Monsieur le Président ouvre la Commission Technique Eau en remerciant les participants de leur présence et présente les excuses de Monsieur Yvan DRUON Vice-Président retenu par ailleurs. Après l’ordre du jour, il fait un bref rappel sur ce qu’est le S. 3 P. I. : sa composition qui associe les industriels, les collectivités, les services de l’Etat, les associations, les experts et les médias, les commissions qui ont été créées : Air Odeurs Bruit, Eau, Risques Industriels, Déchets, Sites et Sols, Nouveaux Projets.
Il se peut que lors de certains sujets abordés, la commission Eau soit amenée à se retrouver avec d’autres commissions puisque certains sujets seront à traiter ensemble.
Les missions du S3PI : favoriser l’information pour que l’ensemble des partenaires présents aient la bonne information dans un souci de concertation et de construction.
Après le tour de table, Monsieur le Président entame la première partie de la réunion qui a pour but de définir le programme quinquennal d’objectifs et d’actions à mettre en ’uvre et les priorités en 2000.
Un groupe de travail a été réuni en avril dernier, afin d’identifier les thèmes essentiels pouvant être retenus par la commission. Ces points repris sous forme thématique sont soumis à l’appréciation et à complément de la commission.
INFORMATION ? COMMUNICATION
– Connaissance des différents acteurs et de leur rôle
– Connaissance de la Politique de l’Eau
– Connaissance des dispositions relatives à l’eau potable
– Visites d’installations
CONNAISSANCE ET SURVEILLANCE DU MILIEU
– Suivi de la qualité des milieux : eaux de surface et eaux souterraines
– Etudes particulières de cours d’eau
– Bilan des différents types de rejets
– Connaissance des différents polluants et leur impact sur l’environnement et la santé
RESSOURCES ? BESOINS ? VALORISATION
– Connaissances des ressources
– Connaissances des besoins
– Promouvoir l’utilisation d’eau non potable
– Fiabiliser l’approvisionnement en eau
– Contribuer à une meilleure valorisation par épandage des eaux résiduaires et boues de stations d’épuration v
PREVENTION DES POLLUTIONS ACCIDENTELLES
– Promouvoir les mesures de prévention des pollutions industrielles par la fiabilisation de l’exploitation des stations d’épuration et la contribution à la prévention des pollutions accidentelles
INFORMATION DU GRAND PUBLIC
– Contribuer à l’information du Grand Public
Madame Blanche CASTELAIN, de la Fédération NORD NATURE, intervient sur les événements qui se sont déroulés en juillet 1999 concernant la pollution d’un forage de Liévin. Concernant l’information, il a été annoncé que la Compagnie Générale des Eaux avait été alertée un lundi par un utilisateur qui trouvait que l’eau avait un goût bizarre. L’information est passée le mercredi soir aux informations télévisées. Pour la commune d’Angres, la municipalité a fait le nécessaire pour informer la population le jeudi. Pour Liévin, cela s’est fait le vendredi. La rapidité avec laquelle l’information s’est diffusée n’a pas été identique partout et la population aurait pu être informée plus tôt. Par ailleurs, avant que l’utilisateur ne donne l’alerte, sait on exactement pendant combien de temps, cette eau polluée par des solvants (qui entrent actuellement dans la composition de l’essence sans plomb) a-t-elle été consommée ? L’incident a été très sérieux puisque la population a été privée d’eau potable pendant plusieurs jours (y compris pour le lavage des légumes). L’eau est évidemment redevenue potable, redevenue buvable après un traitement sur charbon actif qui s’est montré efficace. C’est par ailleurs un incident qui a coûté très cher et qui coûtera très cher encore puisque la Compagnie Générale des Eaux et le syndicat intercommunal des eaux du liévinois ont l’intention d’indemniser les foyers qui ont été privé d’eau potable pendant un certain nombre de jours. La situation qui demeure n’est pas brillante puisque, après des contrôles effectués sur Arrêtés Préfectoraux, il semblerait que concernant FINA on aurait trouvé une grosse nappe de carburant sans plomb juste sous la station mais sans qu’il y est apparemment fuite.
