Objectifs de la mise en place d’une cellule de crise par la préfecture suite à l’épidémie de légionellose
Cyrille SCHOTT Préfet du Pas de Calais
L’épidémie de légionellose qui a sévi fin 2003 début 2004, a endeuillé la population du secteur lensois (85 personnes ont été malades, 13 sont décédées).
Le bilan définitif est encore attendu - des cas sont analysés rétrospectivement - et devrait être moins lourd que ce qui était craint (tous les cas de pneumopathie depuis novembre ont subi une analyse sanguine). A priori, pas plus de 10 cas supplémentaires ne devraient être recensés. Le bilan provisoire s’établit donc à 85 personnes.
Un regard rétrospectif sur cette crise n’a pas pu encore être porté car les habitants de Harnes et les salariés de NOROXO restent très inquiets pour l’avenir de leur usine. L’inquiétude et l’angoisse des élus, des habitants et des salariés sont partagées. Rappelons que l’Etat a tout mis en ’uvre pour que cette usine produise proprement et non pour qu’elle ferme : en effet, si les conditions techniques sont réunies pour une production propre, l’Etat ne voit pas pourquoi l’usine ne produirait pas.
Pendant cette crise, un dispositif exceptionnel a été mis en place, avec une très forte mobilisation des services de l’Etat. Ainsi, un communiqué de presse quasi-journalier le plus précis possible, a été publié afin d’informer le public du déroulement de cette crise. L’Etat a également mis en place très rapidement une cellule de suivi de crise. Ainsi, lors de la communication du deuxième cas de légionellose le 28 novembre 2003, un décès étant survenu, la DDASS s’est immédiatement rapprochée de la DRIRE. Cette dernière a vérifié la situation des deux établissements. L’un des deux établissements (NOROXO) a éveillé les soupçons. Dès le signalement le samedi le 29 novembre, de l’existence des deux cas de légionellose, du décès survenu, des interrogations concernant NOROXO et de la proposition des services d’arrêter l’usine pour la nettoyer, je demande cet arrêt. Compte tenu des délais techniques nécessaires cet établissement est fermé le 2 décembre.
Dès le lundi 1er décembre, une réunion des services concernés a eu lieu à la préfecture et a conduit à la mise en place de la cellule de suivi. A ce moment-là, personne n’imaginait que 85 autres cas apparaîtraient.
Très vite, le contact a été établi avec la cellule interrégionale d’épidémiologie ainsi qu’avec les instances nationales, la direction générale de la Santé, l’Institut national de veille sanitaire, la direction de la prévention de la pollution et des risques, et le service du professeur Etienne, spécialiste français de la légionellose. Puis fin décembre, la deuxième vague de légionellose est apparue et a soulevé de difficiles questions. La préfecture s’est alors tournée vers les ministères en demandant des moyens d’expertise complémentaires pour l’analyse de la situation. Les ministres de la Santé et de l’Ecologie ont alors désigné la mission d’appui, formée de 5 experts nationaux (dont certains venus d’entreprises privées). Cette mission a été très précieuse. Au total, la structure de crise a très bien fonctionné grâce à une forte mobilisation de tous ses participants.
L’épidémie a touché 53 communes, sur un rayon de plus de 10 Km et a fortement mobilisé les maires des communes concernées. Beaucoup d’initiatives ont été prises : réunions régulières entre maires et services de crise, réunions spéciales avec des ministres (Ecologie et Santé). Au total, une dizaine de réunions a eu lieu, avec 50 à 60 personnes présentes lors des dernières séances.
La charge des maires a été lourde. Certains ont été davantage concernés car la légionellose a touché les communes de manière différente.
Rappelons que le S3PI est un organisme dont la mission est la prévention et l’analyse des situations. Son rôle n’était donc pas opérationnel pendant la crise et des structures opérationnelles adéquates ont dues être mises en place. Il est légitime et nécessaire que le S3PI s’intéresse à la situation passée afin d’en tirer les leçons et les conséquences.
Pendant la crise, le S3PI a réuni un comité de suivi exceptionnel pour qu’il puisse exprimer ses souhaits et ses besoins sur des actions préventives. Cet organe a convenu que le S3PI de l’Artois diffuserait une information sur les mesures techniques visant à réduire les concentrations de légionelles auprès des industries disposant de tours réfrigérantes. Un communiqué leur a donc été envoyé courant février. Il a aussi été décidé de réunir les membres de la commission air et eau à l’issue de la crise dès la fin de la période de réserve, afin de présenter un bilan des actions mises en place durant l’épidémie et les premiers éléments de retour d’expériences.
Les actions menées par la cellule de crise
Danièle ILEF Médecin coordinatrice à la cellule inter régionale (CIRE) d’épidémiologie, Institut national de veille sanitaire
1. Le suivi épidémiologique
1.1. Rappels techniques
La légionelle est une infection respiratoire. L’agent responsable est la bactérie legionella, et le diagnostic est obligatoirement biologique et non uniquement clinique. La legionella est un bacille gram dont il existe 48 espèces. Le sérogroupe en cause dans l’épidémie actuelle est la legionella pneumophila de type 1. . Le diagnostic par antigène urinaire était donc très pertinent car il est spécifique de ce sérogroupe et les résultats sont disponibles en quelques heures.
Par contre, ce diagnostic ne permet pas de déterminer la souche en cause. Il est suffisant pour un diagnostic isolé, mais insuffisant pour chercher un lien épidémiologique. C’est pourquoi, sur notre demande, les légionelles ont été recherchées dans des prélèvements broncho-alvéolaires afin de mieux suivre l’épidémie (manipulation d’ailleurs difficile utilisant la fibroscopie ou le lavage broncho alvéolaire). Cela n’a pas été fait pour tous les malades, mais les prélèvements qui ont donné une culture de légionelles ont permis de retrouver la souche.
Il existe deux autres méthodes de diagnostic : l’immunofluorescence directe. (très peu utilisée) et la séroconversion.. Cette dernière méthode part du principe que pour chaque maladie, l’organisme fabrique des anticorps. La mesure s’effectue sur le taux d’anticorps fabriqués par l’organisme contre la maladie. Pour pouvoir affirmer que le patient est atteint, deux prélèvements doivent être faits à 2 ou 3 semaines d’intervalle minimum, ce qui ne permet pas une réactivité optimale pour le diagnostic. Des cas pourront donc encore être décelés, les contrôles sérologiques n’étant pas terminés. Cependant le sérodiagnostic reste un examen très difficile qui dépend beaucoup du réactif employé : des divergences d’interprétation peuvent même exister entre l’Institut Pasteur de Lille et le Centre national de référence. Des vérifications sont menées afin d’éviter les erreurs.
1.2. Bilan des déclarations en France en 2002
En France, la légionellose est très surveillée car c’est une maladie à déclaration obligatoire.. Tout médecin ou biologiste émettant un diagnostic de légionellose doit obligatoirement remplir une fiche de déclaration, et l’envoyer à l’Institut de veille sanitaire. Par ailleurs, toutes les souches doivent être envoyées au Centre national de référence à Lyon (en lien avec l’Institut de veille sanitaire) puis à un réseau Européen (EWGLI) ayant l’objectif de surveiller les épidémies potentiellement liées à des passages dans des lieux de vacances (hôtels, etc.). Ce réseau européen a ainsi permis de diagnostiquer un certain nombre d’épidémies.
Le nombre de cas de légionelloses déclarés en France a fortement augmenté, probablement dû, en grande partie, à une surveillance croissante. Auparavant, les diagnostics n’étaient sans doute pas établis.
