d’autre à expliquer à ce sujet.
MONSIEUR ETIENNE LALLEMENT
Président de Radio Bruaysis
En ce qui concerne les lignes téléphoniques, je propose, pour l’alerte, une sonnerie très différenciée de celle du téléphone, ce qui est techniquement réalisable immédiatement. A condition que la ligne soit numérique, on peut programmer le numéro d’alerte. Dès que ce numéro appelle, il déclenche une sonnerie spécifique. Si cette sonnerie spécifique n’était pas audible de partout, il suffirait de la raccorder à un relais sirène qui alerterait la directrice et l’encadrement de l’école.
Madame THELLIER
Votre intervention est très intéressante, mais les écoles dépendent des collectivités. Ce n’est pas le directeur d’école qui peut de lui-même prévoir cette installation.
Monsieur DUJARDIN
L’ADSL a toutes les qualités pour cette installation, faute de quoi, le système proposé par Monsieur LALLEMENT ne fonctionnerait pas si la ligne Internet était activée. L’ADSL arrive cependant dans de nombreuses communes.
Détail de l’alerte téléphonique
Monsieur MARCOUX
Je donne quelques compléments d’information sur l’alerte téléphonique et présente le dispositif. La première décision prise par le prestataire et l’entreprise CECA est le nombre de listes d’appels (4 listes).
On retrouve 59 destinataires pour la liste POI. Cette liste semble inclure les institutionnels, les mairies, et aussi les 27 destinataires du personnel CECA.
Dans la liste PPI se rajoutent tous les établissements recevant du public, ce qui augmente le nombre total.
La première alerte POI s’est déclenchée à 8h46 et l’alerte concernant le PPI s’est déclenché à 9h04, dans les temps souhaités par l’exploitant.
Il y avait un à deux numéros (un fixe et un portable) par destinataire et des numéros de standard pour les établissements recevant du public. Ainsi, il y a avait plusieurs moyens de toucher les personnes.
Si la personne ne pouvait pas répondre sur le numéro sollicité, une deuxième tentative était effectué à t+5, voire à t+10. Ces renouvellements expliquent la durée de l’alerte téléphonique de 19 minutes (la première vague d’appels a eu lieu en moins de 3 minutes). L’abandon ou la validation du message prend plus ou moins de temps.
Ensuite, on passe à quelques petites statistiques. Le taux de réussite de la pré-alerte POI est de 55%. Une bonne majorité des personnes concernées ont donc été informées, dont les membres du personnel de CECA. Ce chiffre est à prendre avec précaution car les personnels CECA de la liste POI ne pouvaient de toute façon pas valider le message, bien qu’ils aient été au courant.
Pour les mairies et institutions, le taux de réussite de l’alerte PPI atteint à 9h, le chiffre surréaliste de 80%. Pour les établissements recevant du public, seul 50% est atteint : la validation avec la touche étoile ou dièse n’a pu être faite ou certains numéros ont sonné dans des endroits vides à ce moment là (salles de sport par exemple), ce qui explique la faiblesse de ce deuxième taux.
Le taux global de réussite de validation des messages est de 67% (contre 61% pour un exercice de 2004). On note donc une légère amélioration.
Les résultas par catégorie sont les suivants : 13 appels réussis sur 16 pour les mairies, 9 sur 12 pour l’administration, 17 sur 23 pour les écoles, 10 sur 12 pour les ERP industriels, et 16 sur 34 pour les autres (salles de sports, salles communales, hôtels).
La liste d’appels des établissements scolaires est à vérifier et toujours à actualiser. La touche dièse pour l’acquittement de l’appel n’est pas toujours opérationnelle (exemple du lycée Guy Mollet d’Arras).
Des améliorations sont possibles sur le dispositif : vérifier l’exhaustivité des listes d’appels ; s’assurer que l’ensemble des ERP, des mairies, des institutionnels soit pris en compte et incorporé dans la liste du prestataire ; simplifier la validation du message (uniquement étoile pour la validation par exemple) ; compléter les numéros d’appels pour chaque destinataire.
De la salle
Il y a quelque temps, la préfecture a contacté les municipalités pour désigner deux personnes référentes avec leur numéro personnel. Si l’accident arrive à 2h30 du matin, la mairie sera-t-elle être prévenue par l’un de ces numéros ? J’ai déjà reçu de nombreuses alertes et je ne suis pas ? joignable à merci ’.
Intervenant
Les numéros personnels sont inscrits dans la liste VIAPPEL. Cela nécessite effectivement une réflexion car ces numéros seront certainement inscrits dans le plan local, avec une série de relais. Lors de l’incident du chemin de fer, les services municipaux ont répondu présents et ont été opérationnels en un minimum de temps. Ils ont l’équipement pour travailler en extérieur.
Dès qu’une opération comme celle-ci se déclenche, le seul moyen d’être efficace, c’est d’avoir du relais téléphonique entre ses personnels mais les personnels ne seront pas efficaces puisqu’ils seront confinés comme les autres. C’est toute le problématique de ce domaine que l’on appréhende pour la première fois.
Les mairies ont formé les enseignants, ont mis en place un système d’alerte car tous les bâtiments ne répondent pas aux impératifs théoriques que propose le plan Education Nationale. Pour exemple, si la directrice se confine dans un des bâtiments, elle n’a plus aucun contact avec les autres classes. Pendant longtemps, on a appris aux enfants de sortir dehors dès qu’il y a une sonnerie dans l’établissement. Or ici, il faut trouver un système d’alerte adapté à tout l’établissement, suffisamment différent pour leur faire comprendre l’alternative : dehors ou dedans ! Ce n’est pas évident !
De la salle (ancienne directrice d’école)
Ne faudrait-il pas produire une vidéo pour les scolaires, puis leur faire pratiquer l’exercice ? Ils retiendraient beaucoup mieux, car les communications passent mal aujourd’hui et c’est bien cela le problème.
De la salle
Des vidéos et des Cd-rom existent déjà.
Monsieur MARCOUX
Suite à la première campagne d’information en 2001, le service S3PI de l’Artois, les services du rectorat et les différents industriels concernés ont édité un Cd-rom, une vidéo d’une dizaine de minutes, un jeu interactif à destination des élèves, distribués à chaque visite de sensibilisation dans une classe. Il y a aussi une séquence pédagogique qui explique aux enfants que cela est différent d’une alerte incendie, qu’il faut bien reconnaître le signal d’alerte.
Le travail de sensibilisation, débuté il y a 2-3 ans, se poursuivra faire comprendre aux élèves de réagir différemment. Des outils sont mis en place : une vidéo, des affiches, un cd-rom, une séquence pédagogique où l’on peut répondre aux élèves sur les questions qu’ils se posent.
De la salle
Combien de zones sont-elles classées SEVESO dans le Nord - Pas de Calais ?
De la salle
Il y en a une vingtaine, le Pas-de-Calais étant un département industriel et référencé comme tel.