Pour Carrefour, les sols sont imprégnés d’hydrocarbures qui proviendraient de l’ancienne station. Concernant TOTAL, l’étanchéité des systèmes de cuves de distribution serait défectueuse. Pour BP à Angres, les sols seraient également imprégnés d’hydrocarbures et les cuves ne seraient pas conformes. La question qui se pose est la suivante : pendant combien de temps risque-t-on de traîner les conséquences d’une telle pollution ?
Dans un deuxième point concernant toujours la protection des captages d’eau potable, sur le même secteur, Madame CASTELAIN signale que tous les foyers de Givenchy-en-Gohelle sont alimentés en eau potable par un forage qui est situé sur l’ancien carreau de mine de la fosse 6. L’installation d’un laboratoire de chimie fine a été autorisé en 1981 à 65 mètres de ce forage. L’industriel est en train de s’étendre petit à petit sur les 65 mètres qui le sépare du captage. Les périmètres de protection à établir autour de ce forage sont peut être en voie d’élaboration mais pour l’instant ils ne sont toujours pas déterminés.
Monsieur le Président identifie deux points dans cette intervention :
– Une préoccupation concernant les pollutions accidentelles
– Un souhait de protection des captages d’eau potable
Monsieur Bernard RAMACKERS, Chef du groupe de subdivisions de la DRIRE à Béthune, explique que la deuxième partie de l’intervention de Madame CASTELAIN montre bien qu’il y a un besoin d’information général au niveau des captages d’eau potable. Il propose une intervention de la MISE (Mission Inter ? Services de l’Eau) avec la DDASS pour bien expliquer ce qui se passe. Cela justifie une des priorités que le S3PI s’est donné. Concernant la première partie, l’information qui est faite aujourd’hui n’est pas suffisante et cela justifie une fois de plus l’existence du S3PI pour qu’on explique dans le détail nécessaire. On n’entre pas aujourd’hui dans cette affaire qui est certes un événement majeur, mais elle peut, si la commission le souhaite, faire l’objet d’une présentation détaillée. Plus largement, un des objectifs de la Commission peut être la présentation d’incidents majeurs et l’expérience que l’on en tire. La séance d’aujourd’hui est importante car elle va définir le travail de la commission dans les cinq années à venir. Son objectif principal est de définir les objectifs pour qu’ils soient présentés à une assemblée générale. Cette assemblée générale permettra, pour les différentes commissions de valider leurs objectifs. D’où la nécessité aujourd’hui de réagir, si quelqu’un a un sujet particulier qui semble être oublié ou si des sujets proposés semblent inutiles, de recadrer le programme.
Monsieur Régis MATHIAN, Chef de la mission Industrie à l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, note que le problème évoqué est celui d’une station service. Quelques précisions et informations sont à apporter. En France, il y a eu 40 000 stations qui se sont installées autour des années 1950 à 1970.
Il en reste encore 20 000 aujourd’hui. Il y en a donc 20 000 qui ont cessé leur activité. Pendant de très nombreuses années, personne ne s’est soucié de savoir ce qui se passait dans les sous-sols et si il y avait des pollutions suite à cette activité. Depuis dix ans, on a acquis de l’expérience dans ce domaine. Malheureusement, pour une forte proportion de ces stations service, il y a eu fuite d’hydrocarbures car des réservoirs sont percés par corrosion. C’est un gros problème. Les 40 000 sites nécessitaient des investigations mais on ne peut pas tout engager en même temps. Il va falloir beaucoup de temps pour passer aux critères d’investigation tout ces sites. Dans la commission sites et sols pollués, on sait maintenant qu’il existe une étude simplifiée des risques qui est une méthode d’investigation qui a été élaborée par le Ministère de l’Environnement. Cette méthode est utilisable pour les stations services.