Après le développement de la mesure de l’antigène urinaire, les médecins ont été fortement sollicités pour faire cette déclaration obligatoire (non appliquée avant). En 2002, plus de 1 000 cas ont été recensés et les chiffres de 2003 devraient être sensiblement les mêmes.
De manière générale, 71% des cas déclarés en France ont au moins un facteur prédisposant. Les facteurs de risques sont majoritairement liés à l’utilisation d’eau chaude sanitaire. (hôpitaux, installations thermales...) plutôt qu’à des expositions environnementales.
Depuis quelques années, quelques épidémies de légionellose ont été notifiées en France : en 1998 à Paris lors de la Coupe du Monde de Football, une épidémie a été diagnostiquée par le réseau européen. Des Anglais ont été malades pendant leur séjour à Paris et l’origine de l’épidémie a été retrouvée.
1.3. L’épidémie de Harnes
Cette épidémie est la plus importante jamais recensée à ce jour. . Le 28 novembre 2003, la DDASS, la DRIRE, la CIRE, l’INVS ont été alertés et des mesures ont immédiatement été prises : contrôle des deux tours de Harnes et arrêt immédiat d’une tour considérée comme potentiellement contaminante.
1.3.1. Les investigations
Des investigations ont été faites, d’abord au niveau épidémiologique. avec la mise en place d’une enquête descriptive et exploratoire : tous les cas signalés à la DDASS ont été interrogées par la DDASS, la CIRE ou l’INVS, pour connaître :
– le début des symptômes
– les facteurs de risques
– les déplacements réalisés pendant les 10 jours précédant le début des symptômes pour trouver un facteur commun ou un lieu commun.
Puis une enquête de type cas-témoins. a été menée, mais n’est pas encore complètement exploitée. L’objectif était de voir les différences entre malades et non-malades habitant le même endroit, appartenant à la même classe d’âge et au même sexe, afin de rechercher des différences en termes de pathologie personnelle et de mieux analyser les différences en termes de déplacements. Des investigations environnementales. ont également été entreprises ainsi que des investigations microbiologiques. .
Afin de comparer les souches cliniques et environnementales, le CNR a procédé des électrophorèses en champ pulsé qui permettent d’observer des différences dans la migration des protéines : c’est une sorte de ? code barre ? de la souche bactérienne.
L’enquête descriptive et exploratoire a concerné toutes les personnes souffrant d’une pneumopathie et chez lesquelles un diagnostic biologique de légionellose avait été porté.
Les cas devaient répondre aux critères suivants :
– résider ou avoir séjourné dans une zone de 12 Km autour de Harnes dans les 10 jours précédant la date des débuts des signes
– avoir présenté les premiers symptômes entre le 5 novembre 2003 et le 31 janvier 2004.
Une recherche active des cas a été conduite en sensibilisant des médecins généralistes et les centres hospitaliers du secteur par la DDASS afin qu’ils pensent à demander le diagnostic. Puis les patients ayant présenté une pneumopathie inexpliquée ont été re-convoqués.
1.3.2. Les résultats
– 84 cas ont été recensés (ce qui peut encore varier à cause de la sérologie).
– 51 hommes et 33 femmes ont été touchés.
– L’âge médian est de 75 ans (32 et 92 ans pour les extrêmes), et dans 93% des cas, au moins un facteur prédisposant a été retrouvé.
Aucune différence significative n’a été constatée entre malades et non malades . : en interrogeant des personnes non malades du même secteur, de même tranche d’âge, on remarque le même nombre de facteurs prédisposants. La seule différence réside chez les personnes atteintes de silicose (plus important chez les malades).
La létalité s’élève à 15% . avec 13 décès. 23 cultures positives ont été obtenues à partir de prélèvements chez les malades ayant la même souche, que ce soit au début ou à la fin de l’épidémie, et quelle que soit la localité.
Le premier cas a été décelé le 5 novembre 2003 et le dernier date du 22 janvier 2004.
Cette courbe permet de montrer un creux dans l’épidémie (avant le 9 décembre), puis un redémarrage. : on parle donc de deux vagues de propagation. . Le cas le plus éloigné se situe à Violaine (2e partie de l’épidémie) et la plus grosse densité de cas se situe autour de Harnes et Fouquières. Le secteur d’Hénin-Beaumont a été touché dans la deuxième partie de l’épidémie alors qu’à Harnes, des cas ont été décelés pendant toute la durée de l’épidémie.
1.3.3. Conclusions
En terme d’épidémiologie, la période s’étale sur deux mois, et en terme de microbiologie, on constate une même souche épidémique. Il existe donc probablement une souche unique persistante, . à laquelle les cas sont certainement liés.
La courbe a deux inflexions : l’exposition aurait diminué puis augmenté à nouveau. L’exposition a repris avec la même souche. Restait à savoir si cette même souche avait été diffusée par la même source, ou si d’autres sources relais avaient existé. Ce sont les données environnementales et les recherches microbiologiques dans les prélèvements environnementaux qui ont permis de conclure.
2. Les contrôles sanitaires
Max THEROUANNE, ingénieur sanitaire à la DDASS du Pas de Calais
2.1. Méthode du contrôle
Les patients ont été interrogés, et pour les cas plus isolés, les inspecteurs se sont rendus au domicile des patients et sur les lieux fréquentés. La plupart des patients contaminés étaient des personnes âgées. En outre, un recensement a d’abord été fait auprès des commerces fréquentés par ces patients. Ainsi, près de 1 750 établissements ont été contactés par la DDASS. Durant le mois de décembre (première vague de l’épidémie) un questionnaire a été élaboré : les établissements concernés ont été ensuite interrogés par courrier, télécopie ou téléphone, suivant une liste préétablie par les maires des communes concernées.
2.2. Objectif du contrôle
Le but était de rechercher les tours réfrigérantes et les climatiseurs. Un grand nombre de commerçants pensaient avoir une climatisation ? humide ? alors qu’en fait la plupart des climatiseurs sont par ? voie sèche ’. La confusion était possible étant donné la condensation extérieure.
Ce recensement s’est accéléré fin décembre lorsque la deuxième courbe épidémique a démarré. Les services de la DDASS, de la préfecture et d’incendies de secours sont alors allés immédiatement sur place remplir les questionnaires.
2.3. Bilan
Au total, 3 tours aéroréfrigérante ont été répertoriées hors installations classées.
La DDASS s’est rende au domicile des patients et a pu dénombrer 84 cas déclarés suite à 82 visites réalisées à domicile et 2 sur lieu de travail (ces deux cas étant domiciliés hors département). La DDASS se rend aussi sur le lieu de travail car il constitue une source de contamination possible, notamment au niveau des sanitaires.
Au total, 88 prélèvements ont été réalisés, dont 78 inférieurs au seuil de détection de 50 UFC/L. Dix prélèvements ont montré la présence de legionella, chez des particuliers et sur un lieu de travail. Ce dernier a donc entraîné un arrêt des installations sanitaires (douches) afin d’effectuer vidange, nettoyage, désinfection et de nouvelles analyses.
Cependant, toutes les souches retrouvées se sont avérées différentes de la souche épidémique identifiée chez les patients.
2.4. Identification des lieux contaminés
Une station de lavage à Harnes a également été inspectée et s’est avérée contaminée : la souche trouvée sur place était la souche épidémique ! Par mesure de sécurité, toutes les stations de lavage dans un rayon de 12 Km ont été fermées (137 établissements concernés). Des prélèvements d’eau ont alors été effectués par les services de la Somme et du Nord. Au total, 165 prélèvements ont été réalisés dont 160 satisfaisants, 3 montrant la présence de legionella différente et 2 non exploitables (flore bactérienne trop importante)
Notons que seule la station présentant la souche identique à la souche épidémique a sûrement été contaminée par voie atmosphérique : les tubes obliques des jets sous pression n’étant pas percés, la legionella a pu se développer plus facilement. Toutes les stations ont donc été systématiquement désinfectées après le prélèvement, puis rouvertes progressivement par les services de la préfecture.
Ensuite, des prélèvements ont été effectués dans des supermarchés afin de contrôler leurs installations de réfrigération et d’extraction d’air. L’ensemble des commerces de Harnes a été vérifié une seconde fois pendant la deuxième période de l’épidémie, et tous ont montré l’absence de contamination. Tous les lieux comprenant de l’eau agitée ont aussi été contrôlés : ainsi 21 prélèvements ont été réalisés dans 8 stations d’épuration (8 résultats inférieurs au seuil de détection et 13 non exploitables étant donné l’importance de la flore bactérienne). De plus, des prélèvements faits sur des clarificateurs (à la sortie de la station, en milieu naturel) ont donné des résultats négatifs.
Les engins de nettoyage des réseaux d’assainissement ont également été vérifiés ainsi que le nettoyage des voiries : tous ces prélèvements se sont avérés inférieurs au seuil de détection, sauf un (le nettoyage de l’engin a suffi).
Les réseaux d’eau potable ont également été testés par la DDASS et la compagnie générale des eaux. Les prélèvements ont été apportés à un laboratoire supplémentaire (agréé par le ministère de la Santé), en complément de l’Institut Pasteur de Lille (travaillant avec la DDASS). La compagnie générale des eaux a également fait analyser ces prélèvements dans ses propres laboratoires (agréés par le ministère de la santé). Mais tous se sont avérés inférieurs au seuil de détection.
De plus, les canaux ont été examinés, mais la flore bactérienne était trop importante pour pouvoir conclure quant à la présence de légionnella. Les forages privés ont également été inspectés afin de vérifier la qualité de la nappe phréatique : les résultats sont restés inférieurs au seuil de détection. La nappe phréatique n’a donc pas été contaminée.
Des prélèvements ont également été effectués dans des piscines car la légionelle aurait pu être aspirée dans le système de ventilation et proliférer grâce à l’air humide et chaud. Les douches ont été également contrôlées : seule l’eau chaude sanitaire a montré la présence de legionella. Enfin, les jets d’eau et fontaines décoratives ont été inspectées mais les résultats sont restés inférieurs au seuil de détection.
2.5. Contrôles mis en place
Suite à cette épidémie, d’autres instances ont ordonné des contrôles (conseil régional et général) pour des lycées par exemple. Des legionella ont été trouvées, notamment dans les eaux chaudes sanitaires faiblement utilisées (statistiquement normal). A chaque fois, les installations ont été arrêtées (exemple de la piscine de Montigny-en-Gohelle).
Au total, 450 prélèvements ont été opérés par les services de la DDASS, pendant les deux mois de l’épidémie et la souche épidémique n’a été retrouvée qu’à la station de lavage de Harnes.
3. Interventions auprès des établissements industriels
Guillaume PANIE, chef SREI, DRIRE Béthune
3.1. Contexte
La recherche de sources de légionelles s’est déroulée à la fois sur des installations industrielles (déjà contrôlées par la DRIRE) et non industrielles. Le risque de légionellose existait déjà. La maladie est récente, mais elle n’a pas été découverte au moment de l’épidémie lensoise, même si beaucoup de caractéristiques étaient inédites.
Ainsi, avaient été élaborés :
– un recensement des sites soumis à autorisation utilisant des tours aéroréfrigérantes (287 entreprises dans la région)
– des arrêtés préfectoraux imposant des mesures de prévention spécifiques (entretien des tours, maintenance) pour les sites soumis à autorisation, ainsi que l’arrêté général type pour les sites soumis à déclaration
– des mesures de sensibilisation des industriels (guide des bonnes pratiques en matière d’entretien de tours aéroréfrigérantes).
En effet, cette épidémie a présenté des caractéristiques inédites :
– un éparpillement géographique important dans un rayon de 12 Km
– une contamination survenue pendant l’hiver au lieu de l’été, avec des durées d’incubation très longues (d’où une ? double bosse épidémique ’)
– l’identification d’une source industrielle
– la mise en cause des opérations de nettoyage.
Les différents services ont donc évolué dans ce contexte exceptionnel avec l’appui des autorités nationales. Concrètement, pour les sources industrielles, la recherche s’est faite à travers une mobilisation assez générale (avec l’Inspection des installations classées, au niveau du département, mais aussi au niveau régional et national).
3.2. Les analyses
Les installations classées des 53 communes concernées par l’épidémie ont toutes été vérifiées et 1 269 ont été inspectées. En pratique, les vérifications ont permis d’identifier seulement 7 tours non connues (situées pour la plupart sur des sites soumis à déclaration). Mais il est évident que des contrôles très exhaustifs devaient être menés. On a constaté que la plupart des tours avaient été préalablement identifiées au cours des recensements des sites soumis à autorisation. En parallèle du recensement, des analyses ont été faites à chaque fois qu’un circuit a été identifié.
Au total 950 prélèvements et analyses ont été réalisés, et en parallèle, des traitements préventifs ont été demandés à toutes les entreprises de la zone : un arrêté préfectoral reconduit tous les 15 jours exigeait que des produits chimiques soient injectés dans les circuits, par mesure de prévention.
Evidemment, si les résultats des analyses étaient mauvais, les règles applicables étaient mises en ’uvre de manière drastique. Ainsi sans même attendre les résultats définitifs, certaines mesures ont été prises envers des entreprises étant donné la période de crise.
D’autre part, à l’endroit où la souche épidémique a été retrouvée (même en quantité extrêmement faible), les installations ont été arrêtées et des nettoyages ont dû être effectués.
Au-delà de ces traitements, une sensibilisation a été menée à travers les médias, mais aussi de manière plus ciblée envers les industriels : une réunion d’information a été mise en place afin d’expliquer la gestion de la crise ainsi que la manière d’entretenir les tours.
3.3. La chronologie du cas NOROXO et les actions menées
– Le 28 novembre, la DRIRE se rend sur place, et NOROXO apprend alors que les résultats présomptifs de son dernier prélèvement sont mauvais, imposant l’arrêt des installations.
– Le premier arrêt du site date du 2 décembre (plusieurs jours sont nécessaires pour fermer un site SEVESO) et semblait a priori justifié par la présence sur le site de la souche épidémique.
– Le 8 décembre, NOROXO procède alors à un nettoyage classique pendant une dizaine de jours, comme toute entreprise qui dépasse le seuil de tolérance.
– L’usine a repris son activité le 23 décembre ; les tests effectués au redémarrage ne permettant pas de détecter des légionelles
– le 1er janvier, jour où le CNR annonce l’identification de la souche épidémique chez des patients de la seconde vague, et par précaution (cette souche n’ayant pas été retrouvée à ce moment ailleurs que dans les circuits de NOROXO), un second arrêt de l’usine est décidé en lien avec les experts nationaux pour mettre en ’uvre un nettoyage complémentaire
– cet arrêt est confirmé par un arrêté préfectoral du 2 janvier 2004 ; le site de NOROXO est effectivement à l’arrêt à partir du 4 janvier
– NOROXO présente son plan de nettoyage complémentaire à la DRIRE le 29 janvier.