Monsieur Robert MATHIEU, Secrétaire Général d’ACORE, observe, concernant les études particulières sur les cours d’eau, qu’il ne faudra pas oublier d’assurer une liaison avec les comités de rivière, les SAGE qui seraient concernés par le secteur de l’Artois. Pour la valorisation par épandage, les SATEGE se mettent en place dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. Ils ont pour objet de gérer les épandages existants. Par ailleurs, dans le cadre du PREDIS, une cartographie des zones possibles à l’épandage avait été réalisée.
Monsieur Bernard RAMACKERS ajoute que l’objectif n’est pas d’étudier la biologie de tous les cours d’eau : quand on veut améliorer un cours d’eau, il y a des critères relativement simples comme l’abaissement de la DCO, la DBO, la MES ? Le problème se pose plus sur des cours d’eau qui sont encore de bonne qualité et que l’on essaye d’améliorer. On a encore des cours d’eau de qualité. A un moment on se demande ce qu’il faut faire. Ce n’est pas simple car il faut raisonner en fonction du milieu. A titre d’exemple dans la région de St Pol sur Ternoise, où la rivière est de bonne qualité, des efforts sont encore possibles mais lesquels ? Seuls des analyses complexes de l’état naturel peut amener à avancer plus rapidement.
Monsieur Jacques GOHIER, de l’association pour la Sauvegarde des Puits Artésiens, souhaite aborder le problème des connaissances des ressources. Pour le béthunois, il serait préférable de mettre un bémol sur la qualification d’une eau de qualité et l’existence de ressources importantes. Il est nécessaire d’avoir la notion d’eau de bonne qualité. Les ressources importantes sont fonction de la propreté de l’eau. Si les prélèvements augmentent, on risque d’avoir des problèmes de qualité d’eau. En amont du béthunois, il y a des installations industrielles datant des houillières et des compagnies privées qui sont en friches et qui présentent des risques importants. Le forage de la commune de Hesdigneul a été abandonné pour cause de nitrate, ainsi que celui du syndicat de Verquin. Ces deux communes ont été branché sur le réseau de la ville de Béthune.
Monsieur Bernard RAMACKERS abonde dans le sens de Monsieur GOHIER : si le secteur de l’Artois a de l’eau en grande quantité, c’est comparativement aux Flandres où il n’y en a pas du tout ; il ne faut pas nier que le secteur de l’Artois a des ressources assez considérables. Cependant les problèmes de qualité, pour le béthunois et la région de Lens, sont différents.
Monsieur Michel THOMAS, Président du GIQAE, rappelle que sur la manière de traiter les problèmes au sein du S3PI et de la Commission Technique Eau, l’important est de définir les grands points qui seront travaillés régulièrement. Deux ou trois idées fortes doivent être dégagées pour une première période d’un an afin qu’il y ait au moins quelques éléments de résultats qui puissent être apportés.
Monsieur Jacques SWITALSKI, Président de l’association Noeux Environnement, intervient sur les eaux de surface. Les industriels sont en général bien suivis par la DRIRE. Au travers d’études toxicologiques et écotoxicologiques, on s’aperçoit que la pollution est surtout d’origine urbaine. L’Agence de l’Eau a un programme pour le raccordement à l’assainissement. Mais il y a un effort possible, car les industriels ne sont qu’une partie de la pollution des eaux de surface. Apparemment il existe beaucoup d’informations, il faudrait donc les clarifier et les classifier dans le but de pouvoir avancer. Dans les propositions d’objectifs, il est proposé pour les eaux de surface que les points de contrôle et le nombre de paramètres mesurés soient augmentés sur les petits cours d’eau. Il faudrait bien identifier ces cours d’eau et les paramètres.
Madame Blanche CASTELAIN souhaite que pour les eaux de surface, les rejets soient bien répertoriés.