– Pendant deux semaines, ce plan est modifié suite aux discussions entre la DRIRE, l’entreprise et l’expert.
– Le 13 février, l’autorisation est donnée de procéder au nettoyage conformément aux plans validés. Mais, le 28 janvier, la souche épidémique est retrouvée dans la lagune. Cette partie séparée de l’usine ne sert pas à refroidir le process mais à épurer les eaux usées. Il n’est pas donc anormal de trouver des bactéries. Cependant, la souche épidémique étant contaminante ne devait pas retourner dans le circuit de refroidissement, rendant alors inutile le nettoyage.
– En parallèle du nettoyage du circuit de refroidissement, l’entreprise prépare un traitement pérenne de sa lagune, traitement difficile car mis en place pour la première fois.
– Le 5 mars, le plan de nettoyage et de traitement pérenne de cette lagune est complété par la tierce expertise. Le dossier est examiné avec les experts du groupe d’appui national et le ministère de l’Environnement. Un rapport est envoyé aux membres du conseil départemental d’hygiène.
– Le 15 mars, le projet d’arrêté autorisant le démarrage de l’usine est présenté au conseil départemental d’hygiène suite à quelques remarques notificatives de NOROXO.
Après 2 réunions supplémentaires pour arriver à un compromis sur le texte autorisant le redémarrage et présentant toutes les garanties en matière d’absence de légionelles dans le circuit de refroidissement et de traitement de la lagune, le projet d’arrêté autorisant le redémarrage a été signé le 19 mars.
Les actions menées par les élus
Yvan DRUON Maire de Harnes
1. Contexte de l’épidémie
Plusieurs questions se posent autour des élus, en particulier leur représentation auprès des populations. Souvent, les populations désignent leurs élus car elles ont confiance en eux pour la gestion de leur commune. Cependant, les élus sont souvent appelés à dépasser le cadre de la gestion de la commune dans le sens matériel et financier. Ils peuvent alors devenir ? père symbolique ? quand des réponses doivent être données : si le maire n’apporte pas de réponses, on se demande ce qu’il fait.
Le 28 novembre dernier, l’information de l’épidémie a été communiquée aux élus tout en leur demandant la discrétion. Cependant l’inquiétude a grandi avec le décès des victimes et l’élargissement du secteur de propagation. Partout, la population s’est posée la question de l’action des élus : ces derniers ont donc décidé de se rassembler.
Certaines leçons sont à tirer d’une telle expérience :
Les services publics sont de qualité et forment un point de repère important.
Les services publics de la DRIRE ou la DDASS manquent cruellement de moyens, qui doivent leur être accordés afin d’effectuer leur mission : l’entreprise ne peut être seule pour effectuer les contrôles nécessaires, seul le service public apporte des garanties.
Ainsi il est difficile de comprendre les interventions faites par les ministres : il y a 17 mois, le directeur de l’Institut National de Veille Sanitaire a émis des alertes sur les dangers de la légionelle et sur le manque de recensement des tours aéroréfrigérantes en France (ces tours sont simplement recensées en cas d’épidémie). Ainsi, l’INVS porte une responsabilité sur cette épidémie évitable si la DRIRE avait eu les moyens efficaces pour veiller sur les populations.
2. Les réponses apportées par les élus
Les élus ont pu répondre à des questions environnementales (connaissance des lieux, concentration des bactéries) mais n’ont pas pu être près des populations concernées (le secret médical oblige à la méconnaissance).
Une réunion récente a eu pour sujet les secrets professionnels partagés : ceci est une piste de réflexion car des cloisonnements dans les communications empêchent une bonne collaboration.
Les vecteurs de déplacement de la légionelle, la durée d’incubation, la longueur de déplacement peuvent être également d’autres pistes de réflexion. Que faire par exemple des installations qui ont amené la legionella à NOROXO ? Les élus sont responsables de la santé physique, mentale ET sociale de la population.
Très vite, les élus ont abordé avec NOROXO deux points essentiels :
– la volonté de ne pas sacrifier l’emploi à la santé
– et de ne pas sacrifier la santé à l’emploi
Les victimes de l’épidémie ne sont pas seulement médicales : certains employés ont été eux-mêmes été des victimes (suicides, crises mentales’).
Pour répondre à ces responsabilités, les élus doivent démontrer l’importance de la confiance accordée aux différents services (préfecture, santé, DRIRE). En effet, cette crédibilité est nécessaire à la mise en route du collectif pour guérir et éviter que la crise ne devienne sociale : ainsi même si certains doutes subsistaient lors des réunions, jamais ils n’ont été transmis publiquement.
De plus, les victimes de la legionella n’ont pas été les seules : le gérant de la station de lavage avait investi sur ses propres deniers, et suivait les recommandations de la DRIRE. N’étant pas spécialiste, cette station ne possède pas de laboratoire chimique et son activité est conforme à la loi. Mais d’un coup elle est montrée du doigt et une crise morale forte naît au sein de la population. Se pose alors très vite le problème des indemnisations. Même si une enquête judiciaire est établie, il faut plaider pour ces personnes car elles ont suivi les consignes, écouté les conseils, et risquent pourtant de perdre leur travail et tout l’investissement économique réalisé.
Les élus ont également aidé la veille sanitaire dans leur enquête afin de trouver les facteurs épidémiques dans les villes de plus de 3 victimes. La préparation de l’enquête était primordiale étant donné la fragilité mentale des populations.
Les élus sont aussi responsables des établissements publics comme les piscines ou les foyers de personnes âgées. Les légionelles ont été retrouvées dans des endroits très peu utilisés. Ainsi dans d’autres villes, même les équipements sportifs étaient évités par crainte de la légionellose à cause d’une méconnaissance des risques. Les élus étaient d’ailleurs accusés de ne pas prendre assez de précautions. Il reste encore beaucoup de pistes de réflexion à ce sujet.
D’autre part, les médias omniprésents montraient notre région comme contaminée par tous les maux et à éviter. Les vérités ne doivent pas être cachées mais des informations claires et justes doivent être données. L’identité de la région doit être affirmée sans faire de ? sinistrose ? : toutes les forces doivent être rassemblées pour cet objectif.
Cette catastrophe risque d’entraîner des arrêts de travail prolongés pour les 155 personnes de NOROXO, voire pire.
Actions menées par les industriels
Jean-Jacques GILLOT Directeur du site ATOFINA à Loison-sous-Lens
[Monsieur MALLET et le CHSCT de NOROXO s’excusent de ne pas pouvoir assister à cette réunion. Monsieur GILLOT représente l’ensemble des industriels de l’Artois et pas seulement les industries chimiques.]
1. Contexte du problème
Les tours aéroréfrigérantes existent depuis très longtemps.
Elles assurent 4 fonctions essentielles :
– elles interviennent dans le procédé pour réguler les températures
– elles ont une mission de sécurité
– elles ont une mission économique en réduisant les consommations d’eau
– elles ont une mission environnementale en réduisant les rejets dans le milieu.
Il est important pour les industriels d’assurer la maintenance des tours à titre préventif. Leur état sanitaire et mécanique était souvent vérifié, et depuis des années, des traitements continus et discontinus étaient mis en place pour maintenir l’état de propreté de l’ensemble des réseaux.