Monsieur le Président rappelle que toutes les interventions vont dans la même direction : un souci d’action, d’information. L’objet, aujourd’hui, au travers des différents thèmes qui ont été développés, est aussi d’identifier les axes prioritaires pour l’année 2000. On ne peut pas tout évoquer en même temps.
Monsieur Bertrand SIX, de la Fédération Nord Nature, intervient à propos de l’information du Grand Public. Il a été noté que les industriels font beaucoup d’efforts et que le problème de la pollution est essentiellement au niveau des collectivités. C’est un problème de citoyenneté : ne pas rejeter n’importe quoi n’importe où. Les actions ne peuvent elles pas aller dans ce sens avec une mise à la portée du Grand Public ?
Madame Blanche CASTELAIN ajoute que ce n’est pas simplement une affaire de citoyenneté, elle signale qu’elle est riveraine d’une rue non raccordée au réseau d’assainissement.
Monsieur Bernard RAMACKERS explique que dans les différentes commissions, on parle de problèmes généraux en oubliant parfois le dernier I de S3PI qui signifie Industriel. Il est toujours intéressant de voir les efforts de chacun, mais il faut essayer de rester au maximum sur le côté industriel. Cela ne veut pas dire que la commission ne sera pas amenée à visiter quelques stations d’épuration urbaine, ou à examiner les efforts de chacun qu’il reste à faire sur certains cours d’eau.
Monsieur Pierre LEMAIRE, Président de Chlorophylle Environnement, intervient sur le thème de l’information. Elle ne passe pas très bien. Il y a beaucoup de pollutions qui sont difficilement mises à la connaissance du Grand Public. C’est regrettable et cela doit changer. Si on met en place le S3PI, c’est aussi pour que l’information passe et qu’elle passe autrement. Par exemple, en cas de forte pollution au niveau du canal de la Deule, est il possible de connaître les analyses qui ont été faites par l’Agence de l’Eau ou d’autres, peut on connaître quels sont les polluants qui sont dans cette partie du canal de la Deule ? Pour les boues de station, ne pourrait on pas essayer de les stocker ailleurs plutôt que les épandre dans les terrains de culture ?
Monsieur le Président note que le S3PI a bien un rôle d’information. Avant de lancer cette information au Grand Public, il faut savoir quel type d’information, quelle est la bonne information que l’on souhaite tous ensemble mettre à disposition du Grand Public. Pour les boues, on revient à la participation avec d’autres commissions pour savoir quel est l’acceptibilité pour ce déchet car c’est d’un déchet dont il s’agit. Quel est effectivement la meilleure des boues d’épuration en fonction de leurs origines ?
Monsieur Bernard RAMACKERS relie cette intervention avec celle de Madame Blanche CASTELAIN. Quand il y a un incident, il est bon de décortiquer, de savoir effectivement ce qu’il s’est passé et d’avoir un retour d’expérience. Il est vrai qu’aujourd’hui l’information ne circule peut être pas suffisamment et que le S3PI est justement une des possibilités de mieux faire connaître ce qui s’est passé et les différentes dispositions qui sont prises pour que cela ne se reproduise plus.
Monsieur Raphaël DESROUSSEAUX, membre professionnel de la Chambre d’Agriculture, remarque que les boues de stations d’épuration sont un sujet sensible pour la Chambre d’Agriculture. Le SATEGE siège à la Chambre d’Agriculture. Les études qui seront faites permettront l’épandage sur les terres à condition bien sûr de respecter tous les zonages. Le problème des métaux lourds peut être, selon les connaissances actuelles, résolu (peut être pas à court terme). Le SATEGE ne suivra pas que les métaux lourds et essayera d’aller plus loin, de telle sorte qu’à l’avenir les boues de station puissent être épandues sans qu’il y ait risque pour l’homme consommant les produits du monde agricole. Il est important qu’il existe une cohérence, une corrélation entre le S3PI, l’Agence de l’Eau et le Conseil Général qui a aussi des idées sur la protection de l’eau.