Lorsque le problème de la légionelle est apparu, les industriels ont été sensibilisés sur la prévention, le développement et la prolifération des légionelles dans les circuits. Auparavant les arrêtés préfectoraux consistaient notamment à réaliser des prélèvements à un rythme faible (1 par an), avec une obligation de traitement et de maintien des installations sur le plan sanitaire.
Ces arrêtés étaient d’abord destinés à la protection des salariés travaillant autour des tours. Les risques liés aux légionelles étaient connus, mais nous pensions que leurs rayons étaient relativement faibles. La surprise a résidé dans l’ampleur et le côté exceptionnel de la crise. Précisons cependant qu’avant cette crise, de nombreux industriels avaient appliqué leurs propres procédures de suivi des tours allant bien au-delà des arrêtés préfectoraux : certains réalisaient déjà des prélèvements mensuels sur l’ensemble de leurs tours, à titre préventif.
2. Les démarches entreprises par les industriels
La crise a débuté le 28 novembre et son côté exceptionnel et inédit a généré de nombreuses inquiétudes chez les industriels. Très vite une augmentation des contrôles a été effectuée afin d’aider la DRIRE et les services de l’Etat dans la recherche des causes. La fréquence des prélèvements est devenue hebdomadaire : ainsi l’Institut Pasteur ou d’autres organismes agréés effectuaient ces prélèvements avec une première lecture 6 jours plus tard et une lecture définitive à 10 jours.
Parallèlement, un traitement systématique et continu des réseaux a été renforcé si nécessaire, avec périodiquement des chocs de biocides et biodispersants. L’inquiétude des industriels était grande car ces derniers pensaient vivre un phénomène inédit et incontrôlable. Les écrits sur ce sujet ont montré des connaissances relativement limitées. Les industriels ont donc coopéré de manière active avec les services de l’Etat.
Aujourd’hui, la crise est terminée et un nouvel arrêté préfectoral complémentaire ramène la fréquence des prélèvements à 1 mois pour l’ensemble des industriels concernés. Toutefois cet arrêté est temporaire tous les traitements nécessaires continuent. Les industriels attendent l’évolution des nouveaux arrêtés. Cependant beaucoup sont inquiets de l’évolution de la réglementation. Ils pensent avoir une bonne maîtrise des systèmes de refroidissement et sont disposés à améliorer leur technique actuelle et augmenter de manière raisonnable les dispositifs de contrôle.
Citons enfin les industriels possédant des ouvrages d’épuration : ils craignent d’être confrontés à une réglementation trop sévère et souhaitent dialoguer avec les services de l’Etat pour trouver une juste mesure.
Il est évident que tout est mis en ’uvre pour que les réseaux soient propres, et les industriels sont invités à communiquer entre eux sur leurs retours d’expérience car certains sont plus avancés dans le domaine et ont une bonne pratique et maîtrise des meilleurs traitements.
Questions et débat
Blanche CASTELAIN
Est-il possible de penser que la canicule ait pu faire le lit de l’épidémie de légionellose ’
A-t-on tenté d’expliquer le fait que l’épidémie ait eu lieu pendant la saison hivernale ? Connaît-on des cas d’enfants atteints par la légionellose ?
Danièle ILEF
Les enfants n’ont jamais été atteints par ce genre d’épidémie, et les raisons ne sont pas connues. La canicule aurait pu affaiblir les organismes de personnes, et il semblerait que parmi les personnes malades, une partie ait été hospitalisée pendant l’été, mais les effectifs sont faibles. Il est donc difficile de conclure.
L’épidémie hivernale peut s’expliquer par une souche nouvelle. Maintenant les examens terminés, des conclusions pourront être apportées. Cependant le CNR est encore en train de contrôler des sérologies et pourra travailler sur la bactérie et ses caractéristiques propres.
Pierre-Franck CHEVET
L’épidémie hivernale est d’abord un constat. La plupart des épidémies ont eu lieu sur la période d’été, sûrement à cause des besoins de refroidissement plus grands. Les légionelles retrouvées dans la région sont peut-être plus résistantes au froid que les légionelles classiquement observées.
Cyrille SCHOTT
Au fur et à mesure de la crise, de nombreux enseignements ont pu être tirés. Au début, le périmètre de diffusion était restreint et concernait 22 communes puis a été élargi à 45 puis à 53. Habituellement ces maladies sévissent pendant les périodes chaudes. Ces bactéries sont apparues plus résistantes, plus voyageuses, plus tueuses. Un certain nombre de questions scientifiques sont posées, et cette épidémie lensoise fait l’objet de réflexions et d’observations. La connaissance scientifique de la légionellose va se développer à partir de Lens.
Pierre LEMAIRE
Des examens antérieurs avaient-ils déterminé des sources de légionellose à NOROXO ? Quelqu’un a-t-il eu connaissance du passage de 5 experts américains ?
Pierre Franck CHEVET
Des experts nommés par les deux ministres de l’Environnement et de la Santé ont été envoyés sur place. Ces cinq experts dépendent du domaine public et sont des experts français. Par ailleurs, NOROXO a mobilisé des experts américains et écossais. Ces experts appartiennent au groupe Exon Mobil qui travaillait en appui de NOROXO.
Les souches de légionelles n’ont pas été identifiées. On parle d’une source épidémique particulière et aucune caractérisation de cette souche n’a été faite auparavant. Par contre, des mesures du taux de légionelles ont été effectuées mais sans rentrer dans les détails de la nature de la souche.
Serge MILVILLE
Suite aux propos de Monsieur Druon, j’ajouterai que la peur des sportifs n’est pas la seule peur enregistrée lorsque l’on se rend dans le secteur de Harnes. En effet, en me rendant à l’hôpital le 7 janvier, mon médecin s’est inquiété en apprenant que j’habitais le Pas de Calais.
J’ajoute que deux sites peuvent être considérés comme inquiétants à Mazingarbe : SAV et AZF ont des cheminées avec un réseau de téléphonie mobile. La tour réfrigérante de SAV installée depuis 1975 a-t-elle subi des contrôles de la DRIRE ? Ses rejets ont-ils aussi été contrôlés ?
De plus, concernant la plaquette donnée à l’entrée, beaucoup de conseils sont prodigués notamment concernant le réseau d’eau chaude, les tuyauteries... Ces conseils vont-ils aboutir sur des directives pour les particuliers ou les installateurs ?
Pascal MONBAILLY
Le site est bien évidemment soumis à des contrôles mensuels et ne présente aucun problème particulier.
Cyrille SCHOTT
Dans toutes les communes concernées, les tours aéroréfrigérantes ont fait l’objet de contrôles réguliers hebdomadaires. La souche épidémique unique a été trouvée sur 23 patients, avec 85 cas pour l’instant. Un bilan définitif sera effectué à la suite des analyses finales. Les analyses n’ont pas pu porter sur toutes les personnes car le prélèvement et l’analyse de la souche s’avèrent compliqués. Cependant cette souche a pu être analysée sur 23 patients.
Cette souche a été trouvée chez NOROXO dès fin novembre et à nouveau fin décembre. Elle a été découverte le 5 janvier dans la station de lavage située à 300 mètres de NOROXO. Cette station ne pouvait pas créer une contamination de ce type, car seul un gros émetteur comme une tour pouvait le faire. C’est pourquoi une grande importance a été accordée aux tours aéroréfrigérantes. La station de lavage ne pouvait contaminer que dans sa proximité immédiate, d’où la précaution d’arrêter la station et celles situées dans un périmètre de 10 Km.