A la suite du tour de table, Monsieur François VANDENBON, Ingénieur de la DRIRE détaché au S3PI, synthétise, à l’invite de Monsieur le Président, les priorités qui viennent de ressortir :
– Une thématique protection des captages d’eau potable
– L’information communication avec la présentation de cas concernant les pollutions accidentelles (présentations de cas, les mesures mises en ’uvre, les enseignements tirés, les retours d’expérience)
– La connaissance la plus fine possible des ressources en eau
– La définition d’outils de communication envers le grand Public
– L’épandage des boues (eaux résiduaires et boues de stations)
Monsieur Michel THOMAS insiste sur l’aspect habituel des travaux d’une assemblée comme la commission technique eau du S3PI : la bonne connaissance du ou des problème(s). Avons nous dans notre éventail d’actions à entreprendre quelque chose qui nous permette de préparer des actions en profondeur ? Avons nous la connaissance suffisante de l’étendue du problème ? Ainsi on vient de parler des eaux de surface. Sommes nous capables aujourd’hui de dire si notre action doit se porter sur les eaux de surface parce que la situation est gravissime, parce qu’elle est moyenne ou parce que finalement il y a un autre problème qui est plus urgent ? C’est donc le problème de la gradation. Peut on avoir une carte qui nous aide à prendre la décision de nous investir dans telle ou telle zone ?
Monsieur le Président rappelle que le souhait de la commission est de savoir si ces sujets correspondent à nos préoccupations.
Concernant les ressources, Monsieur Rainer FLÖRKE, Chargé de mission à la Communauté du Bruaysis, note qu’il est aussi important de voir où peut être utilisée l’eau de qualité non potable pour allonger la durée de vie de cette ressource.
Monsieur le Président précise, qu’avant de lancer quelque étude que ce soit, il y a autour de la table bon nombre d’organismes qui ont énormément d’informations. Notre souci est de mieux les centraliser, les appréhender de manière à ce que l’on puisse les présenter, les partager ensemble et de voir, si au travers de ces informations déjà existantes, un besoin spécifique se faisait sentir.
Monsieur Bernard RAMACKERS précise à son tour que l’un des objectifs du S3PI n’est pas de refaire des études que d’autres ont déjà fait. Un des objectifs effectivement, c’est de réunir les différents acteurs, que les différents acteurs se connaissent et ensuite de partager les connaissances d’études qui sont déjà faites.
Monsieur Jacques GOHIER intervient sur le problème des industriels de l’éléctro-ménager qui devraient être incités à indiquer sur leur produit la consommation d’eau et à trouver des systèmes pour consommer moins d’eau. Actuellement, on a les consommations électriques mais pas les consommations d’eau.
Monsieur le Président conclue cette première partie et propose à Monsieur BERNARD d’intervenir pour ouvrir la deuxième partie.
Exposé de Monsieur Daniel BERNARD de l’Agence de l’Eau Artois Picardie
L’exposé porte sur les ressources en eau et en particulier les ressources en eaux souterraines.
Dans l’Artois, région très importante concernant les eaux souterraines, on ne peut approcher ce problème en éliminant ce qu’il l’entoure, et donc l’étendre à l’ensemble du territoire régional.
– Comme on parle de sous-sol, il est bon de commencer par une carte géologique. La carte géologique du Nord Pas de Calais montre que la craie est très présente dans le Nord Pas-de-Calais, plus particulièrement dans l’Artois, mais pas dans la Flandre maritime.
– Une coupe géologique schématique du Sud au Nord fait apparaître tout d’abord la surface des terrains du crétacé (de la craie) puis des terrains argileux ou tertiaires. Elle illustre la position des éléments importants. Au centre de la figure, symbolisé par cet ensemble de traits, les failles qui provoquent les escarpements bien connus au niveau de Noeux les Mines. Dans la plaine du bassin minier du Pas-de-Calais et plus au Nord, la craie s’enfonce sous les terrains du tertiaire. La craie est un matériau important au niveau ressource puisqu’elle recèle de l’eau de manière importante. Cette eau est d’ailleurs depuis longtemps exploitée par les industriels pour les besoins d’eau potable et plus récemment pour l’agriculture, notamment l’irrigation. Dans le bassin minier, la nappe de la craie est située au dessus des gisements de houille. D’où le travail d’étanchéification des puits afin que les mineurs puissent travailler sans risques. Les écoulements se font du Sud vers le Nord et ces écoulements se font sous des friches, des habitations anciennes ; la nappe s’enfonce sous les argiles et il est signalé un front de dénitrification une fois que l’eau se trouve piégée sous les argiles. Ce phénomène est connu depuis une quinzaine d’années. Il s’agit d’une faculté d’auto-épuration de la nappe à la faveur de la semi-disparition de l’oxygène dans l’eau ; des bactéries se nourrissent alors du carbone assimilable et prennent leur oxygène sur la molécule nitrate. Les nitrates sont détruits et disparaissent sous forme d’azote (gaz), ce qui est donc une réaction tout à fait propre. C’est la même réaction qui est utilisée dans les stations d’épuration nouvelles qui sont des stations biologiques. C’est un phénomène bien connu qui a la chance de se trouver à l’état naturel et qu’il est important de conserver.
– La ressource en eau est constituée par cette épaisse couche de craie remplie d’eau. Le problème est que ce remplissage s’effectue avec une oscillation saisonnière. La difficulté est d’apprécier ce genre d’évolution. Au niveau exploitation de cette nappe particulière qui se trouve en captivité, on retrouve la superposition de la nappe dite captive (piégée sous les argiles), l’argile de Louvil et la nappe des sables (eau contenue dans les sables). Souvent, des forages traversent la couche argilo-sableuse pour atteindre nappe de la craie. Après forage, l’eau remonte dans le tubage (l’artésianisme est une forme de mise en pression de l’eau) par pompage. Le niveau va baisser en fonction du débit que la nappe autorise. L’artésianisme diminue, il arrive qu’il soit jaillissant (un écoulement naturel). Les puits sont en général étanches au niveau de leur tubage de façon à éviter la communication entre les nappes. Ceci est important pour deux raisons :
– si l’étanchéité est correctement réalisée, on s’affranchit de l’infiltration de l’eau de surface qui peut provenir de ruissellements parasites et ainsi conserver la qualité de l’eau captée,
– on s’affranchit des communications entre une nappe des sables qui a une qualité chimique pas toujours compatible avec ce que l’on attend d’une eau potable.
Le phénomène de recharge de la nappe est un phénomène saisonnier. L’eau souterraine est une ressource en eau qui se renouvelle régulièrement avec un certain délai. Il s’agit de ne pas exploiter plus que la nature ne peut offrir.
– La répartition pluviométrique donne l’épaisseur de la nappe d’eau sur un an dans le bassin Artois Picardie. Plus la couleur est sombre, plus la lame d’eau est importante. Sur les collines du boulonnais, il tombe chaque année en moyenne un mètre d’eau par an. C’est très important et c’est dû à la proximité de la mer et à la présence des premiers reliefs. Dans le secteur central, la pluviométrie descend à 600 mm. Il y a inégalité devant la ressource en eau ; dans certains secteurs, il pleut plus qu’ailleurs, la recharge de la nappe va certainement être plus importante dans le secteur boulonnais. Mais la pluie n’arrive pas forcément au niveau des eaux souterraines ni même des eaux de surface et ce qui compte est la pluie efficace. La pluie efficace est en fait une lame d’eau qui est calculée à par rapport à ce que les plantes vont absorber ou ce que le soleil va évaporer. Dans la zone du boulonnais, la lame d’eau efficace descend à 300 mm. On est passé de un mètre à 300 mm. Tout le reste a été évacué et est retourné dans l’atmosphère. Secteur d’Arras ? Douai qui déjà n’avait peu d’eau pluviale, la lame descend à 100 mm (relativement faible).