Enfin, le 18 janvier la souche épidémique a été trouvée dans la tour de MC CAIN où la concentration était très faible (100 UFC/L contre 600 000 à 700 000 UFC/L à NOROXO). Néanmoins, d’après le CNR, la contamination peut venir du degré de concentration, de la sensibilité de la population ou de la virulence de la souche.
La décision d’arrêter la tour infectée a donc été prise. Je remercie les dirigeants de l’usine MC CAIN pour la rapidité de leurs interventions.
De nombreux contrôles ont donc été effectués : la DDASS a conduit 450 analyses et prélèvements et la DRIRE 950. Un travail considérable a donc été fait.
Daniel BECUE
Deux établissements (Bertin et CSTB) ont effectué des mesures expérimentales. Des enseignements et des résultats issus de ces mesures ont-ils été tirés ? De plus, la température de la lagune était-elle suffisante pour développer la bactérie ?
Pierre-Franck CHEVET
Deux sociétés ont été mandatées, le CSTB et la société Bertin qui ont mis en place une méthode expérimentale de mesure des légionelles dans l’air plutôt que dans l’eau. Un certain nombre d’installations ont été testées avec des résultats concrets qui restent difficiles à interpréter car aucun point de repère en terme de nocivité n’existe à ce jour. Des indicateurs vont donc être donnés à chaque entreprise.
Guillaume PANIE
Six sites ont été analysés grâce à cette méthode (dont NOROXO, MC CAIN et BP). Le seul enseignement retiré avec ce ? renifleur ? réside dans le fait que la souche mesurée à proximité des sites de NOROXO était apparemment différente des autres. La souche NOROXO est plus virulente. En revanche, en terme quantitatif, aucune différence n’a été constatée et les résultats restent difficiles à interpréter.
Pierre-Franck CHEVET
La lagune, quant à elle, est maintenue à une température suffisamment chaude pour permettre un développement bactérien visant à dépolluer les rejets absorbés par la lagune. La température minimale est de 10’C en hiver et de 15’C et plus en été. Dans les périodes épidémiques, les températures étaient relativement basses : la souche observée a donc une capacité de survie en milieu froid supérieure aux observations passées. Des analyses permettront de confirmer cette intuition.
Danièle ILEF
Le milieu froid ne permet pas à la bactérie de se développer. Elle survit simplement dans les amibes.
Cyrille SCHOTT
Une grosse concentration de légionelles a été trouvée dans la lagune, fait apparemment normal pour une lagune. Cependant, la bactérie retrouvée était la bactérie épidémique et il fallait donc envisager l’hypothèse de la migration de la bactérie de la lagune vers la tour. La lagune ne pouvait pas ? arroser ? par elle-même, un tel territoire mais avait pu contaminer la tour, celle-ci étant ? l’émetteur ? de l’épidémie. La lagune devait donc être traitée, ce qui a été fait. De plus, cette bactérie trouvée provenait d’une usine située dans le département du Nord. Cette lagune avait besoin d’être alimentée par des souches : elles venaient de cette usine.
Enfin, concernant la presse, il faut reconnaître le côté exceptionnel de la situation vécue, en particulier les cas de maladies et les décès que les médias ne pouvaient ignorer. La pression médiatique a existé, mais après les conférences de presse, les articles dans les journaux correspondaient bien au message transmis. Durant le mois de décembre, un travail d’explication sur la légionellose a été diffusé grâce à certains médias. Les médecins ont souvent eu la parole et les ingénieurs ont pu expliquer le côté technique. Dans cette situation exceptionnelle, les journalistes ont bien exposé l’information.
Max THEROUANNE
Effectivement, au cours d’un communiqué de presse, la DDASS avait préparé une note de recommandations sur l’entretien des réseaux d’eau chaude sanitaire. A priori, au niveau des installateurs, aucune mesure n’était à préconiser excepté l’entretien de ces réseaux (pour les particuliers, les collectivités ou les entreprises).
Michel THOMAS
La lagune et la source contaminante ont été évoquées. Cette source a-t-elle une génération spontanée dans la lagune ? Comment la source contaminante a-t-elle pu se développer d’abord dans la lagune ? Et pourquoi sachant qu’elle existait dans le département du Nord, n’a-t-elle pas été maîtrisée à cet endroit ?
Pierre Franck CHEVET
L’origine est apparue courant janvier après des mesures faites sur le site de NOROXO. Ensuite la caractérisation a permis de retrouver la souche épidémique. Nous nous sommes aperçus que la lagune est réensemencée en bactéries. Auparavant, NOROXO approvisionnait sa lagune auprès de la société COKE (fermée aujourd’hui). NOROXO a donc changé de fournisseur situé hors de la zone d’épidémie. Ce fournisseur fabrique des produits divers de chimie et possède une station d’épuration ayant des bactéries. Les boues sont évacuées dans un centre d’enfouissement par technique classique.
A la demande de NOROXO, une partie de ces boues a été livrée pour réensemencer leur lagune. Les lieux de livraison des boues du fournisseur ont tous été vérifiés au cas où le problème se reproduirait. 95% des boues partent en décharge et les conditions d’hygiène et de transport sont toujours vérifiées. Ces contrôles ont été faits courant janvier dès l’information connue. La livraison de boues étant une exception, aucune difficulté n’a été rencontrée. Néanmoins, l’origine de la souche reste encore inconnue.
Danièle ILEF
Les bactéries sont des organismes vivants connaissant des mutations. La souche fait partie d’une famille et a muté. Mais l’éradication est impossible car la legionella est un germe qui vit dans la terre et l’eau. Le problème est sa mise en aérosol dans de bonnes conditions de multiplication (température) pour pouvoir la rejeter ensuite en aérosol, comme le font les tours aéroréfrigérantes ou les réseaux d’eau chaude.
Si la bactérie reste dans la terre ou l’eau, elle ne dérange pas.
Michel THOMAS
Une génération spontanée s’est-elle produite ?
Danièle ILEF
Ce n’est pas une génération spontanée mais une mutation : ces bactéries ne cessent de muter.
Cyrille SCHOTT
Nous sommes en effet contraints de vivre avec cette bactérie, et cela implique une prévention, une sensibilisation avec des mesures à prendre. Aussi, au fur et à mesure de l’avancement de l’épidémie, les scientifiques ont appris beaucoup et vont encore apprendre. Les semences étaient nécessaires à NOROXO, mais malheureusement une bactérie mutante dangereuse était présente et cette souche est montée par malchance vers la tour par un mécanisme encore inconnu. Comme souvent dans les accidents de ce type, une succession d’incidents fâcheux intervient. La connaissance et la surveillance des tours aéroréfrigérantes sont donc nécessaires.
Cependant, l’accroissement de la quantité de légionelles peut être très rapide dans une tour (divergence), même après un contrôle indiquant une faible quantité de légionelles. De plus, même après de bons nettoyages classiques, des rejets peuvent avoir lieu, d’où les nettoyages renforcés effectués avec encore plus de précautions pour limiter les rejets dans l’atmosphère. Enfin, la reprise d’activité même après un arrêt peut présenter des risques. Tous ces éléments sont inédits. La science a appris beaucoup lors de cette crise.
Jacques SWITALSKI
Ce type d’épidémie peut-il se reproduire ?
Cyrille SCHOTT
Oui malheureusement.