C’est un des facteurs surveillé dans le cadre de la gestion du bassin Artois ? Picardie.
– L’histogramme représente sur deux ans (1994 et 1995)l’évolution. L’évolution de la nappe va remonter mais en décalage de un à trois mois par rapport au pic de pluie efficace en fonction de la profondeur de la nappe ; il consacre en fait un effet piston. L’eau qui va pénétrer dans le sol, ce sol va se voir saturer localement avant que cette eau s’écoule gravitairement vers le bas. Plus il y a de pluie, plus la pénétration d’eau va être importante. Il y a un décalage de ce que l’on peut observer dans des rivières qui n’ont aucune relation avec l’eau souterraine. Dans les secteurs où l’eau efficace va rejoindre les nappes, la ressource va être maximale deux à trois mois après. Il y a donc un décalage de disponibilité de l’eau selon que l’on est dans une région où la relation de la rivière est importante ou si elle n’existe pas.
– Le phénomène d’empiétement des lames d’eau va prédisposer à l’infiltration. La première année, l’eau efficace va directement pénétrer dans le sol. On peut supposer que l’année suivante, la pluie efficace soit très faible, voire absente. Il est arrivé dans les années 1990 qu’il n’y ait pas de pluie efficace. Plus récemment en 1996, il n’y a pas eu de pluie efficace. A ce moment là, la lame d’eau reste suspendue dans le sous-sol et même diminue puisqu’il y a eu une évapo-transpiration majoritaire. Lors des années successives particulièrement pluvieuses, l’empilement de lames d’eau va les pousser les unes sur les autres, la plus ancienne mettant plusieurs années pour arriver à la nappe. Il s’agit ici des molécules d’eau, pas de la pression. Les vitesses d’infiltration de l’eau sont mesurables, dans la craie, la progression d’une molécule d’eau est de 0,5 mètre à un mètre par an, parfois plus en raison d’une structure différente qui serait plus assimilable à une structure fracturée que l’on peut trouver dans certaines zones du Sud-Ouest de la France. Dans ce cas, même si la nappe est profonde, la communication se fait très rapidement. La nappe se trouve à dix mètres, l’eau met dix ans pour se retrouver en profondeur dans la nappe. S’il survient une pollution ou en cas d’épandage, cette pollution va subir les pressions du lessivage tout d’abord puis les pressions successives des lames d’eau qui vont la pousser en profondeur en même temps qu’elle va se diffuser dans le sous-sol pour arriver à la nappe. Cela impose une démarche de surveillance, notamment lors d’accidents de pollution, et aussi pour certaines friches industrielles. La démarche consiste alors à étudier ce qui se passe sur la totalité de la tranche de sol qui se trouve entre la surface et la nappe sans attendre que la pollution soit dans la nappe pour faire quelque chose, encore faut il pouvoir faire quelque chose. Précisons que lorsque ce genre de pollution se trouve dans la nappe, techniquement il y a peu à faire. On attend une certaine auto-épuration de l’eau, comme pour l’Azote, possible pour certaines molécules organiques mais malheureusement pas pour les molécules minérales qui ne sont pas attaquées par les processus naturels.
– Le graphique de l’évolution piézométrique d’un piézométre situé dans le nord d’Arras, à Tincques montre en mars 1995, un pic de hautes eaux qui n’avait jamais été observé pendant 100 ans qui a été suivi deux années après par un événement d’étiage qui là n’a pas été extrême. En deux années, il s’est produit deux événements de récurrence centennale. Quand on parle d’eau souterraine, il est impossible de classifier, d’analyser avec la statistique la récurrence d’un phénomène, on l’observe. Ce graphique est le résultat d’un réseau de mesures qui est financé et révisé par l’Agence de l’Eau. Le graphique est consultable sur le site Internet. Plusieurs informations utiles concernant les piézométres : les coordonnées Lambert qui permettent un positionnement sur les cartes et les niveaux de la nappe. On peut ainsi suivre l’état de remplissage de la nappe.
– L’état de recharge des nappes d’eau souterraine au 31/08/1992 montre que la nappe était à peine à 15% de remplissage proche des limites connues d’étiage. A cette époque, des collectivités ont connu des ruptures d’alimentation en eau potable puisque les puits étaient souvent secs (la pompe n’arrivait plus à remonter d’eau). Cela s’est notamment déroulé dans l’Artois et dans le secteur entre le bassin versant de la Canche et l’Authie et celui du bassin versant de la Lys et de l’Aa.
– La situation du niveau des principales nappes d’eau souterraine en hautes eaux de janvier à mars 1995 révèle qu’en mars 1995, le remplissage était analogue à un débordement. La ? baignoire ? de craie débordait. Dans le secteur de Tincques, les champs étaient transformés en piscine, l’eau coulait directement du champ et était transformée en source avec des débits très importants de l’ordre de 150 à 200 m3/heure. C’était réellement un débordement de la nappe avec bien sûr pas de difficultés d’approvisionnement d’eau.
– La carte piézométrique en étiage moyen de la nappe de craie précise le niveau bas de la nappe.
– L’organisation de la gestion de l’eau se base sur les différentes nappes rencontrées en Artois ? Picardie : la nappe de la craie, les nappes des sables, les nappes de calcaire du Boulonnais et de l’Avesnois et la nappe profonde des sables dans les Flandres. Les bassins versants sont identifiés par un code permettant de les reconnaître et toutes les données recueillies peuvent être synthétisées et examinées par morceau de bassin versant.
– Le bassin Artois ? Picardie comprend près de 1300 captages d’eau potable avec des zones dans lesquelles leur nombre est plus important. En effet, la nappe de la craie fournit relativement facilement de l’eau donc les collectivités sont allées au plus proche. Elles ont implanté des captages dès que l’alimentation d’eau potable était créée sur une commune. Il en résulte une certaine dispersion des points de captage. Par contre, certaines collectivités (notamment les collectivités qui ne disposaient pas de ressources en eau) se sont organisées en syndicats. C’est la raison pour laquelle le SIDEN (dans le département du Nord) va distribuer l’eau avec des réseaux d’alimentation en allant chercher l’eau où elle est le plus proche.
– Dans les zones de protection réglementaires des champs captant s’exercent des contraintes d’aménagement et des servitudes. Au niveau de l’adéquation ressources / consommations, la situation actuelle est variable. Dans les secteurs de Dunkerque et Lille, la ressource en eau suffit juste à la consommation maximale et cette eau provient de ressources externes. Dans le bassin minier du Pas-de-Calais, certaines collectivités cherchent actuellement des ressources en eau de meilleure qualité et de préférence le plus proche possible des lieux de distribution (exemple de la problématique Béthune ? Lens).
– L’évolution des prélèvements d’eau souterraine dans le bassin Artois ? Picardie révèle globalement une baisse des prélèvements. Cela est du à la baisse importante des prélèvements industriels soit par suppression de grosses consommations (textile, sidérurgie) soit par économies réalisées dans le cadre de procédés de technologie propre. Après une phase d’augmentation pour l’eau potable, on constate une relative stagnation due à l’augmentation de la facture d’eau depuis 1992 qui résulte aussi du changement de la méthode de comptabilité publique pour les collectivités. En effet, tous les investissements réalisés dans le cadre d’eau potable sont imputés sur la facture d’eau. Certaines collectivités ont dû répercuter d’anciens emprunts et les amortir sur les factures d’eau ce qui a provoqué des montées de prix quasiment insupportables dans certains cas. Depuis 1993, on observe une montée importante des besoins d’eau d’irrigation : 30 millions de m3 pour l’ensemble du bassin Artois ? Picardie. L’eau potable représente un volume de 250 millions de m3 et 110 à 120 millions de m3 pour l’eau industrielle.