Danièle ILEF
Tous les ans, près de 1 000 cas sont déclarés à l’Institut de veille sanitaire mais un grand nombre sont des cas sporadiques dont l’origine reste indéterminée. Ils font l’objet d’un recueil pour tenter d’établir la potentielle responsabilité d’un équipement de tours aéroréfrigérantes. Le taux d’attaque de la légionelle n’est pas très fort. Ainsi certaines ? mini épidémies ? peuvent passer inaperçues et c’est pourquoi une étude sur les cas sporadiques est menée actuellement par l’Institut de veille sanitaire. L’objectif de la DRIRE est donc de prévenir ces épidémies en insistant sur l’entretien des installations.
De plus, le contrôle par les analyses n’est pas suffisant. Les bactéries vivent dans le biofilm et malgré leur absence dans l’analyse, elles peuvent être tout de même présentes. Le suivi n’est finalement pas complètement fiable. L’entretien est donc indispensable et le contrôle ne constitue qu’une sécurité supplémentaire.
Pierre-Franck CHEVET
Evoquons la nouvelle réglementation en cours d’élaboration au niveau national. Les industriels, les fabricants de tours, les traiteurs d’eau y sont associés afin que chacun forme ses propositions, notamment sur les contrôles.
L’enjeu principal se situe au niveau du pilotage des installations, de l’entretien et du nettoyage. Cette réglementation ne réglera pas ce problème : il en va du ressort du travail des industriels. Les industriels sont donc invités à participer à ces discussions. Les propositions régionales sont aussi les bienvenues. Par ailleurs, un plan régional immédiat a été adopté en attendant la nouvelle réglementation. Les mesures prises sur le site de NOROXO ont été jugées trop strictes pour être appliquées ailleurs. Le cas NOROXO a été jugé par la DRIRE comme un cas singulier. Tout y est particulier : les malades, les décès, la souche épidémique... Le travail avec NOROXO pour garantir la sécurité est donc singulier.
Cyrille SCHOTT
La société doit tout mettre en ’uvre pour prévenir de telles épidémies. Le travail autour de NOROXO visait à éviter la reprise de l’épidémie. Le souhait des autorités reste une usine fonctionnant proprement mais fonctionnant vraiment. Mais dans un cas comme celui-ci, un groupe aussi puissant que EXON MOBIL devrait supporter le coût de cette crise et ensuite relancer l’usine sans licencier.
De façon générale, un plan de prévention contre la légionellose doit être établi. La nécessité de travailler avec le monde économique est présente car ne se pose pas seulement la question du contrôle, mais aussi la question de l’entretien et du fonctionnement régulier de ces tours. L’échange avec le milieu industriel est donc très important car chacun apporte des éléments. Bien sûr, des contrôles extérieurs (DRIRE) et des mesures réglementaires sont nécessaires. L’Etat va être plus attentif à ce risque et davantage de contrôles seront réalisés.
Mais certaines positions, notamment des élus, sont parfois contradictoires :
– d’un côté, la DRIRE n’aurait pas assez de moyens
– d’un autre côté, la DRIRE serait trop sévère, en effectuant trop de contrôles, étranglant les entreprises. Ce plan de prévention doit être raisonné. Ainsi, un recensement de toutes les tours aéroréfrigérantes, puis une action de sensibilisation des exploitants, des mesures réglementaires et enfin les contrôles seront mis en place. Ce problème ne va pas se résoudre par un ? régime policier ’, sa solution doit inclure la discussion.
Robert TROUVILLIEZ
Le fournisseur de boues de NOROXO (fabricant des produits chimiques) n’aurait-il pas des produits mutagènes susceptibles de provoquer la mutation de la légionelle ?
En outre, la contamination de la tour à partir de la lagune reste difficile à comprendre.
Danièle ILEF
La lagune avait des aérateurs créant des aérosols pouvant expliquer une contamination.
Blanche CASTELAIN
L’origine de l’épidémie est-elle la tour ou la lagune ?
Cyrille SCHOTT
La lagune n’a pas pu diffuser la légionelle pour contaminer sur 12 Km toutes les personnes qui ont respiré cette bactérie : il faut un émetteur puissant comme la tour. Mais en remontant en amont, on peut penser que la bactérie provient de la lagune et est ? montée ? à la tour. L’émetteur est la tour.
Pierre Franck CHEVET
Pendant la crise, la DRIRE a été accompagnée par l’Institut national des risques industriels (INERIS) qui a apporté son expertise dans les risques aérosols selon les cas. Effectivement, entre une grande tour et une lagune, la comparaison n’est pas possible : le risque de dissémination est minime pour une lagune mais fort pour les tours, c’est pourquoi il existe des textes sur les tours aéroréfrigérantes. Plusieurs éléments d’appréciation sont entre nos mains. Clairement, la tour est LA source de propagation.
Cyrille SCHOTT
La lagune, comme la station de lavage, n’ont pu provoquer qu’une contamination de proximité, ce qu’on ne peut exclure. L’émetteur principal paraît bien être la tour de NOROXO. La lagune a pu alimenter la tour.
Michel SARRAZIN
Le public doit encore être formé car il n’est pas expert dans ce domaine. Personnellement, je suis parti en vacances, et à mon retour, l’eau avait une couleur et surtout une odeur suspectes, dues au ballon d’eau chaude cylindrique. A l’intérieur, l’eau est vraiment chaude seulement dans la partie supérieure et les légionelles peuvent se développer dans le fond du ballon. Pour éviter cela, le ballon a dû être porté à 75’C pendant une semaine puis revenir à 60’C, température à laquelle il faut toujours rester. Ces conseils sont bons à savoir.
Une enquête a révélé que 70% des réseaux de distribution d’eau chaude contenaient des légionelles : le consommateur doit donc être informé. Des pneumopathies ont tué des personnes dans les années 1975, cas sans doute sporadiques, et malgré les services hospitaliers, la sérologie n’existait pas encore.
De plus, est-il possible de voir naître des tours aéroréfrigérantes en circuit fermé ?
Jean-Jacques GILLOT
D’autres systèmes de réfrigération existent au niveau des entreprises. Ces systèmes sont efficaces et présentent des avantages en terme d’économie, de sécurité. Mais le changement pour un autre système a un coût d’investissement élevé pour les entreprises qui demandent des études technico-économiques précises.
Pierre Franck CHEVET
NOROXO doit encore réaliser un certain nombre d’études dans un délai de douze mois, suite à l’arrêté signé le 19 mars. Des circuits doivent être modifiés et une mise en place de circuits fermés doit être effectuée. Les circuits installés à NOROXO présentent actuellement un risque de contamination.
Une autre solution consisterait en l’installation d’un circuit intermédiaire entre cette tour et la zone de process avec un circuit fermé. Ceci peut être intéressant vis-à-vis des problèmes de légionellose, mais les rendements thermiques peuvent être moins bons (hausse de la consommation d’énergie possible). Chaque cas doit donc être étudié.
Jean-Jacques GILLOT
En plus du coût, la sécurité intervient. Les dispositifs actuels sont connus et sont efficaces. Une tour a 4 fonctions principales dont l’aspect sécurité qui est fondamental. Le changement de dispositif ne doit pas ajouter de risques aux risques. L’impact environnemental et l’impact risques industriels doivent être pris en compte.
Cyrille SCHOTT
Dans la crise, la contamination a été d’origine industrielle avec un émetteur puissant. Par ailleurs se pose la question domestique du bon entretien des pommes de douche... Pendant la crise, de nombreuses informations ont été diffusées à ce sujet.
Par exemple, un maire a distribué un document élaboré par la DDASS à la demande des maires lors d’une réunion à la préfecture. De même, certains journaux ont repris l’information, effectivement importante.
La sensibilisation à la légionellose a été forte pendant cette crise. En Alsace, par exemple, si une tour aéroréfrigérante connaît des dysfonctionnements, elle est arrêtée et de nombreux articles paraissent comme dans le Nord ? Pas de Calais. L’information est nécessaire même si les populations peuvent avoir l’impression d’être montrées du doigt ?
Gérard DALONGEVILLE
Revenons sur l’information et la communication pendant la crise.
A Hénin-Beaumont, Montigny ou Harnes, les communiqués de la préfecture et de la DDASS ont été diffusés dans toutes les boîtes aux lettres. C’est une solution à retenir car elle permet de rassurer les populations qui reçoivent les mêmes informations que les élus : les vérités ne sont pas cachées.
De plus, la crise sanitaire soulève la question des moyens à apporter. Ce type d’épidémie garantit une traçabilité avec la recherche des responsabilités. Dans la crise de Harnes, la tour aéroréfrigérante est apparemment la source de l’épidémie sans en être l’origine même.
Les populations doivent être félicitées de ne pas avoir céder à la panique dans un moment aussi grave. Elles ont vécu des moments très difficiles. Les résultats définitifs sont très attendus afin de tirer un bilan. La DRIRE, la DDASS et les services de la préfecture du Pas de Calais doivent également être remerciés pour leurs travaux. Le service public est ici un service de qualité malgré les problèmes économiques. Le problème emploi/santé publique revient une fois de plus.
Ne négligeons pas non plus le côté mondial de cette question : si NOROXO ferme pour des raisons économiques, la production se fera ailleurs, et la pollution aura lieu ailleurs sur le dos des travailleurs français.
Cyrille SCHOTT
Tous les moyens nécessaires ont été mobilisés en temps et en heure. La mobilisation des services de l’Etat a été totale. Le problème n’était pas quantitatif, mais porte sur les responsabilités en temps de crise. Les victimes constituent un grave souci humain pour les responsables. Cette crise a été l’une des plus difficiles que j’ai eu à gérer jusqu’à présent.
Les services de l’Etat ont très vite trouvé la source de la crise, mais des côtés inédits ont allongée la durée de celle-ci. L’arrêt de NOROXO a été décidé immédiatement suite à un certain nombre de doutes de la DRIRE. Le regard ne s’est pas limité à NOROXO. Un balayage de toutes les sources possibles a été effectué, car la source doit être éradiquée pour arrêter l’épidémie.La possibilité de présence de plusieurs émetteurs a été envisagée, d’où l’examen d’établissements les plus divers.
D’importants moyens ont été déployés, et jusqu’à 100 personnes ont été mobilisées : de nombreux ingénieurs, des techniciens spécialisés, des médecins, plutôt que des forces de l’ordre, car une grande technicité était requise. La population a été très courageuse, mais aussi très affectée par cette crise. La santé ne doit donc pas être opposée à l’emploi. Cette population a déjà été très affectée par des problèmes de santé et elle ne doit pas connaître des problèmes d’emploi. Dans tous les cas, une usine qui a la possibilité de fonctionner n’a pas de raison de s’arrêter.
Benoît DEMAGNY
Les informations ne se sont pas concentrées simplement sur NOROXO mais sur tous les industriels réunis pour éviter une aggravation de l’épidémie. Une collaboration avec la DRIRE a permis une bonne maîtrise de la situation. Existe-t-il une organisation et des moyens financiers (industriels, Etat, etc.) pour la recherche fondamentale au niveau national voire européen afin de tirer des enseignements de cette crise ?
Cyrille SCHOTT
Le monde industriel s’est mobilisé avec une excellente réactivité. La sensibilité a été très forte car les industriels ne veulent pas être à l’origine d’une épidémie. La réaction des entreprises est exemplaire.
Pierre Franck CHEVET
La recherche engagée se traduira plutôt au niveau national. Des programmes de recherche sont en cours d’élaboration
et de nombreuses discussions ont lieu entre industriels et représentants de diverses professions. Le financement des industriels serait souhaitable, car l’Etat ne pourra financer seul. Des recherches industrielles doivent être menées et pourront être soutenues par les services publics. Cette recherche est obligatoire après cette épidémie, à la fois sur la technique et sur la santé. Le niveau national est le plus approprié, mais les suggestions au niveau régional peuvent être remontées sans difficulté.
Jacques PATRIS
Au niveau national, l’épidémie est un exemple probant de la remise en cause d’un certain nombre de dogmes (notamment en bactériologie, parasitologie, immunologie). Ainsi, c’est au tour des chercheurs de travailler après cette crise. Beaucoup d’enseignements ont pu être tirés lors de cette période difficile. Le travail avance et les réponses seront certainement bien plus précises dans quelques années.
Cyrille SCHOTT
Le plan de prévention est en cours d’élaboration et doit encore être discuté avec des partenaires. Il sera arrêté dès que possible. De plus, le bilan définitif doit être rapidement connu afin de connaître tous les résultats sur les malades et les décès.
Danièle ILEF
Une réunion a eu lieu entre le CNR, la DDASS et des médecins. Tous les sérums n’ayant pas encore été envoyés au CNR ont été re-pointés et vont être renvoyés.
Cyrille SCHOTT
L’Institut Pasteur de Lille doit effectivement les envoyer.
Conclusion : plan départemental contre la légionellose
Pierre Franck CHEVET Directeur de la DRIRE Nord ? Pas de Calais
Une réflexion a eu lieu sur le plan départemental pour la lutte contre la légionellose. Au niveau national une nouvelle réglementation est en cours de discussion.
Actuellement, 4 axes ont été abordés.
Un mailing très large a été envoyé afin de vérifier les recensements de toutes les tours aéroréfrigérantes sur l’ensemble des installations du département. , Les installations concernées sont celles soumises à autorisation, celles soumises à déclaration ainsi que d’autres installations. Les tours et les circuits devront être vérifiés.
La sensibilisation, l’information et la formation, sont d’autres axes envisagés. Des discussions avec d’autres partenaires sont à prévoir. Des séances de sensibilisation pourraient être mises en place avec les S3PI et un travail avec les CCI permettrait d’organiser des séminaires de formation pour les volontaires.
Des contrôles plus réguliers réalisés par les industriels , permettront de faire remonter les résultats sur une durée relativement longue afin que la DRIRE puisse les analyser.
Enfin des contrôles inopinés, effectués par la DRIRE (au lieu des industriels) pourraient être exécutés une fois par an pour les installations concernées. Les services de contrôle de l’Etat vérifieront ainsi les installations en s’appuyant sur des services de contrôles experts. Cette méthode classique de contrôle sera donc étendue aux légionelles.
Cyrille SCHOTT, préfet du Pas de Calais,
La DDASS et la DRIRE sont concernées et mettent en place des réunions conjointes car toute installation potentiellement dangereuse est à considérer. Ce plan doit donc être élaboré très rapidement mais après avoir fait appel aux réflexions du monde économique.
Il faut aussi sensibiliser et faire en sorte que se développe l’autocontrôle, appuyé par les contrôles extérieurs. Les industriels n’auront pas à soutenir des coûts insupportables par rapport à d’autres départements, mais ils devront être exemplaires dans leur travail pour montrer que le Pas de Calais peut faire évoluer la situation malgré les périodes difficiles.
Sigles
CIRE - Cellules interrégionales d’épidémiologie
CNR - Centre national de référence
CRCI - Chambre régionale de commerce et d’industrie
DDASS - Direction départementale des affaires sanitaires et sociales
INERIS - Institut national des risques industriels
INVS - Institut national de veille sanitaire